Attentat de Nice : au moins 84 morts, dont "dix enfants ou adolescents"

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avec AFP , modifié à
Au moins 84 personnes qui assistaient au feu d'artifice du 14-Juillet ont été fauchées par un camion, jeudi soir à Nice. Le chauffeur a été abattu. Une perquisition a eu lieu à son domicile.

Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées jeudi soir dans un attentat à Nice, lorsqu'un camion a foncé sur la foule qui assistait au feu d'artifice du 14-Juillet sur la Promenade des Anglais. Cette attaque a fait au moins 84 morts selon un bilan provisoire qui pourrait encore évoluer. Trois jours de deuil national ont été décrétés. 

Les informations à retenir : 

- Un bilan provisoire fait état de 84 morts, dont dix enfants ou adolescents

- Le conducteur du camion est un Tunisien habitant à Nice. Il a été abattu par la police

- Le tueur était "totalement inconnu" des services de renseignement, a précisé le procureur de Paris

- Trois jours de deuil national ont été décrétés, a annoncé Manuel Valls

- François Hollande a annoncé le recours à la "réserve opérationnelle" et la prolongation de l'état d'urgence

  • LE BILAN

Au moins 84 morts. Vers 23 heures, un camion blanc a foncé sur la foule et roulé sur plus de 2 kilomètres sur la Promenade des Anglais, à Nice, juste après le feu d'artifice du 14-Juillet, auquel près de 30.000 ont assisté, selon la mairie de Nice. Selon un nouveau bilan de l'attaque, vendredi après-midi, au moins 84 personnes ont été tuées, dont des enfants, selon François Molins, procureur de la République de Paris. Par ailleurs, 52 personnes étaient encore en état d'urgence absolue, dont 25 étaient "toujours en réanimation". "Le bilan est bien sûr provisoire, il est amené à évoluer, à la hausse", a prévenu le magistrat.

"Dix enfants ou adolescents" parmi les victimes. Parmi les nombreux blessés transportés à l’hôpital, se trouvent de nombreux enfants, venus assister en famille au feu d'artifice. "Dix enfants ou adolescents" figurent même parmi les victimes, a précisé François Molins.

Des victimes de plusieurs nationalités. Parmi les 84 victimes figurent plusieurs personnes de nationalité étrangère, selon les ministère des Affaires étrangères concernés. Deux Américains, originaires du Texas, dont un enfant de 11 ans, ont trouvé la mort sur la Promenade des anglais, ainsi qu'une Suissesse de 54 ans, une Tunisienne et trois Allemands, un professeur et deux lycéennes. Une Russe, une Arménienne et un Ukrainien font également partie des victimes. Par ailleurs, le ministère belge des Affaires étrangères a indiqué être sans nouvelles d'une vingtaine de ressortissants. Parmi les dizaines de blessés enregistrés, figurent au moins un Britannique, selon Londres, et deux Roumains, actuellement hospitalisés, selon Bucarest.

  • LE FILM DE L'ATTAQUE

Selon le procureur de Paris, le camion a pénétré sur la Promenade des Anglais aux environs de 22h45, puis il a parcouru environ deux kilomètres, précisément du numéro 11 au numéro 147 de l'avenue, semant la mort dans son sillage. Le chauffeur a tiré à plusieurs reprises sur trois policiers, et est parvenu à franchir environ 300 mètres supplémentaires, avant d'être stoppé par de nouveaux tirs, nourris, de la police. 

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  • QUE SAIT-ON SUR LE CONDUCTEUR DU CAMION ? 

Le chauffeur abattu. Moins d'une heure après les faits, la préfecture des Alpes-Maritimes a évoqué un attentat. L'homme a tiré avec un pistolet avant d'être abattu, a-t-on appris vendredi matin. Il était également en en possession d'armes factices et d'une "grenade inopérante". Un important dispositif de sécurité a été délimité dans le centre de Nice, où de nombreuses ambulances, des membres des forces de l'ordre et des militaires se sont déployés. 

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Un Tunisien de 31 ans connu de la police. Selon les papiers d'identité retrouvés dans le camion, un document professionnel de chauffeur poids-lourd, le conducteur était un Tunisien de 31 ans, domicilié à Nice et qui bénéficiait d'une carte de séjour. Cet homme, qui a donc été formellement identifié, était déjà "connu des services de police et de justice pour des faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016", a souligné François Molins. En revanche, il était "totalement inconnu des services de renseignement, tant au niveau national qu'au niveau local, et n'avait jamais fait l'objet de la moindre fiche ni du moindre signalement de radicalisation", a précisé le procureur de Paris. Selon les informations d'Europe 1, l'homme a été placé sous contrôle judiciaire en début d'année, après une condamnation à six mois de prison avec sursis suite à une altercation après un accident de la circulation. Le mesure a pris fin en mars.

François Molins a également indiqué que l'enquête devrait déterminer les motivations du tueur. Mais, a-t-il précisé, "ce type d'action correspond très exactement aux appels permanents aux meurtres des ces organisations terroristes, tels qu'elles le prescrivent notamment dans leurs revues ou vidéos".

Une perquisition à son domicile. "Des investigations sont menées pour savoir si l'individu a agi seul ou s'il a bénéficié de complices qui auraient pris la fuite", a affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Une "grenade inopérante" et des "armes longues factices" ont été trouvées dans le camion. Une perquisition a eu lieu vers 9h30 en présence de membres du Raid lourdement armés. L'homme serait domicilié dans le quartier populaire de l'Ariane, situé au nord-est de Nice. L'ex-épouse du tueur a été placé en garde à vue vendredi après-midi.

