Alain Juppé était l'invité exceptionnel d'Europe 1 jeudi soir. 1:56
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Léa Leostic , modifié à
Alain Juppé était l’invité exceptionnel d’Europe 1 jeudi pour évoquer son souvenir de Jacques Chirac, près d'un an après la mort de l'ancien Président de la République. Il est notamment revenu sur la phrase polémique, "le bruit et l’odeur". Mais pour Alain Juppé, ce n’était pas une erreur, mais une vérité.
INTERVIEW

C'est une phrase prononcée par Jacques Chirac qui avait fait polémique : "le bruit et l'odeur", le 19 juin 1991. Il est alors président du RPR et participe à Orléans à un débat avec des militants de son parti. "Le travailleur qui habite à la Goutte-d'Or et travaille avec sa femme pour gagner environ 15 000 francs. […] Sur son palier d'HLM, ledit travailleur voit une famille entassée avec le père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, qui touche 50.000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler. […] Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, le travailleur français, sur le palier, il devient fou", avait-il lâché, avant de regretter cette sortie. 

"C'était une vérité"

"Il m’arrive d'être en désaccord avec Jacques Chirac. Je ne pense pas que c'était une bêtise, c’était une vérité", a déclaré Alain Juppé au micro d'Europe 1 jeudi soir. "Il faut voir dans quel contexte il l’a dit. C’était après avoir visité avec moi le quartier de la Goutte d’Or, à Paris. C’était un quartier extraordinairement difficile, et il l’est toujours, avec des problèmes de sécurité de drogue. La réalité que décrit Jacques Chirac, c’était bien la réalité. A ce moment-là, soit on se voile la face, soit on regarde la réalité en face. Il y a ensuite deux attitudes possibles : la stigmatisation, ou bien on essaie de faire changer les choses", a poursuivi Alain Juppé, désormais membre du Conseil constitutionnel français.

"Allergique à toutes les formes de racisme"

"On a profondément investi dans ce quartier pour rénover l’habitat, créer des équipements publics", a-t-il ajouté. Alain Juppé, ancien Premier ministre (1995-97), a été l’un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac. "Il a toujours été totalement allergique à toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. C’est la raison pour laquelle il a toujours tenu bon, et ça nous a parfois coûté cher, pour refuser toute alliance avec le parti de Jean-Marie Le Pen, alors que dans notre parti il y avait quelques hésitations à ce sujet", a-t-il conclu sur le sujet.