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SAISON 2016 - 2017

Alors que la polémique enfle autour du ministre de la Cohésion des territoires, David Revault d’Allonnes nous livre son édito politique.

La pression monte sur le ministre de la Cohésion des Territoires depuis les révélations du Canard Enchaîné sur ses petites affaires immobilières.

Depuis son élection, Emmanuel Macron n’était pas loin du sans faute. On l’a vu ces derniers jours sur la scène internationale. Mais cette affaire Ferrand, elle fait tache. Elle trouble l’image jusqu’ici impeccablement mise en scène de notre nouveau président. Et surtout, à dix jours du premier tour des législatives, elle peut causer de sérieux dégâts et faire perdre pas mal de sièges de députés à En marche. C’est ce que redoutent les amis du chef de l’État. "Je serai lui, je débrancherai Ferrand", estime un proche.

Le problème, c’est que le président et son Premier ministre Édouard Philippe n’ont pas du tout l’intention de le débrancher. Pour l’instant, la ligne de défense, c’est circulez, il n’y a rien à voir. Du moins, rien d’illégal.

Est-ce que cet argument suffira ?

C’est un peu court tout de même et puis surtout, ça donne une impression de déjà-vu. Un politique droit dans ses bottes, malgré le trouble, un feuilleton de révélations, une campagne polluée… Bien sûr, sur le fond, rien à voir avec l’affaire Fillon. Il s’agissait dans le cas du candidat de la droite d’argent public. Mais les petits arrangements de Richard Ferrand font tout aussi mauvais genre parce que le seuil de tolérance de l’opinion, notamment depuis l’affaire Fillon, s’est considérablement abaissé. Et surtout parce que Emmanuel Macron a fait du renouvellement des pratiques. De la probité. De l’honnêteté. Un de ses principaux arguments de vente pendant la campagne. C’est aussi pour cela que cette affaire Ferrand est désastreuse : elle contredit tout ce que le candidat Macron avait promis en termes de transparence.

Mais alors pourquoi le président ne se sépare pas de ce ministre devenu gênant ?

Tout simplement parce que Richard Ferrand, c’est un pilier du système Macron, le premier parlementaire à l’avoir rejoint il y a deux ans. Le véritable patron de son parti, En Marche. Une pièce essentielle du dispositif. C’est lui qui a négocié avec les alliés et les ralliés, notamment pour les investitures aux législatives. Donc difficile de le démissionner.

Et puis deuxième argument, le limoger, cela équivaudrait à reconnaitre une faute, alors même que le gouvernement comme un seul homme, explique qu’il n’y en a pas. Enfin comme un seul homme ou presque car il y a un ministre qu’on n’a pas entendu sur ce sujet, c’est François Bayrou. Le garde des sceaux qui précisément prépare pour la semaine prochaine son projet de loi de moralisation de la vie politique. Autant dire que la portée de ce texte serait considérablement réduite. Si l’affaire Ferrand continue à faire ce bruit persistant et que l’opinion aura du mal à adhérer.

Bref on voit mal aujourd’hui comment le président Macron peut conserver ce fidèle parmi les fidèles sans risque de s’abimer lui-même.