Le camion loué en milieu de semaine. Le véhicule utilisé pour perpétrer la tuerie a été loué à Saint-Laurent-du-Var le 11 juillet. Selon un employé interrogé par Europe 1, l'homme est venu lui-même à l'agence pour louer ce camion frigorifique de 19 tonnes. Le camion aurait dû être restitué le 13 juillet.

  • UNE CELLULE PSYCHOLOGIQUE ET UN NUMÉRO D'INFORMATION 

Deux numéros d'urgence. Comme il l’avait fait lors des attentats du 13-Novembre, le réseau social Facebook a activé son dispositif Safety Check, qui permet à ses utilisateurs niçois de se signaler "en sécurité". Par ailleurs, sur Twitter, des internautes ont proposé d'accueillir les personnes qui ne pouvaient regagner leur domicile grâce au hashtag #PortesOuvertesNice. Une cellule psychologique a été mise en place au centre universitaire méditerranéen, ainsi qu'un numéro d'information : le 04 93 72 22 22. Le Centre hospitalier universitaire de Nice a déclenché le Plan Blanc. La cellule d'aide aux victimes du quai d'Orsay, déjà activée lors des attentats de 2015, est opérationnelle avec un numéro d'urgence. Il s'agit du 01 43 17 56 46

  • LES TÉMOIGNAGES

"Ce qui s’est passé ici est un véritable carnage". Encore choqué, Frédéric Michel, le correspondant d’Europe 1 à Nice, était présent sur la Promenade des Anglais à Nice, quelques minutes après qu’un camion a foncé dans la foule et tué des dizaines de personnes. "J’ai remonté 1,5 kilomètre la Promenade des Anglais où j’ai croisé des dizaines de corps, d’enfants, d’adultes. Il y avait beaucoup de familles rassemblées ici". 

Comme lui, de nombreux témoins ont assisté à des scènes d'horreur. "Tout d'un coup, on a entendu des grands cris, on n'a pas compris", raconte un témoin, joint par Europe 1. "Nous étions en bas, au bord de l'eau, et tout d'un coup, tout le monde s'est retourné et on a vu un gros camion blanc qui rentrait dans la foule, qui est monté sur le trottoir et qui écrasait tout le monde. Il y avait des gens qui volaient dans tous les sens, qui étaient expulsés de partout et il a continué, continué sa route presque jusqu'au bout de la Promenade, sans s'arrêter", poursuit-il.

"Les gens se sont mis à courir partout, ça criait, ça hurlait. Il y avait des scènes de panique générale et quand j'ai voulu retraverser pour rentrer chez moi, il y avait des morts partout, partout, partout, sur la chaussée, c'était une horreur", décrit ce témoin avec effroi.

  • LA RÉPONSE DES AUTORITÉS

Peu avant 4 heures, François Hollande s'est exprimé à la télévision, évoquant "une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié". "Nous devons tout faire pour que nous puissions lutter contre le fléau du terrorisme", a estimé le chef de l'Etat. Le président de la République a annoncé sa décision de prolonger l'état d'urgence et de faire appel à la "réserve opérationnelle"  - composée de volontaires avec ou sans expérience militaire - pour assurer la surveillance du territoire. "Nous allons encore renforcer notre action en Irak et en Syrie", a-t-il par ailleurs assuré, avant son arrivée à Nice, à 12h20, pour une visite qui le conduira notamment à la préfecture puis à l'hôpital Pasteur.

Par ailleurs, le Plan blanc, qui mobilise toutes les forces possibles dans les hôpitaux, et le Plan Orsec, qui doit permettre de gérer un très grand nombre de victimes, ont été déclenchés. Enfin l'opération Sentinelle de surveillance du territoire, et qui devait être allégée, va finalement être maintenue à son niveau le plus élevé, avec 10.000 militaires mobilisés. Enfin, le président de la République a décrété trois jours de deuil national à partir de samedi.

  • LES RÉACTIONS 

"Les terribles souvenirs du 13-Novembre. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé que les drapeaux des bâtiments parisiens seraient mis en berne vendredi matin, en hommage aux victimes de l'attaque. "Cet acte barbare a frappé aveuglément des innocents, réunis sur la promenade des Anglais pour célébrer notre fête nationale et les valeurs fondatrices de notre République", a indiqué l'élue, pour qui "l'ampleur de ce drame ravive en nous les terribles souvenirs du 13-Novembre". La Tour Eiffel sera illuminée en bleu blanc rouge à partir de vendredi soir pendant les trois jours de deuil national.

Le Premier ministre Manuel Valls a également exprimé sa "douleur" sur Twitter. Sur Twitter, le député et président du département des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti a fait part de son "immense émotion face à la terreur qui vient de frapper Nice et devant les très nombreuses victimes de cet attentat". 

Hommage sur le Tour de France. La 13e étape du Tour de France a été maintenue mais son caractère festif est suspendu suite à l'attentat, a annoncé vendredi matin son directeur Christian Prudhomme. La caravane publicitaire a été silencieuse sur le parcours du contre-la-montre entre Bourg-Saint-Andéol et la Caverne du Pont-d'Arc et une minute de silence a été observée sur le podium en signe de deuil. Par ailleurs, le dispositif de sécurité a été renforcé, entre Bourg-Saint-Andéol et la Caverne du Pont-d'Arc. Quelque 600 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés sur cette étape contre-la-montre.