Claude Lelouch
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Le réalisateur revient dans Le Tour de la Question, sur Europe 1, sur ce qui l'a poussé à faire "Les plus belles années d'une vie", 53 ans après "Un homme et une femme".
LE TOUR DE LA QUESTION

Ils ont pris de l'âge, des rides, de la maturité mais rien perdu de leur amour. Mercredi sort en salles Les plus belles années d'une vie, de Claude Lelouch, réunion du réalisateur, Anouck Aimée, Jean-Louis Trintignant et la plage de Deauville 53 ans après Un homme et une femme. Un film que le cinéaste a conçu comme "une troisième mi-temps" et une ode à l'amour de la vie, comme il l'a expliqué le jour de la sortie au micro d'Europe 1.

"Ils étaient dans la séduction, là ils sont dans l'essentiel"

Invité du Tour de la Question, Claude Lelouch a expliqué avoir fait "un film de jeunes". "J'ai filmé Anouck Aimée et Jean-Louis Trintignant comme des enfants. Ils sont dans l'humour, dans la joie. Et on sent bien que les dernières années qu'il leur reste, ils ne vont pas les passer à faire des choses inutiles. Ils sont dans l'essentiel. Il y a cinquante ans, ils étaient dans la séduction, là ils sont dans l'essentiel. Et l'essentiel, dans un monde où il y a trop de tout, c'est vachement important". 

Le cinéaste s'inclut véritablement avec ses deux comédiens dans une sorte de trio fondateur. "On a la chance tous les trois d'avoir droit à une troisième mi-temps", a-t-il expliqué. "Là, j'ai voulu montrer que la troisième mi-temps pouvait être un moment fabuleux car on peut tout s'autoriser, on n'a plus peur de rien. D'un seul coup, il y a prescription. On commence à avoir une petite idée de ce qu'est la vie, une cause d'emmerdements au pays des merveilles."

"Dans la vie, on n'a droit qu'à une prise"

Claude Lelouch a choisi de tourner son dernier long-métrage en se tenant d'ailleurs à cette philosophie. "J'aime bien mélanger ce qu'on a prévu et ce qui arrive", a-t-il indiqué. "Les acteurs vivent une scène et je vois bien qu'ils bougent leurs bases. Je suis le troisième acteur derrière ma caméra et je peux inventer des dialogues pendant la prise." Le tournage des Plus belles années d'une vie n'a pas fait exception. "Le film est très écrit [mais] sur le plateau, on a travaillé les dialogues pour que tout cela devienne naturel, simple. On a voulu filmer ce film comme dans la vie, et dans la vie on n'a droit qu'à une prise. La vie, je l'aime de plus en plus et j'ai envie de la faire aimer de plus en plus."

Car face à "ceux qui essaient de nous faire croire que [la vie] est une saloperie", le réalisateur se pose en éternel optimiste. "L'époque que nous vivons est la plus belle de toutes. On sait que les choses ne se passent jamais comme on les avait imaginées", a-t-il détaillé. "Le présent est d'une telle force que jamais il n'a pu [se laisser] surpassé par le passé, qui est un mort qu'on prend dans ses bras, [ni par] le futur qui est un tel point d'interrogation qu'il file la trouille à tout le monde."

"Les comédiens sont des enfants qui font rêver la terre entière"

Le cinéma de Claude Lelouch est aussi façonné par la relation que le réalisateur entretien avec ses acteurs et ses actrices. "J'adore les comédiens parce que ce sont des enfants et qu'ils font rêver la terre entière", a-t-il souligné. "C'est à travers eux qu'on peut supporter beaucoup de misère. Je sais que les grands comédiens sacrifient leur vie au public, ils acceptent de faire partager leurs cicatrices, leurs joies. Les grands comédiens jouent avec la vie."

Amoureux du présent et des comédiens, Claude Lelouch revendique également de l'être des humains. Celui qui "ne croit pas aux super-héros et aux super-salauds" estime que "dans la vie, il y a des gens qui sont un peu moins dégueulasses que d'autres". "En fonction de l'humeur du jour, de la météo humaine, on est capable de tout. Ce sont toutes ces possibilités qui ont fait mon cinéma. J'aime le genre humain surtout avec ses défauts car c'est avec les défauts que [les hommes] sont plus photogéniques que le reste. C'est avec la merde du monde que Victor Hugo et Balzac ont écrit leurs plus beaux livres."