Le remaniement se fait attendre

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Mardi, la démission en bloc du gouvernement pourrait être annoncée, suivie de la formation d'un nouveau gouvernement confiée par Emmanuel Macron à Edouard Philippe. © FRANCOIS GUILLOT / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Le flou persiste sur l'annonce du nouveau gouvernement. La démission attendue d'Edouard Philippe, le matin, n'a finalement pas eu lieu. 

Entretenant le flou sur l'ampleur du remaniement une semaine après la démission de Gérard Collomb, Emmanuel Macron et Edouard Philippe devaient en principe dévoiler mardi un nouveau gouvernement, avec lequel ils espèrent tourner la page d'une rentrée calamiteuse. Mais finalement, rien ne s'est passé comme prévu. Le Premier ministre est arrivé mardi matin vers 9 heures à l'Elysée, où il s'est entretenu avec le chef de l'Etat avant de repartir une heure et demi plus tard direction Matignon. Cependant, il n'a pas présenté sa démission lors de cette entrevue. Reste à savoir s'il le fera plus tard, ou pas du tout. Mercredi, un Conseil des ministres est bel et bien prévu. Après ce rendez-vous hebdomadaire, le chef de l'Etat Emmanuel Macron doit ensuite quitter Paris pour une visite en Arménie jusqu'à vendredi.

Les 3 informations essentielles à retenir :

  • Edouard Philippe, arrivé mardi matin à l'Élysée avant d'en repartir une heure et demi après, n'avait mardi soir pas présenté sa démission
  • Le remaniement semble donc en suspens et pourrait être reporté ou annoncé tard dans la soirée de mardi
  • Si cela dure, c'est qu'aucun nom ne parviendrait à faire l'unanimité pour remplacer Gérard Collomb au ministère de l'Intérieur

Le scénario a changé. D'aucuns attendaient mardi matin la démission d'Edouard Philippe. Cela ne s'est finalement pas produit. Arrivé vers 9h à l'Élysée, avant d'en repartir une heure et demi plus tard vers Matignon, le Premier ministre n'a a priori pas prévu de remettre sa démission à Emmanuel Macron. Conséquence : il n'y aura pas de déclaration de politique générale devant les députés. Notre éditorialiste politique Michaël Darmon y voit "une volonté de ne plus perdre de temps et de se remettre immédiatement au travail". Il n'est donc pas exclu que le remaniement ne soit dévoilé que mercredi. Voire plus tard...

Une attente qui met les nerfs de tous, notamment ceux de l'opposition, à rude épreuve. Lors de la séance des questions au gouvernement, mardi à 15 heures à l'Assemblée, le chef de file des députés LR Christian Jacob s'est agacé. "Le président a perdu son autorité, son crédit. Vous êtes aujourd'hui incapables de proposer un gouvernement crédible à la France tant c'est le vide autour de vous. Jusqu'à quand cette mascarade va-t-elle continuer ?", a-t-il demandé à Edouard Philippe. Lequel s'est contenté de pointer la "fébrilité" de son adversaire, tout en assurant qu'il n'y avait au gouvernement "aucune impatience". Les choses pourraient donc durer.

Un "nouveau souffle". Ce remaniement a été imposé à l'exécutif par la démission soudaine, le 2 octobre, du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, décidé à quitter Paris pour retrouver son fauteuil de maire de Lyon, après plusieurs désaccords sur l'immigration ou encore l'affaire Benalla.

Sous le choc du second départ d'un ministre d'Etat, un mois après celui non moins retentissant de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron et Edouard Philippe, malmenés dans les sondages, veulent tenter de donner un "nouveau souffle" au quinquennat par un remaniement plus large, selon l'expression de Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale. L'exercice est rendu délicat par la volonté de l'exécutif de maintenir l'identité du "macronisme" qui repose sur l'équilibre femmes/hommes, société civile/partis, droite/gauche au sein du gouvernement.

Qui pour s'installer à l'Intérieur ? Pour remplacer Gérard Collomb, l'exécutif pourrait être tenté de faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer à l'Education. Ont ainsi été cités les noms du procureur de Paris François Molins (figure connue des Français depuis les attentats de 2015), de la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi, du maire de Prades dans les Pyrénées-Orientales Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée, ou de l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, un autre proche de Nicolas Sarkozy. Parmi les profils politiques, sont évoqués les noms de Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin.

Là où le bât blesse, c'est qu'aucun nom ne parvient à mettre tout le monde d'accord. Jean Castex ou Frédéric Péchenard sont jugés trop à droite par une partie de la macronie issue de la gauche. Si un tandem a un temps été envisagé entre Christophe Castaner et l'ancien patron de la police nationale, le premier s'y serait vigoureusement opposé, refusant un sarkozyste à ses côtés. C'est donc ce bras de fer en coulisses qui retarderait le remaniement.

Nyssen, Mézard et Travert, sortants ? Du côtés des sortants possibles, figurent Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture). Emmanuel Macron et Edouard Philippe pourraient aussi redessiner les contours de certains ministères, en particulier pour créer un ministère des Territoires sur fond de tensions avec les collectivités. 

Les centristes du MoDem pourraient récupérer quelques portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, pressenti pour l'agriculture, la Cohésion des territoires ou les relations avec le Parlement. Des surprises ne sont pas exclues, Emmanuel Macron n'aimant pas se laisser forcer la main par les commentateurs, selon un proche.