3:01
  • Copié
SAISON 2016 - 2017

À quelques jours du premier tour des élections législatives, Soazig Quémener nous livre son édito politique.

Ce matin, on se demande où est passée la campagne des législatives.

Ce devait être l’élection décisive. Une fois passée la herse de la présidentielle, Emmanuel Macron allait voir se dresser devant lui un nouveau mur, infranchissable celui-là. Avec son jeune parti La République en Marche, il allait cette fois-ci se heurter de plein fouet aux vieilles formations politiques, bien installées à l’Assemblée. Sa majorité serait introuvable. Nous allions replonger dans les affres de la 4e République.
Et voilà qu’une fois encore rien ne se passe comme prévu. Les sondages promettent même une large majorité au nouveau président, comme s’il avait déjà tué le match.

Le président a pourtant des opposants qui pourraient se faire entendre ?

Oui mais cette opposition est pour le moment totalement désarticulée. Depuis qu’ils ont vu le mirage d’une cohabitation s’éloigner, les Républicains broient du noir. Leur actuel leader François Baroin annonce déjà ce week-end le temps des règlements de compte idéologiques pour l’après législatives. Idem au FN où l’on tranchera la question de la sortie de l’Euro au prochain congrès. Rodéo garanti.
Pour faire parler de lui, Jean-Luc Mélenchon n’a lui rien trouvé de mieux que de réveiller le "Meluch" qui sommeille toujours en lui en s’en prenant en des termes ignominieux à l’ancien premier ministre Cazeneuve, accusé "de s’être occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse", le militant mort sur le barrage de Sivens. Pendant ce temps-là, on ne parle pas de la réforme du code du travail qui devait animer cette séquence électorale.
Regardez enfin le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis qui en est réduit à dire qu’il ne soutient "personne" dans la circonscription où se présente pourtant l’ancien premier ministre socialiste Manuel Valls, déclaré coupable de haute trahison pour avoir tendu la main à Emmanuel Macron. Martine Aubry a raison de dire que la politique est "cassée".

Pendant ce temps-là, Macron fait campagne sans le dire.

Oui, car il n’évoque jamais les législatives. Avec une certaine habileté, le nouveau président a tourné le projecteur vers son domaine réservé : les affaires étrangères. Hier à Versailles, il a cueilli Vladimir Poutine à froid en s’en prenant à Russia Today et Sputnik deux médias financés par le Kremlin et qui se sont activés contre le candidat d’En marche pendant la campagne présidentielle. Poutine a accusé le coup d’un air pincé. Macron a semblé fier de son petit effet. Une démonstration d’autorité qui étouffe toute critique de la part de ses opposants de l’intérieur. Car dans la galerie des batailles, se jouait aussi celle des 11 et 18 juin prochains.