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Noa Moussa avec AFP / Crédit photo : ARTUR WIDAK / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP , modifié à
Les prix des billets ont bondi, l'inflation grignote le pouvoir d'achat, mais les compagnies aériennes desservant l'Europe assurent qu'elles font le plein de réservations pour l'été, laissant un peu plus la pandémie disparaître dans le rétroviseur.

Certaines compagnies n'ont pas encore reconstitué leurs capacités, réduites pendant la crise sanitaire, alors qu'Airbus et Boeing peinent à livrer les appareils neufs dans les délais, ce qui n'empêche pas les clients de revenir encore plus nombreux qu'en 2022. 

Le prix des billets a bondi de 23,6% sur un an

La loi de l'offre et de la demande fait son œuvre et, en France, le prix des billets a bondi de 23,6% sur un an au premier trimestre 2023, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique.

L'explosion du coût des hydrocarbures consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie sous-tend une grande partie du phénomène, car le kérosène représente environ 30% des coûts des transporteurs. "À cause de la hausse du pétrole de 71% d'une année sur l'autre, notre tarif moyen a augmenté de 31%", a ainsi expliqué à l'AFP le PDG d'Easyjet, Johan Lundgren.

Mais d'autres facteurs entrent en ligne de compte, comme "une augmentation très forte des coûts de maintenance" liée à la raréfaction de certains métaux et aux chaînes logistiques perturbées, selon Marc Rochet, patron des compagnies françaises Air Caraïbes et French Bee. Il mentionne aussi les répercussions des hausses de salaires consenties dans le secteur.

Les clients continuent de rechercher "le meilleur rapport qualité-prix"

Pourtant, "nous ne voyons pas d'affaiblissement de la demande", témoigne M. Lundgren, même s'il concède que les clients "recherchent le meilleur rapport qualité-prix". Même ressenti de Nicolas Henin, directeur général adjoint de Transavia France, chargé du commercial et du marketing : "Les tendances de réservation sont très dynamiques. Sur le mois de mai, on est à peu près à 30% de passagers en plus par rapport à l'année dernière. Tous les ponts, 1er-Mai et 8 mai, tombent un lundi, ce qui est très propice à de longs week-ends."

Pour lui, "les gens sanctuarisent ce budget et continuent à vouloir voyager". "Sur le mois de mai, par exemple, on est à peu près à 15% de plus par rapport à l'année dernière. De manière générale, sur l'ensemble de nos destinations, bassin méditerranéen, Moyen-Orient, on voit une demande qui est importante sur le printemps et sur l'été prochain."

Les avions de Transavia cet été pour la Grèce, l'une de ses destinations vedettes, étaient remplis à 60% à la mi-avril. Forte de nouvelles destinations (Dakar, Erevan, Paphos...) et d'une flotte portée à 71 appareils, la low-cost du groupe Air France-KLM a vu sa capacité augmenter de 65% sur quatre ans.

Autres destinations connaissant un "rebond très important", celles du Maghreb : "les personnes n'ont pas pu revenir au pays voir leur famille pendant un certain temps", selon M. Henin. Les restrictions de créneaux aéroportuaires en Algérie n'ont que récemment disparu.

Les voyageurs retrouvent leurs comportements d'avant

Après avoir eu tendance à réserver très tard pendant la pandémie, quand l'incertitude régnait sur des fermetures de frontières, les voyageurs, "plus sélectifs sur les prix", retrouvent aussi peu à peu leurs comportements d'avant, prenant par exemple leurs billets cinq mois à l'avance pour les long-courriers, selon M. Rochet.

Des bonnes nouvelles pour le secteur aérien

Autant de bonnes nouvelles pour un secteur aérien qui, après avoir traversé le cauchemar du Covid-19, "est en très bonne forme, en plein rebond", selon Pascal Fabre, spécialiste de ce domaine chez AlixPartners.

Dans ce contexte de hausse des prix, les compagnies ont "pour beaucoup réalisé des chiffres d'affaires supérieurs en 2022 à ce qu'ils étaient avant crise, bien que la capacité reste en-deçà", a-t-il noté lors d'un récent déjeuner de presse. Ces transporteurs "ont "généré du cash et commencé à se désendetter". C'est le cas d'Air France-KLM qui a annoncé mercredi soir avoir "intégralement remboursé" les aides consenties par l'État français pour lui permettre de survivre à la crise sanitaire.

Bémols à cet optimisme : les dirigeants du secteur aérien, échaudés par la saturation d'aéroports l'été dernier faute de personnel, évoquent désormais le risque d'un retour de la saturation du ciel européen lors de la haute saison, un chaos potentiel dont elles ont eu un avant-goût en mars à cause de la grève des contrôleurs aériens français.