Budget 2018 : ce qui va changer pour votre pouvoir d'achat

Fiche de paie salaire 1280
Il va y avoir du changement sur la fiche de paie. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Coup de pouce aux salariés du privé, transformation de l’ISF, réduction des APL, hausse de la CSG : tour d’horizon des gagnants et des perdants des mesures fiscales du budget 2018.
ON DÉCRYPTE

Emmanuel Macron et son gouvernement passent leur baptême du feu budgétaire. Le premier projet de loi de finances de l’ère Macron est présenté mercredi en Conseil des ministres avant d’être débattu à l’Assemblée nationale tout l’automne. Pour marquer le coup, le gouvernement a inclus dans le budget 2018 un certain nombre de mesures fiscales, à commencer par la hausse de la CSG. Comme d’habitude, les arbitrages fiscaux vont faire des gagnants et des perdants. Europe1.fr fait le point sur ce qui va changer pour vous, en fonction de votre situation.

Les gagnants

Le gouvernement ne s’en cache pas, il a privilégié les salariés du privé. Une façon, comme le souhaitait Emmanuel Macron, de valoriser le travail. Ce sera chose faite en 2018 avec l’élargissement du financement de la protection sociale à l’ensemble des revenus, via la suppression des cotisations maladie et chômage (qui pèsent sur les salariés), en contrepartie d’une hausse de la CSG de 1,7 point (un impôt qui touche tout le monde). La baisse se fera en deux temps, janvier puis octobre. Au final, le gain de pouvoir d’achat sera de 250 euros nets par an pour une personne qui touche le Smic. Tous les salariés sont concernés, jusqu’à celui qui gagne 10.000 euros par mois, avec un coup de pouce annuel de 1.800 euros.

Un gain pour les indépendants. Les trois quarts des travailleurs indépendants, ceux qui gagnent moins de 4.000 euros par mois, seront positivement touchés par le transfert du financement de la protection sociale vers la CSG. Pour ceux qui gagnent plus que 4.000 euros, il y aura "une compensation sans gain de pouvoir d'achat", a précisé Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des comptes publics.

Transformation de l'ISF… Les ménages les plus aisés peuvent également se réjouir des mesures fiscales incluses dans le budget 2018. La transformation de l’ISF en Impôt sur la fortune immobilière (IFI) va permettre à une grande partie des contribuables qui le payaient d’en sortir. En prenant en compte l’ensemble des mesures "les 10 % les plus riches verraient leurs revenus augmenter avec 1 193€ de gains annuels", estime l’ONG Oxfam dans une étude parue lundi.

Enfin, l’exonération de la taxe d’habitation va concerner 80% de ceux qui la touchent aujourd’hui. Le plafond d’exonération a été fixé à 30.000 euros de revenus réels par an pour une personne seule, 48.000 euros pour un couple sans enfant et 54.000 euros pour un couple avec enfant. En 2018, la taxe d’habitation baissera de 30%, puis à nouveau 30 en 2019, jusqu’à une exonération totale en 2020.

Les perdants

Les fonctionnaires peuvent grincer des dents. Ils ne bénéficient pas de la suppression des cotisations sociales mais subissent la hausse de la CSG. Le gouvernement a simplement annoncé que ce déséquilibre serait compensé, mais le mécanisme n’a pas été précisé. Statu quo donc pour les fonctionnaires, qui ne verront pas leur pouvoir d’achat augmenter au même rythme que les salariés du privé. "Il est à peine question de compenser la hausse de la CSG (…) Nous sommes sur une compensation qui ne sera peut-être pas réelle pour tous les agents", voire pas "réelle" tout court, a dénoncé Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fédération syndicale unitaire (FSU), sur Europe 1. Goutte d’eau qui fait déborder le vase : le point d’indice des fonctionnaires sera gelé en 2018.

Retraités en colère. Les retraités ne sont pas les mieux lotis. Au mieux, ils peuvent espérer ne pas subir de changement négatif. Les petits retraités, déjà exonérés de la taxe d’habitation, bénéficieront d’une compensation de la hausse de la CSG, que le gouvernement doit encore préciser. Ceux qui sont au niveau des seuils de la taxe d’habitation et de la hausse de la CSG devraient également être aidés financièrement. En revanche, les retraités "aisés", ceux qui touchent une pension supérieure à 1.400-1.500 euros, sont, eux, les grands perdants. Ils subissent de plein fouet la hausse de la CSG, sans aucune compensation. Résultat, dès 1.500 euros de pension, la ponction s’élève à 300 euros par an. Environ 60% des retraités seront touchés par cette baisse de pouvoir d’achat. Pour protester contre cette "injustice", ils sont appelés à manifester jeudi.

Coup de rabot sur les APL. Les locataires aux revenus modestes ont également des raisons de s’inquiéter. D’abord à cause de la baisse des APL dans le logement social, à hauteur de cinq euros. En théorie, elle doit être compensée par une baisse des loyers équivalente. Mais le gouvernement ne dit pas comment il va obliger les bailleurs HLM à concéder cette baisse. Le mouvement HLM a d’ores et déjà indiqué son opposition à ce mécanisme qui met en danger le modèle économique du logement social. De plus, les locataires qui entendaient profiter des APL accession, une aide qui permet d’accéder à la propriété, ne pourront plus y avoir recours à partir de janvier. Le gouvernement a décidé de mettre fin au dispositif