L'arrestation de Salah Abdeslam, "un coup dur" pour les milieux djihadistes

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Europe 1
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Le politologue Asiem El Difraoui était l'invité, samedi matin, de David Abiker, dans "C'est arrivé cette semaine", pour revenir sur l'arrestation de Salah Abdeslam. 

"C'est clairement un pas en avant dans la lutte antiterrorisme". Au lendemain de l'arrestation de Salah Abdeslam, suspect clef des attentats de Paris, le politologue et spécialiste du djihadisme Asiem El Difraoui était l'invité de David Abiker, samedi matin, dans C'est arrivé cette semaine

Un "coup dur" pour les djihadistes. "Au niveau opérationnel, cela va permettre d'avoir des informations sur la constitution de ce réseau. On sait déjà que celui autour des attentats est beaucoup plus grand qu'initialement suspecté", explique Asiem El Difraoui, auteur de Al-Qaida par l'image, la prophétie du martyre. Il estime que l’arrestation de Salah Abdeslam, logisticien présumé des attentats du 13 novembre est "un coup dur" pour les milieux djihadistes, soulignant : "Il était important, il est allé cherché des djihadistes en Allemagne, en Hongrie". Salah Abdeslam est en effet soupçonné par les enquêteurs d'avoir convoyé une partie des membres des commandos du 13 novembre en provenance de Syrie. 

La rencontre "explosive" entre la petite délinquance et le djihadismeCela faisait 126 jours que le seul survivant parmi les terroristes du 13 novembre était recherché par toutes les polices européennes. Certains évoquaient la possibilité qu'il ait pris la fuite en Syrie. C'est pourtant dans la commune bruxelloise de Molenbeek, où il a grandi, que Salah Abdeslam a été arrêté vendredi. "Je m'étonne quand même que quelqu'un a pu se cacher près de chez lui pendant quatre mois, dans une commune déjà complètement sous surveillance", déclare Asiem El Difraoui. Sur quelles complicités Salah Abdeslam a-t-il pu compter pour se cacher aussi longtemps ? Pour le spécialiste, il serait très intéressant d'analyser "les réseaux qui se mélangent à Molenbeek entre criminalité et djihadisme, et quelle loyauté, quelle solidarité sont créés par ce genre de réseaux". "C'est un mélange assez détonnant et explosif qui mérite d'être analysé", souligne-t-il. 

Pourquoi les djihadistes font-ils appel à la petite délinquance ? Toutefois, la porosité entre terrorisme et petite délinquance n'est pas aussi étonnante qu'on pourrait le penser, explique le chercheur en sciences politiques. "Les leaders djihadistes en Syrie ont besoin des jeunes européens qui ont accès à des armes, à des téléphones portables. C'est très intéressant pour les caïds en Syrie de recruter de jeunes Européens, un peu délinquants. Eux trouvent autre chose dans le djihadisme, comme la possibilité de se racheter. Ce que dit le grand mensonge de l'idéologie djihadiste, c'est 'venez chez nous, vous êtes sauvés, vous faites partie des vrais musulmans, vos péchés sont oubliés'." Surtout, ce mensonge allie de façon "perfide" cette possibilité à celle de "continuer à voler, à tuer". 

Ce que nous dit le parcours d'Abdeslam. En ce sens, le parcours de Salah Abdeslam est tout à fait représentatif du mélange des genres. "La délinquance, l'abus de substances, de drogues, la recherche de soi... Là, c'est un parcours presque classique", analyse Asiem El Difraoui, qui pointe des similitudes avec ceux, pour exemple, de Khaled Kelkal et de membres de la filière irakienne des Buttes-Chaumont. Des parcours qui méritent d'être observés attentivement juge-t-il, "pour être capable de réagir en amont, pour protéger ces jeunes qui, à un moment donné, soit par traumatisme, soit par longue dérive, deviennent djihadistes". "Il faut vraiment réagir en amont, mettre une politique de prévention en place", insiste-t-il. 

>> Retrouvez l'intégralité de l'émission de David Abiker, "C'est arrivé cette semaine", en cliquant ici