INEDIT - «Quand tu as vu la mort de près...» : le cauchemar de Yannick Noah à la veille de son triomphe à Roland-Garros

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Romain Rouillard (propos recueillis par Jacques Vendroux) / Crédit photo : AFP , modifié à
Au terme d'une formidable épopée au cœur de ce printemps 1983, Yannick Noah se présente en finale de Roland-Garros face au Suédois et tenant du titre Mats Wilander. Mais dans la nuit précédant ce match pour l'histoire, le Français voit la victoire lui échapper dans un cauchemar plus vrai que nature. Une expérience qu'il raconte au micro de Jacques Vendroux dans le podcast "Yannick Noah, entre vous et moi".

Plus qu'une marche à gravir. Pour Yannick Noah comme pour tous les Français, l'espoir d'une consécration à Roland-Garros devient enfin concret en ce samedi 4 juin 1983. Ce jour-là, le tennis tricolore n'est plus qu'à 24 heures d'un exploit retentissant dont le futur capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis sera l'acteur majeur. Une rencontre historique que Yannick Noah jouera... à deux reprises. Le dimanche 5 juin, où il triomphera face au Suédois et tenant du titre Mats Wilander dans un court central effervescent, mais aussi dans la nuit du samedi au dimanche lors d'un rêve que l'ancien champion raconte dans les moindres détails. Et au cours duquel cette finale inédite prenait une tout autre tournure. 

 

"J'ai rêvé que j'avais perdu le match", révèle Yannick Noah au micro de Jacques Vendroux. Un cauchemar dont il n'a rien oublié. "Il y a des moments où je suis monté à mauvais escient. D'autres où j'aurais dû attaquer. Il y a des moments où j'aurais dû prendre ma chance. Et finalement je perds". Une conclusion malheureuse qui s'accompagne très vite d'une intense douleur.

 "Quand tu perds à ce niveau-là, tu n'es pas loin de te dire 'je pourrais crever, tellement ça fait mal'. Il y a des matchs, quand tu les perds, tu mets des semaines à dormir, à manger, tu ne peux même plus penser à aller à l'entraînement". Yannick Noah en était convaincu : c'est bel et bien ce scénario qui se dessinait. 

"Quand je me suis réveillé, mon esprit était dans la tombe" 

Car à son réveil, le champion ne réalise pas tout de suite que cette sombre histoire n'a jamais eu lieu. Et qu'il lui appartient encore d'écrire la sienne sur la terre battue parisienne. "Quand je me suis réveillé, mon esprit était dans la tombe", se souvient Noah. C'est alors qu'intervint son père. "Et là, j'entends 'toc toc toc', c'est papa qui frappe à la porte et me dit 'Yann, tu es prêt ? Tu as bien dormi ?' Et là, je ne sais pas ce qu'il s'est passé car pour moi, on est lundi et j'ai paumé ! Je connais ce feeling. Et là je m'aperçois que j'ai rêvé". 

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L'intéressé ose ensuite la comparaison. "Quand tu as vu la mort de près, la vie tu la vois différemment. C'est un truc de fou la force que tu as quand tu as failli crever... Ce n'est pas la même chose." Ce rêve agira comme une dose d'adrénaline et de motivation supplémentaires pour Noah. "Quand je me suis levé de mon lit. C'était comme si, dix minutes plus tard, j'avais une deuxième chance d'aller rejouer le match". Après un ultime entraînement, un arrêt au bureau de tabac et un déjeuner "au milieu des gens qui allaient tous à Roland", le voilà fin prêt pour en découdre. "J'étais serein, j'étais bien. Et ce que je trouve hallucinant, c'est la tronche que j'avais. J'étais en mission et je trouve ça extra", conclut-il. 

Pour écouter en intégralité le récit intime et rare de Yannick Noah sur les moments les plus forts de sa vie, retrouvez le podcast "Yannick Noah, entre vous et moi" produit par Europe 1 Studio sur votre plateforme d’écoute préférée .