Harcèlement sexuel en politique : Marlène Schiappa ne veut "rien laisser passer"

La secrétaire d'État avait eu une vive interpellation avec le député LR Fabien Di Filippo lors des débats sur le projet de loi sur les violences sexuelles.
La secrétaire d'État avait eu une vive interpellation avec le député LR Fabien Di Filippo lors des débats sur le projet de loi sur les violences sexuelles. © CHRISTOPHE SIMON / AFP
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La secrétaire d'État Marlène Schiappa raconte au "Journal du Dimanche" des cas de harcèlement sexuel et de misogynie survenus dans la vie politique française. 

Le mouvement #MeToo a trouvé écho jusque dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Des affiches rappellent désormais les règles de droit sur le harcèlement sexuel, et indiquent aux victimes les numéros à contacter. Pour Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, il y a eu un avant et un après l’affaire Weinstein dans la vie politique française. "Avec #MeToo et #Balancetonporc, il y a une crainte de la sanction qui peut freiner le passage à l’acte", affirme-t-elle au Journal du Dimanche.

"On ne fait jamais ça à un ministre". "Cela ne veut pas dire que tout harcèlement sexuel a disparu. Beaucoup d’hommes de pouvoir ne comprennent pas qu’on ne leur reproche pas d’être séducteurs, mais de harceler sexuellement", ajoute Marlène Schiappa. La politique n’échappe pas en effet à la misogynie et au harcèlement sexuel. Dernière affaire en date : le député LFI Ugo Bernacilis a été accusé de mimer des gestes équivoques de câlins et de baisers forcés lors de l’intervention à l’Assemblée de la secrétaire d’État Brune Poirson. "C’est déplacé et sexiste. On ne fait jamais ça à un ministre. C’est ce que vivent des milliers de femmes au travail. Mon mot d’ordre est : ne rien laisser passer", accuse Marlène Schiappa. De son côté, le député LFI dément toute misogynie et assure qu’il voulait dénoncer la "câlinothérapie" du gouvernement.

Des commentaires sur les élues de l’hémicycle. Revenant sur sa vive interpellation du député LR Fabien Di Filippo lors des débats sur le projet de loi sur les violences sexuelles, au cours de laquelle elle avait pointé sa "misogynie crasse", Marlène Schiappa livre au JDD les dessous de sa colère. "J’ai vivement réagi parce que hors micro je l’avais entendu, avec d’autres députés LR, faire des commentaires sur des élues qui entraient dans l’hémicycle : 'elle est habillée comme un sac', 'voilà la plus jolie fleur', 'elle, elle est fanée'", révèle la secrétaire d’État.

Un protocole mis en place à LREM. Jusque dans les rangs de La République en marche, le harcèlement sexuel a été pris au sérieux, et un protocole a été mis en place. "L’idée est d’identifier dès maintenant les gens à contacter pour que tout soit déjà prêt en cas de harcèlement sexuel. Nous avons aussi dressé une liste pédagogique de ce qu’on peut faire ou non : vous pouvez avoir une relation avec quelqu’un, lui demander son numéro de téléphone, mais pas l’embrasser de force", détaille Marlène Schiappa. Mais loin de vouloir "interdire aux hommes et aux femmes de prendre l’ascenseur ensemble", la secrétaire d’État entend davantage faire de la pédagogie et des rappels à la loi.

Et Marlène Schiappa de rappeler que "ces faits subis par de nombreuses femmes concernent une minorité d’hommes" en politique. "J’ai rencontré plus d’hommes politiques qui n’ont jamais eu de comportements irrespectueux à l’égard des femmes que le contraire", nuance celle qui avoue n’avoir jamais été victime de harcèlement sexuel. Mais "des propos sexistes, des messages déplacés, oui."