Climat : les Fidji, au cœur d'une COP 23 plus politique que prévu

Samedi, des milliers de personnes ont défilé à Bonn pour réclamer des mesures plus fortes contre le réchauffement climatique.
Samedi, des milliers de personnes ont défilé à Bonn pour réclamer des mesures plus fortes contre le réchauffement climatique. © AFP
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avec AFP , modifié à
Pour la première fois depuis le retrait américain de l'accord de Paris, les délégations de 200 pays se retrouvent lundi à Bonn, en Allemagne, pour la 23e conférence climat de l'ONU. 

Il semble loin, le temps de l'euphorie, des attentes et des espoirs suscité par la signature de l'accord de Paris en 2015. Lundi, la 23e conférence climat de l'ONU (COP 23) s'ouvre à Bonn en présence d'un des plus gros pollueurs de la planète : les États-Unis. Organisée par les îles Fidji, la conférence se tiendra en Allemagne pour des raisons de logistique, l'archipel du Pacifique n'étant pas en mesure d'accueillir les délégués de près de 200 pays. Pour la première fois depuis l'annonce en juin par Donald Trump du retrait américain du pacte historique, les acteurs du climat vont se retrouver autour de la table pour tenter d'atteindre un objectif toujours plus difficile à tenir. 

2017, une année record en catastrophes naturelles. Avec son cortège de désastres climatiques (ouragans aux Antilles, feux d'une intensité inédite au Portugal ou en Californie, longue sécheresse en Afrique de l'est, etc.), l'année 2017 a fortement marqué les esprits et selon les scientifiques, des catastrophes similaires sont amenées à s'intensifier avec le dérèglement climatique. Selon le Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE), l'année 2017 "sera probablement une année record en terme de coût humain, social et économique des catastrophes naturelles". 

Pays organisateur, les îles Fidji sont particulièrement concernées par le réchauffement climatique. "Vivant dans le Pacifique et subissant personnellement les impacts du climat, nous comptons apporter à Bonn un sens de l'urgence", "une histoire qui peut trouver écho partout dans le monde", souligne la négociatrice fidjienne Nazhat Shameem Khan.

Le coup de massue du retrait américain de l'accord de Paris. Ratifié par 168 pays, l'accord de Paris adopté fin 2015 prévoit une maîtrise du réchauffement mondial sous 2°C, voire 1,5°C, par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle. Mais l'annonce en juin du retrait américain est venue porter un coup de massue à un processus complexe, qui demande de se détourner des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L'ONU appelle les pays à renforcer leur contribution à l'accord de Paris. À ce stade, les engagements volontaires pris par les États à Paris poussent encore le mercure à plus de 3°C. En dépit de progrès comme la stabilisation des émissions de CO2, l'écart entre l'action et les besoins est "catastrophique", a prévenu l'ONU dans un rapport publié cette semaine, appelant les pays à renforcer leur contribution. Samedi sur Europe 1, le député européen écologiste Yannick Jadot a expliqué que l'accord de Paris devait être soutenu par des politiques individuelles et a appelé les États à "arrêter de donner de l'argent public à l'énergie fossile" en "prenant ses distances par rapport aux intérêts de Total, d'EDF, d'Engie ou d'Exxonmobil". 

Une délégation américaine sera présente pour "protéger les intérêts nationaux". "À l'origine, cette COP devait être assez technique, avec la négociation des règles d'application de l'accord de Paris. Mais étant donné la décision américaine, ça redevient un moment politique important, de réaffirmation du maintien de tous les pays dans l'accord", souligne l'ex-négociatrice Laurence Tubiana, cheville ouvrière du pacte de 2015. Washington, dont le retrait ne pourra être effectif avant novembre 2020 mais qui, en attendant, ne compte pas appliquer le plan d'action national présenté par Barack Obama, enverra quand même une délégation à Bonn. L'idée est de "protéger les intérêts américains", selon l'administration Trump.

Les hauts-dirigeants de la planète réunis. Cette 23e COP devrait réunir 20.000 personnes dans la cité rhénane siège de la convention climat de l'ONU. Plusieurs hauts responsables sont attendus la deuxième semaine, notamment le 15 novembre la chancelière allemande Angela Merkel et le président Emmanuel Macron. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres sera présent, ainsi que l'ancien maire de New York Michael Bloomberg et le gouverneur de Californie Jerry Brown, deux militants du climat engagés à compenser la défection américaine.

Manifestation à Bonn pour plus d'action contre le réchauffement. Samedi, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Bonn pour réclamer des actions plus fortes contre le réchauffement mondial en appelant à la fin de l'exploitation du charbon, visant ainsi la politique énergétique de l'Allemagne. 

Bonn600

Source : AFP