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Saïd Sali, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, estime sur Europe 1 que les manifestations contre le président Bouteflika n’en sont qu’à leurs débuts.
INTERVIEW

La contestation en Algérie peut-elle s’étendre ? Saïd Sali, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, estime que les manifestations contre le président Bouteflika n’en sont qu’à leurs débuts. "Pour la première fois, le peuple algérien s’est exprimé massivement dans la rue. Le peuple algérien a repris en main sa destinée et s’exprime pour sa dignité et pour ses droits… C’est quelque chose qui nous fait peur, nous défenseurs des droits humains, parce que nous assistons à un bras de fer qui ne fait que commencer", a-t-il déclaré sur Europe 1.

Au pouvoir depuis 1999, le président Bouteflika a mis fin récemment à de longs mois d'interrogations sur ses intentions en annonçant qu'il briguerait un nouveau mandat lors de la présidentielle du 18 avril.

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"Un pays bloqué et atrophié". Pour Saïd Sali, ces manifestations populaires, inédites depuis plusieurs années, ne visent pas que le président Bouteflika, mais plus globalement tout le système algérien. "Le problème n’est pas seulement la personne de Bouteflika, mais c'est un problème de gouvernance. Aujourd’hui, le pays est bloqué, atrophié et neutralisé. Les jeunes Algériens cherchent à s’exprimer et veulent prendre leur place. Le système actuel, avec la candidature du président malgré son état de maladie et d’incapacité, expose le pays à un danger imminent et certain", s’alarme le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme.

 

Abdelaziz Bouteflika, victime d’un AVC en 2013, est cloué sur un fauteuil roulant et n’apparaît que rarement en public. "Aujourd’hui, la candidature de Bouteflika ne rassure personne, y compris à l’intérieur du système. C’est une candidature dangereuse pour la stabilité du pays et la cohésion nationale."

"La gouvernement est mis devant ses responsabilités". Face à ces manifestations, le gouvernement a réagi par la voix du Premier ministre, qui a affirmé que "les urnes trancheront". Des appels au boycott du scrutin du 18 avril prochain commencent à fleurir sur les réseaux sociaux. "Le problème n’est pas seulement un boycott du vote ou un retrait du président. C’est un problème de système. Quel que soit l’issue des élections, ce sera un danger pour le pays", craint Saïd Sali.

"Nous sommes partisans que le gouvernement ouvre un dialogue et que ces élections soient repoussées, car aujourd’hui, il y a un danger imminent. Le gouvernement est mis devant ses responsabilités. Il y a une forte demande dans la rue qui s’exprime et qui grandit chaque jour. Mais nous avons vraiment peur de l’avenir."