Réforme de la SNCF : les syndicats craignent "une confiscation du débat par le gouvernement"

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© JACQUES DEMARTHON / AFP
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R.Da. , modifié à
Eric Meyer, secrétaire fédéral SUD Rail, évoque au micro d'Europe 1 la possibilité d'une "mobilisation plus forte et plus rapide" si l'exécutif venait à recourir aux ordonnances pour réformer l'entreprise ferroviaire.
INTERVIEW

Le gouvernement dévoile lundi sa méthode pour transformer le rail. Le Premier ministre va détailler à 10 heures son calendrier et les orientations que l'exécutif entend donner à la réforme de la SNCF. Une prise de parole que les syndicats ne vont pas manquer de scruter de très près au vu du tollé soulevé par les conclusions du rapport Spinetta sur le sujet, préconisant notamment de s'attaquer au statut des cheminots, un vrai chiffon rouge pour les représentants des salariés qui redoutent également un passage en force. "On craint que les annonces de ce matin aillent dans le sens d'une partie de la réforme par ordonnances et d'une autre partie par la loi", pointe au micro d'Europe 1 Eric Meyer, secrétaire fédéral du syndicat SUD Rail qui appelle déjà à une mobilisation pour le 22 mars.

Menace de blocage. "S'il y a recours aux ordonnances ça veut clairement dire qu'il y a un risque de confiscation du débat par le gouvernement", avertit ce responsable. Le cas échéant "on sera porteur d'une mobilisation plus forte et plus rapide", avertit Eric Meyer qui évoque même la possibilité d'une grève illimitée. "Clairement, ça peut prendre cette forme".

La statut des cheminots, un paravent pour le gouvernement. Ce syndicaliste craint surtout "que les cheminots soient stigmatisés à travers le spectre du statut". Il reproche en effet au gouvernement de cibler les avantages sociaux dont bénéficient une partie des employés de la SNCF pour expliquer le fort endettement de l'entreprise publique. "On voit bien à travers les médias que le gouvernement pointe le statut comme le responsable de l'ensemble des maux de la SNCF. C'est oublier qu'avec ce statut, la SNCF a gagné 1,2 milliard l'an dernier, et c'est mettre sous le tapis les 42 autres recommandations du rapport Spinetta qui vont vers un désengagement de l'Etat, une augmentation des tarifs et la suppression de 9.000 km de lignes", dénonce-t-il. "Aujourd'hui, on se sert de ce chiffon rouge du statut pour ne pas discuter du reste", martèle-t-il.

Organiser des assises du ferroviaire. Eric Meyer appelle donc Edouard Philippe à lancer une grande concertation sur le sujet. "Il doit dire, au même titre qu'il a engagé les assises de la mobilité il y a quelques mois, qu'il engage les assises du ferroviaire". Le responsable syndical réclame ainsi "un débat avec l'ensemble des parties prenantes : les régions, les usagers et les organisations syndicales sur les missions de la SNCF et les missions de service public du ferroviaire que l'on souhaite à l'avenir".