Bruno Le Maire précise sur Europe 1 le coût des mesures en faveur de l'intéressement et de la participation. 1:27
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Anne-Laure Jumet, édité par C.L. , modifié à
La suppression du forfait social qui pèse sur l'intéressement versé aux salariés, annoncée par Emmanuel Macron jeudi, va créer un manque à gagner de près d'un demi-milliard d'euros pour l'État, selon Bruno Le Maire.
INTERVIEW

C'est l'un des points à retenir de l'interview d'Emmanuel Macron jeudi sur TF1 : le chef de l'État a fait un geste en direction des salariés en annonçant la suppression, au 1er janvier 2019, du forfait social de 20% qui pèse sur l'intéressement et la participation. Ceci dans le but de rendre son versement plus attractif pour les entreprises. Un coup de pouce au pouvoir d'achat qui coûte cher : "440 millions d'euros au total", précise le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, joint par Europe 1.

Inciter les entreprises à verser des primes

"Il faut que le travail paye" : Bruno Le Maire martèle le leitmotiv du gouvernement. "Il faut que le maximum de salariés français puisse être récompensé quand leur entreprise tourne bien. Quand une entreprise fait des bénéfices, c’est d’abord grâce aux salariés. Et la manière de les associer aux résultats, c’est la participation et l’intéressement", rappelle le ministre de l'Économie. Le problème, c’est que les employés des TPE et des PME n’ont que peu accès à ces dispositifs.

"Il n’y a que 16% des employés des entreprises de moins de 50 salariés qui ont accès à un accord d’intéressement (facultatif) et 22% entre 50 et 250 salariés. La raison principale c’est qu’il y a un forfait social de 20% sur l’intéressement : à chaque fois qu’une entreprise verse l’intéressement à ses salariés, elle doit payer 20% du total en charges", souligne Bruno Le Maire. Forfait social que le gouvernement va supprimer pour les entreprises de moins de 250 salariés. De quoi inciter les entreprises à verser ces primes à leurs salariés. Avec cette mesure, le gouvernement espère doubler le nombre de salariés concernés dans les petites boîtes, de 16% à 32%. "Nous souhaitons que dix millions de salariés soient concernés à l'avenir dans ces entreprises".

Réduction de niches fiscales pour les entreprises. La suppression du forfait social "coûte cher à l’État : 440 millions d’euros au total. C’est donc un effort très significatif en faveur de la rémunération du travail", avance Bruno Le Maire. Mais Bercy va faire en sorte que le coût déjà soit neutre dans les comptes de l'État. "Ce coût sera intégralement financé par la réduction de niches fiscales dont bénéficient aujourd’hui certaines entreprises. Quelles niches fiscales, c’est en cours de définition mais toutes les entreprises peuvent être concernées", précise le ministre de l'Économie. Toutefois, ce sont surtout les grandes entreprises qui bénéficient des niches fiscales.

Reprise "progressive" de la dette de la SNCF

L'autre annonce d'Emmanuel Macron concerne la SNCF et plus particulièrement la dette de plus de 50 milliards d'euros du groupe. Le président de la République a affirmé être prêt à reprendre une partie de la dette dès l'entrée en vigueur de la réforme, une avancée par rapport au début des négociations. "S'il y a un accord sur la transformation de la SNCF, que la SNCF fait sa mue, devient plus compétitive et cesse d'être systématiquement déficitaire comme c'est le cas actuellement, l'État est prêt à faire un effort. A savoir, reprendre progressivement la dette de la SNCF", détaille Bruno Le Maire.

"Nous pensons que c'est une proposition juste et responsable", assure Bruno Le Maire. "D'un côté, les cheminots font un effort, ils permettent à la SNCF de rentrer dans la concurrence et d'instaurer la polyvalence des métiers et font en sorte que le résultat d'exploitation soit meilleur et ainsi que la SNCF ne perde pas trois milliards d'euros par an. De l'autre côté, l'État fait un geste très importante en reprenant progressivement cette dette qui empêche la SNCF de se développer."

Un "effort difficile" pour les retraités

Emmanuel Macron s'est longuement attardé jeudi sur le mécontentement des retraités qui subissent la hausse de la CSG, sans bénéficier en contrepartie de l'allègement des cotisations sociales. Un coup de rabot dans leur pouvoir d'achat qui ne doit pas engendrer de déception pour Bruno Le Maire, selon qui "le président de la République tient parole". "Emmanuel Macron l'a rappelé très clairement : sa campagne était fondée sur cette idée que les retraités seraient effectivement davantage mis à contribution à travers la hausse de la CSG pour permettre aux salariés d'avoir un meilleur salaire net. La philosophie de la mesure n'a pas changé", défend le ministre.

Pour Bruno Le Maire, les retraités doivent comprendre l'intérêt de la hausse de la CSG : "Le président a remercié les retraités, ça montre clairement que nous leur sommes reconnaissants de l'effort difficile qu'ils font. Mais ce n'est pas un effort pour remplir les caisses de l'État. C'est un effort pour permettre au travail de payer et donc in fine de pouvoir financer les retraites".

Quand Emmanuel Macron distribue les "merci" !