Tennis : Juan Martin Del Potro, l’homme de verre peut-il briller sur la durée ?

La joie intense de Del Potro après sa victoire à Indian Wells.
La joie intense de Del Potro après sa victoire à Indian Wells. © Harry How / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Juan Martin Del Porto a remporté, dimanche, une magnifique victoire contre Roger Federer en finale du Masters 1000 d’Indian Wells. Le colosse argentin espère désormais ne plus être trahi par son corps.

Seul un chef-d’œuvre de tennis pouvait faire chuter le maître Federer. Juan Martin Del Porto a décroché battu le numéro 1 mondial, invaincu jusqu’ici cette année, au Masters 1000 d’Indian Wells, dimanche à l’issue d’une finale sublime (6-4, 6-7[8], 7-6[2]). L’Argentin, victime d’innombrables blessures au point d’envisager la retraite il y a quelques années, a affiché un niveau de jeu ahurissant pour remporter son premier succès en Masters 1000.

Neuf ans après son unique succès en Grand Chelem à l’US Open (face à ce même Federer) et une longue traversée du désert, Del Potro connaît une spectaculaire deuxième jeunesse depuis quelques mois et s’affirme comme un sérieux prétendant pour la suite de la saison. A condition que son corps le laisse en paix.

  • Il revient de très loin

L’immense joie de Juan Martin Del Potro, dimanche après son succès au bout de presque trois heures d’effort, doit être lue à l’aune de ses déboires passés. A 29 ans, la "Tour de Tandil", son surnom en référence à sa taille et à sa ville de naissance, revient de l’enfer. Il est loin le temps où ce grand dadet d’1,98 m s’affirmait comme l’un des plus grands espoirs du circuit ATP, quand, en 2009, il remportait l’US Open puis, quelques mois plus tard, le Masters, à l’âge de 20 ans. Sauf que l’éclosion de ce géant à la puissance de feu dévastatrice a été freinée, quelques mois plus tard, par une première blessure au poignet. La douleur, trop vive, le force alors à l’opération. Il revient en 2011 et réussit, un an plus tard, à décrocher le bronze olympique à Londres, avant une demi-finale à Wimbledon en 2013.

Mais début 2014, patatras : à nouveau blessé au poignet, il doit repasser sur le billard. L’Argentin, meurtri dans son corps et dans sa tête, ne s’en sort pas et pense même à tout arrêter. "J’ai traversé une sale période", s’est remémoré dimanche Del Potro, interrogé après sa victoire contre Federer. C’est un euphémisme : entre 2014 et 2016, il passe presque deux ans sans jouer et plonge au-delà de la 1.000eme place mondiale.

  • Il a repris goût à la victoire

2016 sera l’année de la renaissance. Après quelques mois pour retrouver son niveau, l’Argentin signe un immense exploit en décrochant, contre toute attente, l’argent aux Jeux olympiques de Rio après une défaite en finale contre Andy Murray. Dans la foulée, il atteint les quarts de finale de l’US Open, avant ce qui reste l’un des plus grands moments de sa carrière : la victoire en Coupe Davis avec l’Argentine contre la Croatie, à Zagreb. Fêté comme un héros, Del Potro a su capitaliser sur le premier Saladier d’Argent de l’histoire de son pays.

En 2017, il atteint ainsi les demi-finales à l’US Open (éliminé par Nadal), son meilleur résultat en Grand Chelem depuis son retour à la compétition. Cette année, le colosse argentin a déjà remporté le tournoi d’Acapulco (ATP 500), fin février, juste avant son exploit à Indian Wells. Libéré de toute pression, Del Potro aspire désormais à enchaîner les victoires. "C'est super pour moi, mais il va falloir continuer à travailler. Je ne me soucie pas de poursuivre mon ascension au classement, les chiffres ne m'intéressent pas. Je veux juste continuer à gagner des titres comme celui-ci, si je peux", a assuré l’Argentin après son succès de dimanche.

  • Il a à nouveau confiance en lui

Del Potro en est conscient : pour pouvoir durer, son corps va devoir le laisser tranquille. "Je vais devoir tenter de rester en bonne santé tout au long de la saison, et jouer là où j'aime jouer", a convenu le nouveau 6eme mondial. L’Argentin a au moins retrouvé le plaisir du tennis, perdu lors de sa traversée du désert.

"Je me surprends moi-même tous les jours, je n'aime pas me comparer avec le joueur que j'étais il y a quelques années. Tout ce que je peux dire, c'est que je prends à nouveau beaucoup de plaisir à jouer", s’est-il satisfait. Pour l’Argentin, tous les feux sont au vert.

  • Il peut profiter des déboires des cadors

Bien dans son corps et dans sa tête, Del Potro pourrait également profiter ces prochaines semaines de circonstances favorables pour s’affirmer comme le principal danger pour Roger Federer. Car pendant que le Suisse enchaîne les succès (17 victoires consécutives avant sa défaite de dimanche), Novak Djokovic, Andy Murray et, dans une moindre mesure, Rafael Nadal, courent après leur meilleure forme.

Et surtout, Del Potro est l’un des rares joueurs à ne pas faire de complexe face au maestro suisse. Oui, Federer mène largement aux confrontations directes (18-7), mais l’Argentin l'a battu lors de leur dernier affrontement en Grand Chelem (quarts à l'US Open) et a remporté quatre de leurs six rencontres en finale (US Open 2009, Bâle 2012 et 2013, Indian Wells 2018). Il lui reste désormais à décrocher un deuxième titre du Grand Chelem. Face à Federer en finale ?