La série de PPDE : "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête"

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SAISON 2017 - 2018, modifié à

Chaque semaine, à 19h35, Clémence Olivier décortique ses séries coup de cœur. Ce samedi : "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête", une série diffusée sur Netflix.

Spike Lee est de retour. Et quel retour. 27 ans après sa dernière venue sur la Croisette, le réalisateur américain a remporté le 19 mai le Grand prix du Festival de Cannes pour son film Blackkklansman, l'histoire d'un policier qui s'infiltre au sein du Ku Klux Klan. Mais fin 2017, il s'était déjà rappelé au bon souvenir des Français après quelques années moins étincelantes, en lançant sa première série sur Netlfix : Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, un remake de l'un de ses films cultes, sorti en 1986.

Nola, polyamoureuse. L'histoire, dans le film comme dans la série est celle de Nola Darling, une jeune femme noire de 27 ans, une artiste de Brooklyn qui vivote de sa peinture, lorsqu'elle ne passe pas son temps à voir ses amies et jongler entre ses trois amants : Jamie, un homme d'affaire sérieux, poète à ses heures, Greer, un photographe de mode fan de cinéma et de son corps et Mars, un cycliste déluré avec dents en or et Nike Air Jordan aux pieds.

Un style de vie qu'elle revendique pleinement même si cela ne l'empêche pas de se poser des questions. Alors lorsqu'elle se fait agresser un soir dans la rue alors qu'elle rentrait chez elle, elle décide de placarder d'affiches les murs du quartier revendiquant son droit d'être une femme libre, qui n'a pas à se faire siffler, ni appeler "chérie" ou "poupée".

Une série qui résonne avec l'actualité. Un sujet qui résonne beaucoup avec l'actualité. On pense au mouvement #MeToo et à la libération de la parole des femmes qui en a découlé. D'ailleurs Nola est une vraie féministe. Dans la série, elle se bat pour porter une petite robe sexy sans qu'on lui fasse la moindre remarque et regrette que son amie noire veuille se faire refaire les fesses pour correspondre aux canons de beauté du moment.

Mais comme souvent avec Spike Lee, la série est aussi politique. Il y est question de la gentrification de quartiers de Brooklyn dans lesquels vivent depuis toujours des noirs, de l'arrivée de Donald Trump au pouvoir qu'il voit comme une catastrophe mais aussi de la galère financière des jeunes artistes.

Une BO soul et hip hop. Côté style, on reconnait la patte du cinéaste. Comme dans le film d'origine, les personnages s'adressent régulièrement à la caméra pour raconter dans de longs monologues leurs états d'âmes. Aussi, le sexe et surtout la musique sont omniprésents. Après certaines séquences, le réalisateur donne d'ailleurs à voir les pochettes de l'album dont on vient d'entendre le morceau. On découvre alors les "good vibes" de Mary J. Blide, de The Roots, de Prince ou encore de Jill Scott. Un vrai point fort. Car si la série n'est pas parfaite - peut être un peu trop bavarde - elle a assurément le mérite de nous faire vibrer.