Xi Jinping, Chine 2:59
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Didier François, édité par Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Alors que la Chine a vu apparaître l'épidémie sur son sol, tous les indicateurs économiques sont au vert, comparés aux puissances européennes et nord-américaines. La nation de Xi Jinping serait-elle désormais en passe d'imposer ses vues sur le terrain diplomatique ?
ANALYSE

En ce début d’année 2021, les regards de tous les diplomates se tournent vers Pékin où le président Xi Jinping vient d’adresser ses vœux à une nation d’1,4 milliards d’habitants. 2020 a été qualifiée d’année "extraordinaire" par le président chinois, qui espère diriger la première puissance mondiale d’ici à 2035. La nature des relations entre la Chine et le reste du monde sera l’un des enjeux stratégiques majeurs de l’année 2021. La pandémie de Covid-19 qui a ravagé la planète et son économie au cours des douze derniers mois a en effet profondément modifié la perception des rapports de force à l’échelle internationale.

Face au virus, l'efficacité de l'appareil chinois

Paradoxalement, bien que la maladie soit apparue en Chine et que ce pays puisse être suspecté d’être partiellement responsable de sa propagation incontrôlée en raison de ses cachotteries voire de ses mensonges, l’Occident apparaît aujourd’hui comme le grand perdant de ce cataclysme sanitaire. Sur le plan économique, l’année s’achève sur une contraction de 7% de la richesse globale, ce qui représente la récession la plus forte depuis la Seconde Guerre mondiale. Les taux de chômage risquent de s’envoler un peu partout dans le monde au cours des mois à venir. De son côté, Pékin renoue déjà avec la croissance avec une hausse de l’ordre des 5% au troisième trimestre 2020.

Le Parti communiste chinois a mis en œuvre, sans état d’âme et sans se soucier des droits individuels, toute la puissance de son appareil pour contrôler la propagation du virus. Pendant ce temps les démocraties occidentales ont tempéré, tâtonné, et sont encore à la recherche de la parade. Ces atermoiements sont notamment symbolisés par la politique négationniste de l’administration américaine sous Donald Trump. Ce dernier n’a jamais pris la mesure du défi posé au monde. En refusant d’assurer son rôle traditionnel de leader, il a ouvert un espace considérable aux dirigeants chinois.

Alternative au système libéral

En toile de fond de son discours, Xi Jinping décrit maintenant le modèle communiste chinois comme une alternative politique au système libéral, un modèle de gouvernance efficace, apte à remplacer la démocratie occidentale. Son ambition est désormais d’occuper rapidement la première place devant les Etats-Unis et l’Union européenne dans tous les domaines : en économie, dans la recherche scientifique, le domaine militaire et de ce fait dans l’influence diplomatique.

Pour Bruxelles et Washington, il est impossible de répondre à de telles ambitions avec de simples accords de libre-échange négociés en position de faiblesse, dans la division et sans clauses de garanties sur leurs modalités d’application. Au sein de l’Organisation mondiale du commerce par exemple, la Chine a toujours détourné à son seul avantage les règles sans jamais respecter les devoirs afférents à ses droits.

Cette ligne doit être fixée dès aujourd’hui pour ne pas devoir, demain, détourner pudiquement les yeux lorsque l’Empire du Milieu décidera d’occuper la mer de Chine, d’assimiler le Tibet, de faire plier Hong Kong, d’asservir le Xinjiang ou encore d’annexer Taïwan.