Entre Marseille et Alger, peur des représailles et espoir d'un "moment historique" contre Bouteflika

STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Comme à Paris, dimanche (photo), des Algériens de France vont manifester à Marseille, vendredi. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Nathalie Chevance, à Marseille, édité par Thibaud Le Meneec
Dans la région de Marseille, où vivent environ 200.000 Algériens de France, on soupçonne le régime d'Abdelaziz Bouteflika de surveiller ses opposants avant la grande manifestation de vendredi contre lui.
REPORTAGE

C'est un 1er mars qui pourrait marquer un tournant dans la contestation envers Abdelaziz Bouteflika en Algérie : une grande journée de manifestations a lieu vendredi à travers tout le pays contre un cinquième mandat du président, au pouvoir depuis 1999. Un rassemblement aura aussi lieu à Marseille, où vivent environ 200.000 Algériens de France. 

Informations "filtrées". Alya Croussa, 56 ans, y sera. En attendant, celle qui se présente comme une militante d'opposition allume quotidiennement la télé et la radio algériennes. Mais ces derniers jours, elle n'arrive plus vraiment à savoir ce qu'il se passe de l'autre côté de la Méditerranée : "Il n'y a pas trop d'informations, c'est vraiment filtré. On dirait qu'ils font un déni", soupçonne-t-elle. "S'il n'y a pas les réseaux sociaux et si on ne connait pas quelqu'un en Algérie, on n'a pas d'informations."

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Elle cherche surtout à savoir comment va se dérouler la grande manifestation de vendredi dans la capitale du pays. Au bout du fil, Nadia, l'une de ses cousines, lui indique qu'elle ne défilera pas. "Certainement que je suis inquiète, car j'aimerais bien garder cette stabilité qui règne en ce moment", dit-elle. "Tout va bien pour le moment."

 

Ton prudent. Mais interrogée par Europe 1 sur sa volonté ou non de changement pour l'Algérie, elle botte en touche : "Euh, là, ça reste un peu personnel, je ne peux pas vous dire comme ça." Le ton est prudent. "Tu n'es pas obligée de répondre à la question !", la rassure Allia. Selon cette dernière, les Algériens ont peur des représailles en cas d'opinions formulées contre le régime d'Abdelaziz Bouteflika.

" Les gens ont peur de la série noire des années 1990 "

À Marseille, Allia espère elle un vrai tournant pour son pays : "Oui, c'est un moment historique mais on est assis sur une poudrière." Mais, insiste-t-elle, "les gens ont peur de la série noire des années 1990 et que le parti au pouvoir reste, donc il faut qu'on descende dans la rue pour dire non au cinquième mandat." C'est ce qu'elle fera vendredi, à 14 heures, alors que pour l'heure, les manifestations du côté Nord de la Méditerranée restent encore timides.