Au moins 25 personnes sont décédées lors d'une frappe contre une colonne de véhicules civils. 2:11
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 219ème jour de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a signé l'annexion de quatre territoires ukrainiens sous contrôle de Moscou, lors d'une cérémonie au Kremlin. Plus tôt, une frappe sur une colonne de véhicules civils a tué au moins 25 personnes dans le sud du pays, près de Zaporijia.
L'ESSENTIEL

Le président russe Vladimir Poutine a signé vendredi l'annexion de quatre territoires ukrainiens sous contrôle de Moscou, lors d'une cérémonie au Kremlin au cours de laquelle il a fustigé les Occidentaux et appelé l'Ukraine à déposer les armes. Dans la matinée, une frappe sur une colonne de véhicules civils a tué au moins 25 personnes dans le sud du pays, près de Zaporijia, au 219e jour de l'invasion russe.

Les informations à retenir :

  • Poutine signe l'annexion de quatre territoires ukrainiens après un discours
  • Près de 25 personnes ont perdu la vie dans une frappe près de Zaporijia
  • Les forces russes sont "partiellement encerclées" à Lyman
  • Le Conseil de sécurité vote ce vendredi une résolution condamnant les référendums en Ukraine

Poutine signe l'annexion de quatre régions ukrainiennes après les référendums

Vladimir Poutine est arrivé légèrement en retard dans la salle Saint-George du Kremlin pour son discours très attendu devant les membres du gouvernement, les députés, sénateurs et autres membres de l'élite politique russe, ainsi que des représentants religieux. Après un discours de moins d'une heure, Vladimir Poutine a signé les documents d'annexion aux côtés des dirigeants des régions séparatistes d'Ukraine de Donetsk et Lougansk (est) et de celles occupées par les troupes russes de Zaporijjia et de Kherson (sud).

Le président russe et les quatre dirigeants prorusses ont ensuite joint leurs mains avant de scander "Russie !" à l'unisson avec la salle, selon les images retransmises à la télévision. "Un véritable moment historique", a commenté le présentateur de la chaîne Rossiya 24.

Une longue critique contre l'Occident

Dans son discours, Vladimir Poutine a appelé Kiev à "cesser immédiatement les tirs, toutes les hostilités et à revenir à la table des négociations", malgré les récentes déconvenues des troupes de Moscou, dont une poche est depuis vendredi partiellement encerclée dans la ville stratégique de Lyman (est).

Il a également longuement dénoncé l'Occident, qu'il a accusé de vouloir à tout prix préserver un "système néocolonial qui lui permet de parasiter et, en réalité, de piller le monde entier". "Ils veulent nous voir comme une colonie", a-t-il encore fustigé. Il a aussi accusé les Anglo-Saxons d'être à l'origine des "explosions" qui ont provoqué des fuites sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, construits pour acheminer le gaz russe en Europe, une attaque qu'il avait déjà qualifié jeudi "d'acte de terrorisme international".

Balayant les critiques, Vladimir Poutine a assuré qu'il "n'aspirait pas" à restaurer l'URSS tout en lançant : "Les habitants de Lougansk et Donetsk, Kherson et Zaporijjia deviennent nos citoyens pour toujours".

Une annexion rejetée par l'Union européenne et Washington

Ces annexions interviennent après sept mois d'offensive russe en Ukraine et des "référendums" organisés en urgence dans les régions occupées, qui ont été dénoncés comme des "simulacres" par Kiev et ses alliés, qui ont juré de ne "jamais" en reconnaître les résultats. Signe de cette précipitation et d'une certaine désorganisation, le porte-parole du Kremlin a annoncé devoir "clarifier" si la Russie annexait la totalité des régions ukrainiennes de Kherson et de Zaporijjia ou uniquement les parties qu'elle occupe.

Les dirigeants des pays de l'UE ont publié vendredi une déclaration "rejetant" et "condamnant" cette "annexion illégale", accusant Moscou de mettre "la sécurité mondiale en danger".

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi imposer de nouvelles et "sévères" sanctions contre la Russie condamnant les annexions "frauduleuses" de territoires en Ukraine. Dans une sévère mise en garde, les Etats-Unis avertissent également qu'ils sanctionneront en accord avec les pays du G7 "tout pays, individu ou entité" qui fournirait un soutien politique ou économique aux tentatives de la Russie de s'emparer "illégalement" de territoires en Ukraine.

Zelensky demande l'accélération de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan

Le président Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi que l'Ukraine allait signer une demande d'adhésion accélérée à l'Otan, quelques minutes après que la Russie a formalisé l'annexion de quatre régions ukrainiennes. "Nous adoptons une mesure décisive en signant la candidature de l'Ukraine en vue d'une adhésion accélérée à l'Otan", a-t-il dit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Le chef de l'État ukrainien a également martelé qu'il ne négociera pas avec la Russie tant que Vladimir Poutine est au pouvoir, peu après que le dirigeant russe a demandé à l'Ukraine de déposer les armes. "L'Ukraine ne négociera pas avec la Russie tant que Poutine est le président de la Fédération de Russie. Nous négocierons avec le nouveau président", a-t-il dit, dans une vidéo en ligne, peu après que le Kremlin a formalisé l'annexion de quatre territoires ukrainiens.

