Emmanuel Macron a donné une interview de deux heures à TF1. 1:32
  • Copié
Solène Delinger avec AFP , modifié à
Emmanuel Macron était, ce mercredi, l'invité de TF1 pour une interview exceptionnelle de deux heures. Face aux journalistes Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin, le président de la République a évoqué le bilan de son quinquennat, notamment sa gestion des crises des Gilets jaunes et du Covid-19.  

Quelques jours après sa conférence de presse sur l'Europe, Emmanuel Macron reprend la parole. Le président de la République est revenu sur son bilan, sa gestion des crises des Gilets jaunes et du Covid-19, lors d'un long entretien diffusé ce mercredi sur TF1, enregistré le 12 décembre dernier. 

La vaccination des enfants "souhaitable" mais pas obligatoire

"Entre Noël et le jour de l'an, nous aurons dans nos services hospitaliers une très forte pression", a affirmé le président de la République, avant de rappeler que le virus "dictait le calendrier". Emmanuel Macron a aussi insisté sur la troisième dose du vaccin. Il a appelé les Français encore non vaccinés à se rendre au centre de vaccination. Le président a par ailleurs jugé "souhaitable" la vaccination des 5-11 ans, même s'il a indiqué qu'il s'agissait du "choix des parents". 

Au sujet de l'obligation vaccinale, Emmanuel Macron a estimé que "nous y étions quasiment". "C'est une hypothèse qui existe, quand on a déjà vacciné 90% de ceux qui y sont éligibles". 

Le président de la République pense avoir changé au cours de la crise sanitaire. Il a confié être "devenu plus sensible" aux inégalités. 

"Le quoi qu'il en coûte est bien là" 

Emmanuel Macron a rappelé les investissements consentis dans le cadre du Ségur de la Santé, ainsi que les aides octroyés aux entreprises suite au premier confinement. "Le résultat est là", a-t-il indiqué. "Nous avons aujourd'hui un taux de chômage qui est au plus depuis 15 ans". 

Emmanuel Macron regrette ses petites phrases

Suite à la diffusion d'images d'archives, le président de la République est revenu sur des petites phrases qui ont choqué les Français, comme "Je traverse la rue et je vous trouve un travail", lancé à un demandeur d'emploi. S'il a regretté que nous soyons dans une "société de la décontextualisation", Emmanuel Macron a reconnu qu'il avait "blessé les gens". "Je ne le referai plus", a-t-il promis. "Mais je garde la même volonté de bousculer les choses", a-t-il ajouté. 

Ironisant sur ce "truc incroyable" en France d'"adorer les mea culpa", il a même défendu certaines de ses formules passées, jugeant "injustes" les attaques qu'il a essuyé ensuite. Il est aussi revenu au passage sur une photo prise à Saint-Martin en 2018 après le passage de l'ouragan Irma, sur laquelle il apparaît aux côtés d'une jeune homme torse nu faisant un doigt d'honneur. Faisant valoir son goût pour aller "au contact, au coeur des problèmes", il a également reconnu qu'il fallait "protéger la fonction" de président de la République.

Président des riches ? 

Emmanuel Macron rejette cette image de "président des riches", dans laquelle "on veut l'enfermer". "Je sais d'où je viens", a insisté le président de la République. 

L'affaire Benalla n'est pas "une affaire d'Etat" 

"Alexandre Benalla n'a pas été protégé au-delà de ce qu'il devait l'être", a déclaré le président de la République au sujet de l'affaire Benalla. Selon lui, l'affaire a fait "pschitt", même si "cela a été un moment difficile". Alexandre Benalla, l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron, a été condamné début novembre pour des violences lors de la manifestation de la Fête internationale des travailleurs de 2018, à Paris. Il a été placé en garde à vue mardi 14 décembre dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption autour d’un contrat de sécurité signé entre l’oligarque russe Iskander Makhmudov et son ancien acolyte Vincent Crase.

Crise des Gilets jaunes

"Personne n'a vu cette crise venir", a reconnu Emmanuel Macron. Pour le président, la "révolution est possible" et doit se faire avec les gilets jaunes, "ces femmes et ces hommes qui ont dit 'vous ne nous reconnaissez pas'". "J'ai vu la violence absurde", a affirmé Emmanuel Macron, interrogé sur le saccage de l'Arc de Triomphe lors d'une manifestation de Gilets jaunes. "J'ai vu les esprits se dissoudre", a ajouté le président. "Dans une démocratie, on n'a pas le droit des discours de haine envers les dirigeants".

Sortie des régimes spéciaux

Emmanuel Macron a réitéré mercredi sa volonté d'aller "vers une sortie de ce qu'on appelle des régimes spéciaux" de retraites, tout en reconnaissant que les faire passer de 42 à un seul, comme il en avait l'intention initialement, est "trop anxiogène". "Il nous faut aller vers un système simplifié" avec "grosso modo trois grands régimes", pour la fonction publique, pour les salariés du privé et pour les indépendants, a-t-il exposé lors d'un entretien télévisé sur TF1 et LCI.

Nicolas Hulot : Macron n'a pas de "regrets"

Emmanuel Macron ne regrette pas d'avoir nommé Nicolas Hulot au gouvernement, mais se dit "intraitable" sur le sujet des violences faites aux femmes, en appelant à ce que "la justice puisse se faire de manière apaisée". Nicolas Hulot, alors ministre, avait fait l'objet d'accusations en 2018 d'agressions sexuelles. "Avec le Premier ministre de l'époque, nous avons vu Nicolas Hulot et il a nié avec beaucoup de force", a expliqué le chef de l'Etat, en rappelant que la plainte déposée "avait été classée".

"Il est resté ministre parce que, quel était l'autre choix que nous aurions pu faire?", a encore interrogé Emmanuel Macron. Le président de la République a affirmé être pour autant "intraitable" sur les violences faites aux femmes, "engagé sur ce sujet". "Il faut prendre très au sérieux ces accusations, il faut les instruire, il faut que la justice fasse son travail de révélation de la vérité et qu'après, les bonnes décisions soient prises", a-t-il encore considéré.

Pas encore candidat

Interrogé sur sa candidature ou non à la prochaine élection présidentielle, Emmanuel Macron est resté évasif, affirmant ne pas avoir encore pris sa décision.  Le chef de l'État a assuré ne pas être en campagne pour sa réélection en 2022 et a attaqué sa rivale Valérie Pécresse sur les baisses d'effectifs de fonctionnaires souhaitées par la candidate LR à la présidentielle. "Certains sont en campagne, mais votre serviteur : non", a-t-il affirmé, assurant toutefois que "d'évidence" il avait "de l'ambition pour notre pays, l'envie de faire" au-delà de la fin de son quinquennat prévue en avril. 

Relancé à plusieurs reprises sur son éventuelle candidature, il a déclaré avant de conclure cet entretien: "Il faut qu'en mon for intérieur, je consolide quelques éléments avant de vous donner une réponse sincère et ferme". "Mais au moment où nous nous parlons, je dois encore assumer la responsabilité qui est la mienne" face à la cinquième vague de Covid, a-t-il estimé. Et d'enchaîner: "Je ne suis pas aujourd'hui dans la situation de répondre à cette question à la fois compte tenu du pays (et) compte tenu de moi-même".