A l’Assemblée nationale, la majorité LREM au garde à vous

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Antonin André
Les députés vont poursuivre l’examen de la loi d’habilitation sur les ordonnances visant à réformer le Code du travail. Avec une majorité au pas. 

A en croire l’opposition, les Marcheurs seraient des godillots. La critique est légitime, encore plus en plein examen de la loi d’habilitation sur les ordonnances visant à réformer plus rapidement le Code du travail.

Une majorité disciplinée et silencieuse. Comme un seul homme, 309 députés ont applaudi à 55 reprises le Premier ministre lors de son discours de politique générale, il y a quinze jours. Les mêmes 309 députés reprennent comme un seul homme les mêmes éléments de langages sur la loi travail : "libérer les énergies", "rompre avec les pratiques",… Et ces 309 députés de la majorité qui applaudissent encore la ministre du travail dès que les élus Insoumis ou FN donnent de la voix. Enfin, ces élus de La République en marche (LREM) gardent le silence devant les micros et caméras des journalistes pour éviter le mot de travers ou la question piège.

Une majorité godillot oui et alors ? Passée la minute de critique, on peut aussi constater que la majorité est écrasante et qu’elle est bien tenue. Les débats, les questions sont réglées en commission, en séminaire, les amendements à la virgule près sont ficelés à l’avance. Une fois dans l’hémicycle, l’armée des clones suscite souvent l’ironie et les moqueries de l’opposition, mais elle reste toute puissante.

Des méthodes d’entreprise appliquées à l’Assemblée. On retrouve d’ailleurs cette idée d’efficacité, de rapidité voulue par le Président pour mettre en œuvre les réformes, en transposant les méthodes de l’entreprise à l’Assemblée. Mais le risque c’est que le gouvernement se laisse endormir, encalminé dans le confort d’une assemblée pacifiée et à sa main, sans aucune opposition capable d’infléchir sa politique.

La colère de l’opposition ne s’est pas estompée. Croire que l’Assemblée nationale est le reflet fidèle de la toute-puissance d’En Marche dans le pays peut être dangereux. Et pour cause, n’oublions pas qu’Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle mais avec… 24% des suffrages exprimés. Il ne faut pas oublier les 21% de Marine Le Pen et les 19,5% de Jean-Luc Mélenchon. Cette France-là, divisée, désabusée, n’a pas disparu dans l’euphorie de la victoire. La colère ne s’est pas diluée dans la vague triomphante d’élections législatives marquées par une abstention record.

Attention au retour de bâton. Dans leurs premiers mots devant le Congrès et devant l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont d’ailleurs pris la précaution de rappeler qu’ils n’avaient pas oublié les conditions de leur arrivée au pouvoir. Ce ne doit pas être une simple formule sémantique. Cette France du 23 avril qui n’est pas représentée à l’Assemblée peut ressurgir à tout instant, dans la rue par exemple, si elle se sent un peu trop vite oubliée.