Natacha Polony, La Revue de presse 10.03.2016 1280x640 4:00
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La presse quotidienne revient ce jeudi sur la mobilisation d'hier contre la loi travail de Myriam El Khomri.

Ce matin en Une de vos journaux on compte.
La Nouvelle République : Tours : plus de 4.000 contre la loi travail.
La Montagne : 7.000 Puydômois contre la loi travail.

Et puis on attend la suite :
Libération : L’avertissement.
Le Parisien : Premier Round.
La Voix du Nord : N’est-ce qu’un début ?

Fukushima

La Revue de presse est écourtée, alors, s’il faut lire un article, ce matin, il est dans Libération qui est allé interroger Naoto Kan, Premier ministre japonais en mars 2011, lors de la catastrophe de Fukushima. Il est 14h46 quand la terre se met à trembler. On lui annonce que les réacteurs de la centrale de Fukushima ont été arrêtés sans problème. "Ce n’est qu’une heure plus tard que j’ai su, qu’à cause d’une perte complète d’alimentation, les systèmes de refroidissement ne fonctionnaient plus. Je me souviens très bien de ce moment où j’ai reçu cette information. J’ai réellement eu des sueurs froides dans le dos". Immédiatement, il comprend ce que cela signifie.

Après l’explosion au niveau du réacteur 1, il envisage l’évacuation d’une zone allant jusqu’à 200 kms autour de la centrale, c’est-à-dire incluant Tokyo. 50 millions d’habitants. "Et puis, dit-il, il fallait se demander si on allait laisser les employés de Tepco et les forces d’autodéfense travailler sur place jusqu’à la dernière minute. Fallait-il vraiment mettre leur vie en danger ?"

On souhaite que les politiques français n’aient jamais à se poser ce genre de questions. Mais il est des décisions moins spectaculaires et dont les conséquences, à long terme, sont pourtant les mêmes. Le Monde nous rappelle que l’usage des pesticides augmente encore dans les campagnes françaises. Nous en sommes les 2èmes consommateurs en Europe derrière l’Espagne. Et les rendements n’augmentent pas. Lobbying de l’industrie agro-chimique, coopératives qui font pression sur les paysans et système global qui pousse à la monoculture intensive. Le ministre de l’Agriculture, nous dit Le Monde, défend le modèle inverse, celui d’une agriculture attentive aux besoins du sol. Mais il est seul et son projet d’agro-écologie pourrait bien être détricoté dès son départ. En cas d’alternance politique par exemple.

Le magazine La Décroissance s’amuse d’ailleurs de la campagne lancée par Alain Juppé et décrite dans un article du Figaro. Une visite à une start up où l’on parle "food lab", où l’on mange au "food truck", après une partie de "beer pong", où l’on est "friendly" parce qu’on répond aux mails avec des smileys. On ne produit rien, on fait du crowdfunding. Conclusion du candidat : ça lui donne le moral, cette France qui gagne. Entre la modernité clinquante et les véritables enjeux écologiques, il faut choisir, il n’y a pas de coalition possible.

 

Le journal 20 minutes évoque lui aussi les manifestations d’hier. Ou plutôt les photos qu’en a diffusées le journal Sud-Ouest. Et le commentaire posté par une internaute qui a reconnu son fils sur l’une d’elles : "J’en connais un (...) qui va m’expliquer ce qu’il fout dans la rue, alors qu’il est censé être en cours. Vas-y mon chéri, beugle, révolutionne, profite. Ce soir, c’est moi qui vais vocaliser. Puisque tu es à ce point impliqué, commence par bosser tes cours, ce sera ta première expérience du travail". La surveillance généralisée par les réseaux sociaux, ça fait perdre tout leur charme aux manifs.