Avenir de la SNCF : les conclusions du rapport Spinetta font trembler les cheminots

Les syndicats craignent notamment que les TGV arrêtent de desservir les régions les plus rurales.
Les syndicats craignent notamment que les TGV arrêtent de desservir les régions les plus rurales. © MEHDI FEDOUACH / AFP
  • Copié
Aurélien Fleurot avec AFP, édité par R.Da. , modifié à
Jean-Cyril Spinetta, ancien patron d'Air France, remet jeudi ses conclusions à Edouard Philippe sur la refondation du modèle ferroviaire français.

C'est un rapport très attendu à la SNCF. Jean-Cyril Spinetta, ancien PDG d'Air France, a été missionné par Matignon en septembre dernier pour faire des propositions sur l'avenir du transport ferroviaire. Ouverture à la concurrence, changement de statut de la SNCF ou encore stratégie de desserte ferroviaire... ce rapport, qui doit être remis jeudi à Edouard Philippe, recoupe de multiples enjeux. Ses conclusions pourraient aussi déclencher quelques semaines de tension sur le plan social, avec des conséquences directes pour les usagers.

Plus de 25% du réseau menacé de disparition ? Si vous habitez dans une zone rurale et que la gare la plus proche de chez vous n'est pas très fréquentée, le risque qu'elle ne soit plus desservie est réel. Le rapport Spinetta part du constat que 90% des voyageurs circulent sur seulement 30% du réseau. De nombreuses liaisons pourraient donc être remplacées par des bus. "Aujourd'hui, les différents éléments qui fuitent nous inquiètent, parce qu'au bout du bout, le rapport risque de recommander la suppression de 9.000 km de lignes sur les 35.000 existantes, ce qui serait une catastrophe pour l'avenir", explique auprès d'Europe 1 Éric Meyer, secrétaire fédéral Sud Rail. "On se dirige très clairement vers le train et le TGV pour les territoires les plus riches, et le bus et la bagnole pour les territoires les plus pauvres. 30% du trafic de fret ferroviaire national passe par ces lignes-là. Leur suppression veut dire aussi des dizaines de milliers de camions supplémentaires sur les routes", pointe le syndicaliste.

La très coûteuse rénovation du réseau. Autre grand chantier : la rénovation du réseau alors que la dette de SNCF Réseau dépassera les 50 milliards d'euros cette année. Celle des voies ferrées a commencé mais il manque des centaines de millions d'euros pour la signalisation et les installations électriques. L'Etat serait prêt à aider, peut-être en compensation d'une réforme du régime de retraite des cheminots. "On a un plan de modernisation du réseau qui est inédit, le gouvernement a décidé cela sur dix ans, c’est 5 milliards par an, plus de 1.000 kilomètres de voies par an rénovées", avait précisé fin décembre sur l'antenne d'Europe 1 Mathias Vicherat, le directeur général adjoint de la SNCF, évoquant dans un contexte de pannes en série "une crise transitoire liée à l’ampleur des travaux".

La compagnie n'a pas le choix, elle devra faire des économies drastiques pour limiter son endettement, le tout dans un contexte d'ouverture à la concurrence, qui concernera d'abord les trains régionaux en 2019. "Si ouverture à la concurrence il y a, nous ne la souhaitons pas. Très clairement, elle se fera sur le dos des salariés", dénonce encore Éric Meyer.

Une future loi scrutée de près. Ces éventuels bouleversements inquiètent donc les cheminots qui pourraient bien descendre dans la rue pour défendre leur statut. Que deviendront-ils si la SNCF perd l'exploitation d'une ligne au profit d'un nouvel acteur ? Garderont-ils leurs avantages ? Sur ce point crucial, le rapport ne serait pas trop brutal, selon les informations d'Europe 1. De quoi, peut-être, éviter un conflit social d'envergure dans les semaines à venir. Les cheminots seront en tout cas attentifs aux suites de ce rapport, qui sera le socle de la future loi sur les mobilités, prévue au printemps.