Canal+ : une vingtaine de départs au service des sports depuis l'affaire Thoen

25 journalistes au total seraient partis ou en train de le faire.
25 journalistes au total seraient partis ou en train de le faire. © Martin BUREAU / AFP
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Europe 1 avec AFP
Depuis l'éviction de Sébastien Thoen de l'antenne de Canal+ suite à un sketch parodiant l'heure des pros, émission phrase de Cnews, un total de 25 journalistes  ont quitté ou vont quitter la chaîne cryptée. Ces informations du site Les Jours ont été confirmées à l'AFP par des sources syndicales.

Licenciements, départs négociés, pigistes non rappelés... Une vingtaine de personnes travaillant au service des sports de Canal+ ont été poussées vers la sortie depuis le licenciement en novembre de l'humoriste Sébastien Thoen, a appris lundi l'AFP auprès de sources syndicales, confirmant une information du site Les Jours. Au total, selon le média en ligne, 25 personnes ont quitté ou vont quitter la chaîne cryptée, de leur plein gré ou pas. Contactée par l'AFP, la direction de Canal+ n'a pas souhaité commenter.

Trois pigistes licenciés dès février

Cette vague de départs témoigne du climat tendu au service des sports depuis l'affaire Sébastien Thoen. Ce chroniqueur a été renvoyé à l'automne 2020 pour un sketch parodiant "L'heure des pros", une émission de CNews, la chaîne info de Canal+, filiale du groupe Vivendi contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré.

Quelque 150 salariés ont à l'époque signé un texte de soutien à l'humoriste, dont 48 anonymement, un geste interprété comme un manque de loyauté par la direction. Trois pigistes signataires ont été licenciés mi-février, deux mois après le commentateur vedette Stéphane Guy, renvoyé, lui, pour avoir rendu hommage à Sébastien Thoen à l'antenne.

Plusieurs journalistes signataires de la tribune en soutien à l'humoriste

Les départs supplémentaires recensés par Les Jours incluent cinq journalistes, menacés de licenciement en avril, en lien avec leur signature de la pétition et/ou les fuites concernant le documentaire de Canal+ "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste", qui incriminait le chroniqueur maison Pierre Ménès, selon le syndicat +Libres (le syndicat majoritaire à Canal+). Parmi eux figurent Guillaume Priou, co-réalisateur du documentaire, et Solange Tricaud, membre de la Société des journalistes (SDJ) et élue du personnel (+Libres), dont le licenciement est suspendu à l'accord de l'inspection du travail.

Les départs comprennent deux autres signataires, les présentatrices Marie Portolano, recrutée par M6 cet hiver, et Laurie Delhostal. Et ceux, récemment annoncés, de Laurent Jaoui et Agathe Roussel, membres de la hiérarchie du service et non signataires.

"Une nouvelle organisation fin juin pour pallier" ces départs

Lors d'un CSE extraordinaire jeudi, la direction a annoncé "une nouvelle organisation fin juin pour pallier" ces départs, et l'acquisition de nouveaux droits TV la saison prochaine, a indiqué à l'AFP une source syndicale.

La direction a également précisé que l'enquête interne lancée à la suite de révélations sur des agissements pouvant être qualifiés d'agressions sexuelles de Pierre Ménès serait terminée fin juin, selon une autre source. Le chroniqueur vedette est absent de l'antenne depuis fin mars.

L'inspection du travail mène de son côté une enquête, après le déclenchement par des élus d'un double droit d'alerte pour "atteinte à la liberté individuelle" (en référence aux conséquences de la pétition) et "danger grave et imminent" (sur la dégradation des conditions de travail).