Rugby : l'ASM demande aux prud'hommes de suspendre le contrat de Mohamed Haouas

A l'issue de la condamnation du joueur, l'ASM avait annoncé que celui-ci ne pourrait "pas porter, sur le terrain, les couleurs" du club.
A l'issue de la condamnation du joueur, l'ASM avait annoncé que celui-ci ne pourrait "pas porter, sur le terrain, les couleurs" du club. © Sylvain THOMAS / AFP
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avec AFP
Alors que le joueur Mohamed Haouas a été condamné pour avoir frappé sa femme, le club de l'ASM où celui-ci devait évoluer la saison prochaine, a demandé aux Prud'hommes de suspendre son contrat de travail. Le club d'Auvergne estime avoir été "trompé" par le joueur sur son "comportement", au delà de sa condamnation pour violences conjugales.

L'ASM Clermont Auvergne a demandé mercredi au conseil des Prud'hommes de Clermont-Ferrand de suspendre le contrat de travail du joueur Mohamed Haouas, condamné pour avoir frappé sa femme et qui selon le club n'a pas respecté les "critères d'éthique et de déontologie du rugby français". Le pilier international de 29 ans, qui devait rejoindre l'ASM le 1er juillet pour trois saisons, est arrivé à l'audience en compagnie de son épouse dans une voiture portant le sigle du club. Il n'a pas souhaité s'exprimer.

"Le contrat de travail de Mohamed Haouas renvoie au règlement de la Fédération française de rugby et à sa charte" qui demande aux joueurs "d'adopter un comportement exemplaire en toute circonstance", a déclaré à l'audience Me Patrick Puso, avocat de l'ASM.

"Trompé" par le joueur

Au-delà de sa condamnation pour violences conjugales, l'ASM estime avoir été "trompée" par le joueur et son club actuel de Montpellier sur son "comportement", notamment ses problèmes d'alcool qui lui ont valu plusieurs passages au commissariat, ou d'argent. "Ce n'est pas le profil que nous avons embauché", alors que Mohamed Haouas a le devoir de "respecter les critères d'éthique et de déontologie du rugby français".

 

En conséquence, l'avocat a saisi le conseil des prud'hommes en référé pour suspendre son contrat de travail qui doit débuter en juillet, avant une audience sur le fond en septembre. Le conseil rendra sa décision lundi. Me Puso a argué de "dommages imminents" pour le club auvergnat, évoquant le départ de partenaires ou les résiliations d'abonnement. 

Une situation "ubuesque" selon la défense

En défense, Me Arnaud Dubois a de son côté dénoncé une situation "ubuesque". Mohamed Haouas n'est "pas un produit mais un joueur de rugby" auquel "on veut interdire de travailler et de nourrir sa famille", a-t-il déclaré. "C'est sur la base de ses qualités de joueur professionnel qu'il a été débauché par l'ASM", a-t-il ajouté devant la presse. Selon lui, "il paraîtrait invraisemblable qu'un conseil des prud'hommes, organe constitué pour défendre l'intérêt des salariés, décide qu'un salarié n'a pas le droit de travailler et ne plus être payé dans l'attente d'un jugement sur le fond".

"Le club de Clermont s'exonère de ses responsabilités en qualité d'employeur (...) et sollicite le conseil des prud'hommes pour que celui-ci prenne une décision à sa place. C'est scandaleux", a-t-il ajouté. A l'audience, il a réclamé 390.000 euros à titre de provision à valoir sur la "rupture anticipée du contrat de travail" et 50.000 euros au titre du préjudice moral.

 

A l'issue de la condamnation du joueur, l'ASM avait annoncé que celui-ci ne pourrait "pas porter, sur le terrain, les couleurs" du club. Le pilier aux 16 sélections en équipe de France, jugé en comparution immédiate, a été condamné à un an de prison ferme le 30 mai dernier par le tribunal correctionnel de Montpellier pour avoir frappé sa femme devant le centre commercial où elle travaille. 

Sa peine est aménageable et ses conditions seront discutées lors d'une nouvelle audience lundi.