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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin revient sur la polémique autour du pied de Rafael Nadal. Certains reprochent au gagnant de Roland-Garros de s'être dopé pour tenir le coup. Mais le fait d'anesthésier son pied peut-il être assimilé à du dopage ?

Rafael Nadal rentre chez lui à Majorque, avec sa 14ème coupe des Mousquetaires dans ses bagages. Mais l’Espagnol a quelque chose de plus lourd à porter : la polémique sur les infiltrations pour soulager son pied. Il n’a rien fait d’illégal, mais on peut s’interroger sur ces pratiques. 

Ça devient difficile de profiter d’un moment de sport, d’admirer une performance sans que la polémique ne s’en mêle. Le 14ème titre de Rafael Nadal à Roland Garros a très vite été suivi de suspicions. En fait, dès que le joueur a répondu « c’est mieux que tu ne le saches pas » quand une journaliste lui a demandé combien d’infiltrations il avait reçu pendant le tournoi pour soulager son pied douloureux. Infiltrations, c’est presque un gros mot. Dès qu’il est prononcé, on ne pense pas à médicament ou traitement, on pense dopage. Une seringue plus un sportif égale tricherie. Evidemment que ça interpelle, être obligé de recevoir des infiltrations en permanence pour pouvoir jouer. On doit se poser des questions, c’est légitime. Mais de là à traiter Rafael Nadal de dopé, il y a un monde. Qu’est-ce que c’est, ces infiltrations ? Un anesthésiant local, c’est à dire un produit qui agit directement sur la zone voulue, en l’occurrence les nerfs de son pied, pour les insensibiliser. Et il se trouve que ça n’est pas du dopage, c’est autorisé au tennis et dans d’autres sports comme le foot. Donc Rafael Nadal n’a rien fait d’illégal, il n’a pas utilisé de produit interdit. Vous imaginez bien que si c’était un produit illicite, il n’en aurait pas parlé pendant toute la quinzaine avec le plus grand naturel du monde. 

Il y a deux poids deux mesures dans la lutte contre le dopage.

 

Ce qui a mis le feu aux poudres après le sacre de Rafael Nadal, c’est la réaction de Thibaut Pinot. Le cycliste y est allé de son tweet ironique « ah, les héros aujourd’hui ». On peut comprendre son agacement parce que le cyclisme et le tennis ne sont pas logés à la même enseigne. L’anesthésiant dont on parle est interdit sur les vélos depuis une bonne dizaine d’années, alors qu’il est légal sur les courts de tennis. Ca, c’est un vrai problème, la différence de traitement. Il faut dire que le cyclisme a été tellement touché par les problèmes de dopage que la lutte y est plus acharnée qu’ailleurs. Cachez-moi cette seringue que je ne saurais voir. J’évoquais le foot tout à l’heure. On a aussi un exemple célèbre de joueur qui rentre régulièrement sur le terrain par la grâce des infiltrations, c’est Zlatan Ibrahimovic. Sinon, il ne pourrait pas jouer. Pourquoi ne pas homogénéiser la liste des produits interdits ? Les mêmes, dans tous les sports. Ca éviterait ce genre de polémique, ça permettrait d’avoir une égalité de traitement. Et puis ça préserverait aussi la santé des sportifs. Ces anesthésiants ne sont pas sans danger. Rafael Nadal l’a dit, il ne recommencera pas ce traitement pour Wimbledon. Ca veut bien dire que ça n’est pas anodin. Le risque, c’est notamment d’endommager ces nerfs, et de créer encore plus de douleur. Donc on fait quoi après, on augmente la dose ? Le cas de Nadal doit amener une réflexion. En revanche taper sur un joueur qui n’a rien fait d’illégal, non.