Attentat de Nice : cette fois, pas d'unité nationale

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François Hollande a appelé à la "cohésion nationale". Peine perdue. © ERIC GAILLARD / POOL / AFP
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R.D. avec Aurélie Herbemont et AFP , modifié à
Il n’aura fallu que quelques heures pour que la classe politique s’écharpe sur les attentats de Nice. Avec une surenchère de propositions sécuritaires.

Après les attentats de janvier 2015, l’unité nationale avait tenu dix jours. Après le 13-Novembre, un week-end. Cette fois, après l’attentat de Nice, les politiques n’ont attendu que quelques heures pour lancer petites phrases et grandes polémiques. L’opposition, surtout, s’est montrée particulièrement virulente à l’égard de François Hollande et du gouvernement. Après la tuerie de jeudi soir, c’est officiel : l’unité nationale et l’esprit du 11-Janvier vanté par le président de la République ont bel et bien disparu.

"Angélisme". L’un des plus durs à l’égard des autorités a été Alain Juppé, d’habitude connu pour sa modération. "Si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu", a lancé le maire de Bordeaux, candidat à la primaire les Républicains, sur RTL. François Fillon et Christian Estrosi ont eux dénoncé la fin de l'état d'urgence annoncée jeudi par le chef de l'Etat quelques heures seulement avant le drame. De nombreux autres membres de l’opposition ont mis en cause l’efficacité de l’opération Sentinelle et l’"angélisme" du gouvernement. Certes, les doutes et interrogations sont légitimes, mais le timing peut paraître douteux, alors que certaines familles sont toujours à la recherche de leurs proches.

Certains ont aussi très rapidement dénoncé le laxisme de l’exécutif face à l’islam radical. "La guerre contre le fléau du fondamentalisme islamiste n'a pas commencé, il est urgent maintenant de la déclarer", a lancé Marine Le Pen, la présidente du FN, alors même que les motivations du tueur de Nice restent floues. Et que depuis 18 mois, de nombreuses mesures, elles-mêmes souvent critiquées, ont été adoptées, telles que le renforcement des effectifs policiers et du renseignement, les pouvoirs renforcés d'enquête pour la police, l’ouverture prochaine de centres de déradicalisation djihadiste....

La riposte politique de Hollande. Depuis Nice, François Hollande a riposté en prévenant qu'il n'entendait pas s'"abaisser à je ne sais quelle outrance, excès". "C'est mon rôle, c'est ma responsabilité de ne pas me laisser détourner de l'engagement que j'ai pris au nom des Français de les protéger", a-t-il dit après s'être notamment rendu au chevet de plusieurs victimes de l'attentat. N’empêche. Le chef de l’Etat a tout de même glissé qu’il avait renforcé des effectifs de police qui "hélas avaient été dégradés dans le passé", dans une claire allusion au quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Lance-roquettes et état de siège. Au-delà des polémiques, les politiques se sont aussi livrés à une surenchère de propositions visant à éradiquer le terrorisme. Henri Guaino a ainsi regretté que les militaires chargés de la surveillance du territoire n’aient pas été équipés de… lance-roquettes. "On doit pouvoir stopper un camion qui ne répond pas aux sommations. Il suffit de mettre à l'entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquettes et il arrêtera le camion", a-t-il préconisé sur RTL. Frédéric Lefebvre, député des Français de l’étranger, a lui préconisé la mise en place de l’état de siège plutôt que de l’état d’urgence. En clair, que les pouvoirs de police et de sécurité soient transférés à l’armée. Enfin Jacques Myard, député LR candidat à la primaire, a listé huit propositions, parmi lesquelles l'interdiction totale du voile en France. Bref, de la pure politique, alors que les trois jours de deuil national n’ont même pas encore commencé.