Les acteurs du Top 14 espèrent reprendre le cours de la saison, malgré la crise sanitaire. 10:33
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Axel May avec Julien Froment
A l’instar du football, le rugby travaille en coulisse à une reprise du Top 14. Protocole santé, calendrier, sponsoring, Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait avec le Docteur Bernard Dusfour, responsable de la commission médicale de la Ligue nationale de Rugby (LNR) et avec Yann Roubert, président du club de Lyon.

A quoi ressemblera la reprise du championnat de rugby ? Seule certitude, la Ligue nationale (LNR) a d’ores et déjà  abandonné cette semaine l’un des 2 scénarii sur laquelle elle planchait, à savoir des phases finales du Top 14 d’ici mi-juillet, les modalités de déconfinement n’étant pas encore tout à fait connues - elles le seront mardi avec les annonces du Premier ministre Edouard Philippe.

"Ils sont restés deux mois sans rien faire"

 

Reste donc le scénario numéro 2, si  reprise il y a. L’idée serait de jouer les demi-finales et une finale à la fin de l’été. Pourquoi aussi tard ? Pour réathlétiser les rugbymen, qui auront besoin d’au moins deux mois. "Ce qu’il faut, c’est ne pas faire n’importe quoi, leur dire : ‘voilà vous avez un ballon vous pouvez jouer.’ Ça, ce n’est pas possible", explique à Europe 1, le Docteur Bernard Dusfour, responsable de la commission médicale de la Ligue nationale de Rugby (LNR). Ils sont restés deux mois sans rien faire. C’est un peu la différence avec le foot, c’est une question de sécurité."

Mais avant de penser à la reprise, il faudra d’abord retrouver les chemins de l’entraînement. Comme pour le football, la semaine du 11 mai pourrait servir à tester les joueurs. "Quand ils arrivent, on les teste et on divise en trois groupes : 'toi, tu n’es pas guéri, tu rentres à la maison, on va s’occuper de toi mais tu ne remets pas les pieds au club. Deuxième cas, tu as rencontré  le virus, mais tu es guéri. Lui, on va le faire repartir mais avec une surveillance très sérieuse', il aura le bilan cardiologique le plus poussé", détaille Bernard Dusfour. "Ensuite, il y aura le groupe de joueurs où ce sera : toi tu n’as rien rencontré, tu vas te remettre au sport mais on va te surveiller de près quand même et on va te protéger pour que tu n’attrapes pas le virus."

Le protocole santé du rugby est encore à l’état de "canevas,  il y a des petits groupes de travail et les échanges continuent", précise le médecin de la LNR. "La conclusion, c’est que l’apport scientifique de tout le monde est important." Une fois tous ces prérequis admis, la reprise pourra alors s’effectuer. Vraisemblablement à la fin du mois d’août, sous forme de phases finales, en se basant sur le classement actuel. Ce qui donnerait comme affiches pour les demi-finales Bordeaux-Bègles contre Toulon et Racing 92 face au Lou.

"Une finale au Stade de France à huis clos serait sinistre"

Un scénario qui plaît forcément au président du Lyon olympique universitaire rugby (Lou), Yann Roubert : "Tant qu’il y a de l’espoir, on y croit et on se dit que ce serait la solution du moindre mal. Ce serait la moins mauvaise. Effectivement, on espère pouvoir rejouer au rugby à la fin du mois d’août. Cela voudrait dire que c’est bon signe, le pays serait un peu reparti et on pourrait enfin rejouer au rugby", estime le patron du club rhodanien, deuxième du top 14, et qui récupérera son ancien joueur Mathieu Bastareaud, de retour de son escapade new-yorkaise.

Quant à savoir si les matches devront se disputer en public ou non, Roubert a sa petite idée : "Evidemment qu’on aimerait avoir du public, car une finale au Stade de France à huis clos ce serait sinistre. Mais ça ne dépend pas de nous, on respectera les conditions sanitaires." Hormis ces phases finales, le reste du classement devrait rester figé : "A priori, il y aura ni relégation, ni montées, c’est une solution imparfaite, parfois injuste. Il y a beaucoup d’incongruités dans cette formule, mais on se dit que c’est sans doute la moins mauvaise", avance fataliste le patron du Lou.

Le Covid-19, un impact financier énorme sur le Top 14

Le gendarme financier du rugby professionnel, la DNACG, tire de son côté la sonnette d’alarme : la crise financière, qu’est en train d’engendrer la crise sanitaire, met en danger de nombreux clubs professionnels. Selon  la Direction nationale d'aide et de contrôle de gestion, plus de la  moitié des clubs du  top 14 risquent d’avoir de graves problèmes de trésorerie la saison prochaine, en raison des pertes de sponsoring, qui représente une part énorme du budget des clubs.

"Il y  a des clubs qui vont perdre entre 30 et 40% en sponsoring", prévient Bernard Pontneau, le président de la section  paloise. "Alors aujourd’hui, faire un budget, c’est très compliqué. Alors, on baisse son niveau de vie, il n’y a pas le choix. Il faut rogner sur les masses salariales." La Ligue nationale de rugby, afin d’aider les clubs en difficulté, a prévu d’emprunter 15 millions d’euros.