Usine Bridgestone Béthune fermeture DENIS CHARLET / AFP 1:43
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Lionel Gougelot, édité par
Le fabriquant de pneumatiques Bridgestone a annoncé mercredi la fermeture de son usine de Béthune, dans le Nord, qui emploie 863 personnes. Les habitants de la région, déjà fortement éprouvés par des plans sociaux ces dernières années, craignent eux aussi pour leur avenir.
REPORTAGE

L’annonce de Bridgestone a provoqué un choc dans toute la région. La fermeture de l’usine de Béthune, qui emploie 863 personnes dans le Pas-de-Calais, a immédiatement suscité un tollé aussi bien chez les habitants qu’au sein de la classe politique. Xavier Bertand, le président de la région Hauts-de-France, est allé jusqu’à dénoncer "une trahison de la confiance". A Béthune et dans les alentours, la sidération et l’inquiétude sont toujours fortes, dans une région déjà fortement éprouvée par les plans sociaux ces dernières années.

"Si on laisse faire, ça ne sera que le début"

La fermeture de l’usine Bridgestone pourrait fragiliser tout le bassin d’emplois. Pour preuve, un rassemblement de salariés d’entreprises de la région a eu lieu jeudi matin, face aux grilles de l’usine. "On ne peut pas laisser partir cette usine. Elle fait partie des murs, de notre patrimoine", déclare l’un de ces employés.

 

Des salariés de PME ou d’autres groupes craignent les effets collatéraux de cette fermeture, notamment sur l’intérim. "Tous les jeunes qui travaillent ici vont se retrouver au chômage. Les boîtes d’intérim et les entreprises extérieures travaillent avec Bridgestone. Demain, ça peut être au tour de notre entreprise. On va faire quoi ?", se demande un salarié. "Le Covid et maintenant Bridgestone qui ferme... Si on laisse faire, ça ne sera que le début", s’inquiète-il. "S’il n’y a plus de salaires, il n’y aura plus d’argent et tout le secteur de Béthune sera touché", embraye un autre.

Les syndicats et élus mobilisés

Les syndicats et les élus, toutes tendances confondues, se sont eux aussi mobilisés pour engager le bras de fer avec Bridgestone et le contraindre à investir pour sauver des emplois. "L’État et la région Hauts-de France appellent le groupe Bridgestone à prendre ses responsabilités, alors qu’il a largement désinvesti l’usine de Béthune depuis de nombreuses années", a écrit Xavier Bertrand dans un communiqué commun avec le gouvernement.

Mais de nombreux habitants ne se font pas d’illusion. "Les Japonais n’ont aucun regret. S’ils doivent fermer, ils ferment. Nous n’avons que des vieilles machines dans l’usine, nous ne fabriquons que des petits pneumatiques. Ça ne se vend pas", se désole Bruno. Ce jeudi midi, les employés de l’usine Bridgestone ont repris leurs postes sur les chaînes de fabrication. Mais avec toujours une forte angoisse pour leur avenir.