Des festivités à Moscou ce vendredi

La capitale russe se prépare elle à des festivités vendredi, avec notamment un concert à l'ombre des murs du Kremlin, lors duquel Vladimir Poutine pourrait faire une apparition. Une foule de quelques milliers de personnes s'approchait en début de soirée de l'emblématique place Rouge avec des drapeaux russes, selon des journalistes de l'AFP.

"C'est formidable qu'ils aient été acceptés en Russie. Cela aurait dû être fait il y a longtemps, il y a huit ans, en fait", lors du premier conflit entre Kiev et les séparatistes prorusses, a déclaré à l'AFP Ildar Babaïev, 38 ans. Natalia Bodner, 37 ans, estime, elle, que "cela n'apportera rien dans nos vies".

Une résolution condamnant les référendums en Ukraine va être votée à l'ONU

Revendiquant son emprise sur ces territoires, la Russie, qui avait déjà annexé en 2014 la Crimée, péninsule du sud de l'Ukraine, a menacé de faire usage de l'arme nucléaire pour les défendre. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit voter vendredi sur une résolution condamnant ces "référendums".

Joe Biden jure de soutenir l'Ukraine 

Les Etats-Unis ont promis vendredi de défendre "chaque centimètre" du territoire de l'Otan après la déclaration d'annexion par la Russie de quatre régions en Ukraine, et imposé en représailles une nouvelle salve de sanctions contre Moscou tout en s'engageant à fournir à Kiev de nouvelles armes.

"L'Amérique et ses alliés ne se laisseront pas intimider" et le président russe Vladimir Poutine "ne nous effrayera pas", a affirmé Joe Biden lors d'un discours à la Maison Blanche. Le président américain s'est ensuite adressé directement à son homologue russe, pointant son doigt vers la caméra en le mettant en garde contre toute attaque des pays de l'Otan.

"L'Amérique et ses alliés sont tout à fait prêts à défendre chaque centimètre du territoire de l'Otan", a-t-il assuré. "Mr Poutine, comprenez bien ce que je dis: chaque centimètre", a-t-il poursuivi.  Evoquant une nouvelle aide de 12 milliards de dollars à l'Ukraine votée vendredi au Congrès américain, le président Biden a promis de "continuer à fournir des équipements militaires" au pays "pour qu'il puisse se défendre".

Son conseiller pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a d'ailleurs indiqué que Washington ferait "une annonce la semaine prochaine d'une assistance sécuritaire immédiate" en faveur de l'Ukraine, tout en rappelant que les Etats-Unis ont déjà promis une aide militaire massive dans la durée, dont 18 systèmes d'artillerie Himars qui doivent d'abord être fabriqués.

Risque nucléaire par "imminent"

Interrogé sur la menace nucléaire, Jake Sullivan a admis qu'il y avait "un risque, étant donné la légèreté et l'attitude guerrière avec laquelle Poutine en parle, qu'il envisage cela". "De la même manière, nous avons été très clairs sur ce que seraient les conséquences", a-t-il prévenu.

Mais, a-t-il encore dit, "nous ne voyons présentement pas d'indications d'un usage imminent d'armes nucléaires".

Près de 25 morts dans le sud de l'Ukraine lors d'une frappe sur une colonne de véhicules civils

Sur le front, les forces de Moscou étaient pourtant en difficulté à Lyman, important nœud ferroviaire dans l'Est qui est "partiellement encerclé" par les troupes ukrainiennes, selon le responsable séparatiste prorusse Denis Pouchiline. La matinée de vendredi a été endeuillée par une frappe russe particulièrement meurtrière sur une colonne de voitures de civils non loin de la limite entre la zone ukrainienne et la zone occupée de la région de Zaporijjia, l'un des quatre territoires devant être incorporés par Moscou.

Au moins 25 personnes ont été tués et 50 autres blessées dans cette frappe, selon le parquet ukrainien, les deux camps se rejetant la responsabilité du bombardement. Les journalistes de l'AFP sur place ont vu une quinzaine de voitures aux vitres soufflées et au moins trois cadavres de femmes au sol, des affaires dispersées à terre. La frappe a touché le parking d'un centre de transit pour déplacés, situé à une dizaine de mètres.

A deux kilomètres de la ville de Zaporijjia, sous contrôle ukrainien, et à quelques dizaines de kilomètres de la zone occupée par les Russes, les gens attendaient ici la permission pour retourner dans les territoires sous contrôle russe, une procédure qui prend du temps. Volodymyr Zelensky a traité la Russie de "terroriste" et de "racaille sanguinaire" après cette frappe.