Planification écologique de Macron : la France peut-elle (vraiment) sortir du charbon d'ici à 2027 ?

Centrale à Charbon Cordemais
La centrale à charbon de Cordemais devrait être reconvertie à la biomasse. © Laetitia Notarianni / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Yanis Darras // Crédit photo : Laetitia Notarianni / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche que la France sortira définitivement du charbon en 2027. Actuellement, deux centrales fonctionnent encore avec cette énergie fossile, particulièrement émettrice en CO2. Mais ce n'est pas la première fois que le président annonce vouloir se passer du charbon. Alors, la France peut-elle vraiment en sortir ? Europe 1 fait le point.

Sortir du charbon au maximum en 2027. C'est l'objectif que s'est fixé Emmanuel Macron ce dimanche lors de son interview télévisée sur les chaînes TF1 et France 2. "La première chose, et c'est le combat qu'on doit mener pour le pays et à l'international, on doit sortir du charbon, c'est une énergie fossile et la plus polluante", a déclaré le président de la République. Mais est-ce un objectif réaliste ? 

Une fermeture déjà repoussée plusieurs fois...

La France travaille depuis plusieurs années à réduire sa dépendance au charbon. Ainsi, alors que la production électrique tournait autour des 30 TWh par an en 1990, l'Hexagone ne produisait plus que 3 TWh grâce à ses centrales à charbon en 2022, souligne RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l'électricité en France. Lors de son élection en 2017, Emmanuel Macron avait même annoncé vouloir en finir avec ce type de centrale, dès 2022. Mais l'invasion russe, conjuguée à la mauvaise santé du parc nucléaire cette année-là, ont rebattu les cartes et ont poussé l'Hexagone a finalement autorisé ses deux dernières centrales à charbon (Cordemais en Loire-Atlantique et Saint-Avold en Moselle), à produire quelques mois de plus. L'objectif était alors d'arrêter la production d'ici à l'hiver 2024. 

Mais voilà qu'Emmanuel Macron révise une nouvelle fois ses plans et vise désormais la fin de son deuxième mandat pour arrêter définitivement la consommation de charbon, indispensable pour tenir les objectifs en matière des réductions d'émissions de CO2. À la place, le chef de l'État souhaite que ces deux centrales électriques soient reconverties pour fonctionner à la biomasse. 

... mais qui reste possible, sous conditions

Une bonne idée, alors que le réseau électrique va faire face à trois défis dans les prochaines années : l'augmentation de la consommation, l'incertitude du niveau de production nucléaire et la multiplication des énergies renouvelables, appelant à plus de flexibilité sur le réseau. Un point d'ailleurs soulevé dans le dernier rapport de RTE sur les défis qui attendent la production d'électricité en France d'ici à 2035, dans le cadre de la transition énergétique.

Ainsi, le gestionnaire se questionne sur l'avenir de ces centrales à charbon dites "pilotables", qui peuvent se démarrer ou s'éteindre rapidement au gré des besoins. Les centrales à houille servent surtout à répondre aux besoins électriques plus importants l'hiver que le reste de l'année, notamment pendant des périodes d'anticyclone ou le vent (et donc la production éolienne) est faible, et les températures basses. Pour RTE, la fermeture définitive de ces infrastructures ne pourra se faire qu'à la condition "d'une disponibilité élevée du parc nucléaire, et notamment du fonctionnement nominal de l'EPR de Flamanville" pour remplacer la centrale de Cordemais, "du fait des contraintes spécifiques sur l’alimentation de la Bretagne", précise-t-il. 

Ainsi, si ces centrales sont reconverties à la biomasse, la France gardera des capacités pilotables tout en se passant de charbon et pourra venir en aide au nucléaire et aux énergies renouvelables lors des pics de consommation.