Roland-Garros : en s'imposant face à Djokovic, Nadal offre «un chef-d’œuvre hors du temps»

En s'imposant face à Djokovic, Nadal offre un chef d’œuvre hors du temps. 2:56
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Virginie Phulpin , modifié à
Rafael Nadal a sorti Novak Djokovic au bout de la nuit à Roland Garros. Une victoire en quatre sets et en plus de quatre heures de jeu dans ce quart de finale entre les deux géants. Pour l'éditorialiste sport de la matinale d'Europe 1, Virginie Phulpin, cet affrontement est un de ces matches qui font l'histoire du tournoi.
EDITO

Ce match a marqué les cœurs et les esprits. Deux titans du tennis se sont affrontés jusqu'à une heure et demie du matin dans la nuit de mardi à mercredi en quart de finale de Roland-Garros : Rafael Nadal face à Novak Djokovic. Selon notre éditorialiste Virginie Phulpin, ce monument auquel le monde entier a assisté valait bien quelques bâillements intempestifs ce mercredi. Car c’est le genre de match où on peut dire : "J’y étais, je l’ai vu, ou je l’ai écouté sur Europe 1."

Ce match n'a pas tenu ses promesses, il est allé au-delà

"Rafael Nadal et Novak Djokovic l’ont dit tous les deux après, elle est un peu tardive, cette session de nuit, quand même. Les enfants étaient couchés depuis longtemps quand le roi de la terre a repris les clés du court central. Mais ils nous ont offert un moment d’éternité et la froide nuit parisienne, cette humidité qui rendait la terre battue plus collante, plus glissante a aussi participé à construire ce chef-d’œuvre hors du temps.

Quand un match est aussi attendu, quand on sait dès le départ que ça va être l’affiche de la quinzaine, on est souvent un peu déçu. Votre meilleure soirée de l’année est rarement celle dont vous avez coché la case sur le calendrier. Ce match n’a pas tenu ses promesses, il est allé bien au-delà. Pas toujours pour le niveau de jeu, mais pour l’intensité, l’émotion, la dramaturgie.

Rafael Nadal a commencé en prenant Novak Djokovic à la gorge, en l’empêchant de respirer. Cela a duré un set et demi, avant que le numéro 1 mondial ne retrouve tout son mordant. C’était long, âpre, disputé. Égalité, avantage, égalité, avantage, beaucoup de jeux duraient plus de 10 minutes sans que l’on sache de quel côté la balance allait pencher.

Parce que ces deux-là ne sont pas faits comme vous et moi, parce que ce sont deux des meilleurs joueurs de l’histoire. Quand ils s’affrontent, même pour la 59e fois, on en redemande jusqu’au bout de la nuit. 

Novak Djokovic a été immense, mais Rafael Nadal est éternel

Le grand favori de ce quart de finale, c’était Novak Djokovic. Rafael Nadal est fatigué, Rafael Nadal a mal au pied, Rafael Nadal n’aime pas jouer la nuit. Il y a trois semaines, il était plus près du forfait que des demi-finales. On avait plein de raisons de ne pas y croire.

Il le dit souvent : "Je m’autorise à mal jouer mais je ne m’autorise jamais à ne pas y croire." Quand Novak Djokovic a égalisé à un set partout, on pouvait se dire que c’était fini pour Nadal, qu’il ne pourrait pas tenir le choc physiquement. Cela fait 17 ans qu’on se fait avoir. Ce joueur-là n’est pas fait comme les autres. Il sait puiser au fond de lui-même pour s’imposer. Et quand il est à Roland-Garros, la magie opère, il défend sa terre, celle qui l’a vu triompher 13 fois déjà, celle sur laquelle il restera à jamais le meilleur de l’histoire du tennis.

Rafael Nadal peut rêver à une 14e couronne. Il fêtera d'ailleurs ses 36 ans vendredi en demi-finales avec un éternel sourire de gamin heureux d’être là."