Donald Trump annonce le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien

Le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien était l'une des promesses de campagne de Donald Trump.
Le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien était l'une des promesses de campagne de Donald Trump. © SAUL LOEB / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une allocution depuis la Maison-Blanche, le président américain a annoncé mardi que les États-Unis se retiraient de l'accord sur le nucléaire iranien.

Donald Trump a tranché. Dans une allocution depuis la Maison-Blanche, le président américain a annoncé mardi le retrait des États-Unis de l'accord "désastreux" sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions. Au risque d'ouvrir une période de vives tensions avec ses alliés européens et d'incertitudes quant aux ambitions atomiques de Téhéran.

Une promesse de campagne. Quinze mois après son arrivée au pouvoir, le 45ème président des États-Unis a décidé, comme il l'avait promis en campagne, de sortir de cet accord emblématique conclu en 2015 par son prédécesseur démocrate Barack Obama après 21 mois de négociations acharnées. "J'annonce aujourd'hui que les États-Unis vont se retirer de l'accord nucléaire iranien", a-t-il déclaré, annonçant le rétablissement des sanctions contre la République islamique qui avaient été levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran de ne pas se doter de l'arme nucléaire. Dénonçant avec force cet accord "désastreux", Donald Trump a assuré avoir la "preuve" que le régime iranien avait menti sur ses activités nucléaires.

Rétablissement des sanctions. Le locataire de la Maison-Blanche n'a donné aucune précision sur la nature des sanctions qui seraient rétablies et à quelle échéance mais il a mis en garde : "Nous allons instituer le plus haut niveau de sanctions économiques" et "tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les États-Unis".

Ce rétablissement des sanctions est effectif immédiatement pour les nouveaux contrats, a affirmé dans la foulée le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises étrangères auront quelques mois pour "sortir" d'Iran. Donald Trump "a dit que les sanctions allaient viser des secteurs critiques de l'économie de l'Iran. Les entreprises allemandes faisant des affaires en Iran devraient cesser leurs opérations immédiatement", a commenté sur Twitter le nouvel ambassadeur américain en Allemagne, Richard Grenell, qui a pris ses fonctions ce mardi.

L'Iran "mérite un meilleur gouvernement". Le président américain a aussi jugé que l'Iran méritait un "meilleur" gouvernement. "Le futur de l'Iran appartient à son peuple" et les Iraniens "méritent une nation qui rende justice à leurs rêves, qui honore leur histoire", a-t-il affirmé.

France, Allemagne et Royaume-Uni veulent préparer un nouvel accord. Le président français, Emmanuel Macron, a immédiatement réagi sur Twitter : "La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l’accord nucléaire iranien. Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu", a-t-il écrit. "Nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l’activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak". 

Rohani menace d'enrichir davantage l'uranium. Le président iranien Hassan Rohani a prévenu que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu'il a consenties sur ses activités d'enrichissement d'uranium, après la décision de Washington. "J'ai ordonné à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique de prendre les mesures nécessaires [...] pour qu'en cas de nécessité nous reprenions l'enrichissement industriel sans limite", a-t-il déclaré à la télévision iranienne. "Nous attendrons quelques semaines avant d'appliquer cette décision", en fonction du résultat des discussions entre Téhéran et les autres partenaires de l'accord, a-t-il ajouté. "Les États-Unis ont toujours montré qu'ils ne respectaient jamais leurs engagements", a-t-il encore accusé.

Trump soutenu par Israël et l'Arabie saoudite. Du côté des soutiens, Donald Trump peut compter, comme prévu sur Israël et l'Arabie saoudite. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit "soutenir totalement" la décision "courageuse" du président américain. Benjamin Netanyahu a rappelé s'être opposé à l'accord "depuis le début" parce que "non seulement cet accord ne bloque pas la voie de l'Iran vers la bombe, mais il lui ouvre la voie vers un arsenal complet de bombes nucléaires, et ceci en l'espace de quelques années". L'Arabie saoudite, elle, "soutient et salue" la décision de Trump. 

Obama dénonce une "grave erreur". Enfin, Barack Obama, très discret depuis son départ de la Maison-Blanche, est sorti du silence dans un communiqué au ton particulièrement ferme : "Je pense que la décision de mettre le JCPOA en danger sans aucune violation de l'accord de la part des Iraniens est une grave erreur," a indiqué l'ex-président américain.

 

Israël ordonne de préparer les abris antimissiles du Golan

Au moment où le président américain Donald Trump annonçait sa décision, l'armée israélienne a indiqué avoir demandé aux autorités locales du plateau du Golan occupé d'ouvrir et de préparer les abris antimissiles en raison "d'activités inhabituelles des forces iraniennes en Syrie", de l'autre côté de la ligne de démarcation. Israël a déployé des systèmes de défense et placé ses forces "en état d'alerte élevé face au risque d'une attaque", a dit l'armée israélienne, joignant à son communiqué une vidéo de batteries antimissiles en cours d'installation et d'appareils de guerre en phase de décollage et d'atterrissage, avec ce qui ressemble au Golan en toile de fond.