Washington travaille-t-il à un changement de régime à Téhéran ? "Non, mais..."

Les Iraniens "méritent une nation qui rende justice à leurs rêves", avait déclaré Donald Trump.
Les Iraniens "méritent une nation qui rende justice à leurs rêves", avait déclaré Donald Trump. © SAUL LOEB / AFP
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avec AFP
"Les Iraniens doivent choisir quel type de dirigeants ils veulent", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, en écho aux précédentes déclarations de Donald Trump.

"Les Iraniens doivent choisir quel type de dirigeants ils veulent" : la petite phrase du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a relancé les spéculations sur la volonté des Etats-Unis d’œuvrer à un changement de régime en Iran. "Au bout du compte, le peuple iranien devra faire un choix sur ses dirigeants", avait-il lancé lundi en dévoilant les conditions drastiques émises par Washington pour renouer avec Téhéran, assorties de la menace de sanctions "les plus fortes de l'histoire" et d'une "pression financière sans précédent sur le régime iranien".

Régime né en 1979. De nombreux experts y ont vu l'aveu d'une stratégie dont l'objectif final est d'aboutir à la chute du régime né de la Révolution islamique de 1979, à la suite de laquelle les relations américano-iraniennes ont été rompues. Une idée défendue par les milieux néoconservateurs et chargée en symboles aux Etats-Unis depuis l'intervention de 2003 en Irak pour renverser Saddam Hussein, aujourd'hui largement considérée comme une erreur, y compris par le président Donald Trump.

"Frustration croissante". Interrogée mardi, la porte-parole du département d'Etat Heather Nauert a d'abord nié que les Américains travaillent ouvertement à un changement de régime. Mais elle n'a pas caché qu'ils ne le verraient pas d'un mauvais œil. "Notre politique n'est pas le changement de régime. Mais si les Iraniens devaient décider, à un moment donné, d'exprimer leurs opinions, ce serait très bien", a-t-elle dit, évoquant la "frustration croissante" de la population iranienne qui "vit depuis bien trop longtemps sous un régime qui les maltraite".

"Faucons" à des postes-clefs. Le président Trump lui-même avait alimenté les interrogations le 8 mai, en estimant que les Iraniens "méritent une nation qui rende justice à leurs rêves". Et son avocat personnel Rudy Giuliani a récemment fait l'éloge devant des opposants iraniens en exil d'un président "dur" qui est "déterminé à aboutir à un changement de régime". Des experts notent d'ailleurs que Donald Trump a récemment nommé deux "faucons" à des postes-clés : Mike Pompeo aux Affaires étrangères et John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale, qui ont par le passé plaidé pour un changement de régime. "Je suis persuadé que le peuple d'Iran, quand il verra une autre voie où leur pays cesserait de se comporter de la sorte, choisira cette voie", a conclu mardi le secrétaire d'Etat.