Tennis-Open d'Australie : Djokovic-Tsonga, des retrouvailles onze ans après

Tsonga et Djokovic lors de la finale de l'Open d'Australie 2008 (1280x640) TORSTEN BLACKWOOD / AFP
Jo-Wilfried Tsonga et Novak Djokovic s'étaient affrontés pour la première fois en finale de l'Open d'Australie 2008. © TORSTEN BLACKWOOD / AFP
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avec AFP , modifié à
Onze ans après la finale qui les avait opposés en 2008, les deux joueurs, aux trajectoires opposées, se retrouvent jeudi au deuxième tour de l'Open d'Australie. 

C'était la finale des jeunes espoirs du tennis mondial. Le 27 janvier 2008, à l'Open d'Australie, Novak Djokovic, 20 ans, qui venait déjà d'atteindre la finale à l'US Open, affronte Jo-Wilfried Tsonga, 22 ans, qui vient de dominer Rafael Nadal en demi-finales, à la surprise générale. À l'issue d'un match serré, le Serbe s'impose en quatre manches (4-6, 6-4, 6-3, 7-6[2]) et remporte le premier titre du Grand Chelem de sa carrière. Près de onze ans plus tard, les deux joueurs vont se retrouver jeudi soir sur la même Rod Laver Arena, toujours en session de nuit, mais cette fois pour un "simple" deuxième tour. Les onze années écoulées n'ont pas eu forcément la même saveur pour "Djoko", devenu l'une des légendes du tennis mondial aux côtés de Roger Federer et de Rafael Nadal, et pour "Jo", référence du tennis français mais dont la carrière a été perturbée par les blessures.

Djokovic n°1, Tsonga 177ème. C'est d'ailleurs en raison d'une année 2018 perturbée par les blessures que Jo-Wilfried Tsonga ne pointe aujourd'hui qu'à la 177ème place mondiale du classement AFP et que cette affiche Djokovic-Tsonga est possible dès le deuxième tour. "C'est le bout d'un périple assez long, certainement pas terminé, mais c'est déjà une bonne récompense de pouvoir jouer contre Novak sur un grand court", s'est réjoui le joueur français. "Si je suis encore sur le circuit, c'est pour vivre ces moments-là. J'espère que je vais me régaler et faire un grand match." Tsonga, battu lors du deuxième simple par Marin Cilic en finale de la Coupe Davis, a atteint au début du mois les demi-finales du tournoi de Brisbane, où il a été battu par Daniil Medvedev. "Après la période que j'ai passée, c'est un clin d’œil sympa de retrouver (Novak Djokovic) en Australie", souligne le Manceau. "C'est comme si j'étais de retour en 2008 : les gens attendent moins de moi, je travaille de mon côté et j'essaie de revenir, de progresser."

"J'ai beaucoup de respect pour Jo". Djokovic, lui, est revenu. Entendre, le grand Djokovic. Après n'avoir joué qu'une demi-saison 2017, en raison d'un coude (et d'une tête) en vrac, le Serbe, redevenu indiscutable n°1 mondial sous la houlette de son entraîneur historique Marian Vajda, a gagné coup sur coup Wimbledon, l'US Open, ainsi que les Masters 1000 de Cincinnati et de Shanghai, et a également atteint les finales au Masters 1000 de Paris-Bercy et au Masters, à Londres. Mardi, pour son entrée en lice en Australie, le "Djoker" n'a pas trop souffert pour se sortir des griffes de l'Américain Mitchell Krueger (6-3, 6-2, 6-2) et s'avancera en grand favori, jeudi. "J'ai beaucoup de respect pour Jo. Je suis impatient", a-t-il souligné à l'évocation de ces retrouvailles.

Quatorze titres en Grand chelem d'un côté, une finale de l'autre. Les chiffres sont cruels avec le joueur français. Depuis ce fameux match du 27 janvier 2008, où les deux joueurs disputaient leur première finale en Grand Chelem, Djokovic a remporté treize autres titres en Majeur et disputé neuf autres finales. Tsonga, lui, n'a plus disputé d'autre finale en Grand Chelem. "Quand je suis arrivé (en Australie) en 2008, je ne me disais pas que j'étais capable de battre les meilleurs joueurs du monde, il n'y avait pas beaucoup de chances que ça arrive, même si au fond de moi, j'essayais d'y croire", a retracé Tsonga en conférence de presse. "C'est une défaite qui m'a fait très mal parce qu'elle m'a propulsé très vite dans un cercle de joueurs auquel je n'étais pas préparé. D'un coup, je passais du petit gars de Savigné-l'Évêque qui allait à la pêche avec ses potes dans la Sarthe à un finaliste en Grand Chelem !"

Malgré la défaite, cette finale avait permis à Tsonga de grimper dans le top 20. Il s'est ensuite installé durablement dans les dix meilleurs mondiaux (six années terminées dans le top 10 entre 2008 et 2015) et comme leader du tennis français. Mais il reste aujourd'hui loin, très loin, du Serbe en termes de palmarès. Les raisons sont connues, et elles durent depuis onze ans (la finale de Tsonga reste la dernière du tennis masculin français en Grand Chelem), voire depuis plus de 35 ans et la dernière victoire en Majeur d'un joueur français, Yannick Noah, à Roland-Garros, en 1983 : une question de talent, peut-être, de chance un peu aussi, mais surtout d'ambition, de travail et de quête effrénée de la performance, ce qui nourrit les Nadal, Federer ou Djokovic.

Six victoires en 22 confrontations pour Tsonga. Pourtant, Tsonga en est en capable, de performances. Il est devenu au fil du temps un des trois seuls joueurs, avec l'Écossais Andy Murray et l'Argentin Juan Martin Del Potro, à avoir battu le "Big three", Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, quand ils étaient n°1 mondiaux. Tsonga est aussi le joueur qui a le plus souvent battu Djokovic derrière Nadal, Federer et Murray : il l'a dominé à six reprises, en 22 confrontations. Sa victoire la plus prestigieuse, il l'a acquise à l'Open d'Australie, en 2010, en quarts de finale (7-6[8], 6-7[5], 1-6, 6-3, 6-1). Mais sur les treize derniers matches ayant opposé les deux hommes, Tsonga n'a eu le dernier mot qu'à une seule reprise. S'il venait à battre Djokovic jeudi, ce serait un exploit. S'il s'inclinait, ce serait simplement la logique. Et cela fait maintenant onze ans que ça dure…