Menaces sur le remboursement de médicaments : l'industrie monte au créneau

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avec AFP , modifié à
La Fédération française des entreprises du médicament a listé ses griefs dans un courrier envoyé fin février à la ministre de la Santé.

S'inquiétant d'un projet de décret prévoyant de supprimer les remboursements de certains médicaments hospitaliers, la fédération française des entreprises du médicament (Leem) a invité la ministre de la Santé Marisol Touraine à réfléchir à des "solutions alternatives", a-t-on appris vendredi.

Des médicaments qui "améliorent la qualité de vie". Ces nouveaux critères "vont donner lieu à des situations critiques de perte de chance pour les patients, ainsi qu'à une potentielle inégalité d'accès aux soins", a estimé le président du Leem, Patrick Errard, dans un courrier envoyé à Marisol Touraine fin février. "Beaucoup de ces médicaments sont indiqués dans le traitement des cancers, et si certains d'entre eux ne permettent pas d'allonger significativement la survie du patient, ils améliorent de beaucoup leur qualité de vie", a plaidé Patrick Errard. Les produits visés bénéficient actuellement d'un mécanisme dérogatoire dit "liste en sus", permettant à l'assurance maladie de les prendre en charge intégralement, alors qu'ils ne sont pas inclus dans le forfait de soins des établissements hospitaliers.

Les maladies rares concernées ? Selon la dernière version du texte dont a eu connaissance le Leem, le décret prévoit de retirer de cette liste des médicaments dont l'amélioration du service médical rendu est classée comme "mineure" ou "inexistante", sauf pour ceux dont les indications présenteraient un "intérêt de santé publique" et n'ayant pas d'équivalents "cliniquement pertinents". La notion d'intérêt de santé publique risque en outre d'exclure de la liste des indications portant sur des maladies rares, estime encore Patrick Errard.

Être associé à la réflexion. Le Leem ne nie pas "la légitimité à réguler économiquement" cette liste, alors que les innovations thérapeutiques onéreuses se multiplient, mais souhaiterait être associé à une réflexion avec le ministère pour discuter de certains "points critiques" du décret avant qu'il n'entre en application, ajoute-t-il. Plusieurs associations de patients, des médecins et des sociétés savantes ont également fait part de leurs inquiétudes concernant ce prochain décret, qui a été transmis au Conseil d'Etat courant février.