Coupe du monde/France-Argentine : Mbappé leur a tout fait

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Kylian Mbappé salue Lionel Messi après la qualification des Bleus pour les quarts de finale, samedi. © Luis Acosta / AFP
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avec T.M. , modifié à
La star du PSG a inscrit un doublé lors de la victoire spectaculaire des Bleus, samedi, face à l'Argentine, en huitièmes de finale (4-3).

Mbappé rejoint Pelé. N'y voyez pas une comparaison exagérée, il s'agit simplement d'un fait statistique. En signant un doublé, samedi, en huitièmes de finale de la Coupe du monde contre l'Argentine (4-3), Kylian Mbappé, 19 ans et 6 mois, est devenu le deuxième plus jeune joueur de l'histoire à réaliser cette performance depuis Pelé, qui avait mis deux (et même trois) buts face à la… France, en demi-finales, en 1958 (5-2). En donnant l'avantage aux Bleus à la 64e minute, Mbappé, qui avait déjà inscrit le but de la victoire, ô combien important, contre le Pérou (1-0), était déjà devenu le plus jeune joueur à faire trembler les filets au moins deux fois lors d'un Mondial depuis l'Anglais Michael Owen en 1998.

Mais le match de Kylian Mbappé n'est pas qu'une affaire de records battus ou de précocité, c'est d'abord un match de football. Et quel match ! On a rapidement compris que l'ancien prodige de l'AS Monaco allait peser sur la rencontre. Il était en jambes, c'est sûr. Et les défenseurs argentins les avaient lourdes, aussi. À la 11e minute de jeu, Mbappé est parti de sa moitié de terrain, a semé Javier Mascherano puis obligé Marcos Rojo à commettre une faute, qui a amené le penalty transformé par Antoine Griezmann. Six minutes après l'ouverture du score, c'est cette fois sur une longue ouverture de Pogba que Mbappé a mis au supplice Nicolas Tagliafico, obligé de commettre une faute qui aurait pu valoir un carton rouge (19e).

Un dragster, mais pas seulement. Et Mbappé, ce n'est pas simplement qu'un dragster (il a été "flashé" à 37 km/h sur l'action amenant le penalty !). C'est aussi un joueur capable de faire la différence, sur un geste, dans les petits espaces. Le premier de ses deux buts samedi en est un bel exemple. Après une frappe contrée de Blaise Matuidi, le n°10 des Bleus a tout de suite su quoi faire du ballon, emmener son défenseur avec un crochet du droit avant d'enchaîner avec une frappe du gauche. Certes, le gardien argentin Franco Armani n'est pas irréprochable sur le coup, mais c'est la spontanéité de Mbappé qui l'a trompé. Sur son deuxième but, Mbappé a démontré deux autres de ses qualités : le placement et la justesse devant le but. Le placement, car il a offert la possibilité de passe qu'il fallait à Olivier Giroud. La justesse, car son intérieur du pied droit est allé se loger dans le petit filet opposé du but argentin.

"Être capable d'être au rendez-vous lors d'un match aussi important rappelle ce qu'il avait montré à Monaco en Ligue des champions", a souligné Arnaud Hermant, journaliste à L'Équipe, dans Bons baisers du Mondial, sur Europe 1. "Depuis le début du tournoi, il manquait parfois de simplicité. Là, il a vraiment joué sur ses qualités. C'est ça qui est très fort. À 19 ans, être capable d'être la clef de voûte de tout un pays. C'est lui qui amène les Bleus en quarts de finale."

Et le héros, qu'a-t-il pensé de sa performance ? "Je me sentais bien, comme mes coéquipiers", a-t-il convenu avec son naturel teinté d'assurance. "On s'est dit qu'on voulait faire de belles choses après une phase de groupe compliquée. Là, contre une grande équipe, contre de grands joueurs, on a réussi à faire un match plein. C'est bien, la Coupe du monde, c'est une grande compétition, tous les joueurs sont là. C'est flatteur pour moi mais ça ne va pas m'empêcher de travailler et, surtout, d'aller le plus loin possible en Coupe du monde." Mbappé a de l'ambition. Et un sacré caractère aussi. "On a dit que je boudais la presse, pas du tout", a-t-il réagi à sa sortie du terrain. "Je ne voulais pas être le porte-parole des Bleus, ce n'est pas mon rôle. Mon rôle, c'est de jouer sur le terrain, il y a des cadres pour ça." Et jouer sur le terrain, il le fait (très) bien.