Plongée dans le "classicisme absolu" du Tour de France 1964 avec le duel Anquetil-Poulidor

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François Dujarrier , modifié à
Son duel avec Jacques Anquetil dans le puy de Dôme sur le Tour de France 1964 restera comme l'une des rivalités les plus fortes dans l'histoire du Tour de France. Auteur de "Duel sur le volcan", Christian Laborde a longuement évoqué cette course mythique du 12 juillet 1964 au micro de Christophe Hondelatte.

Plus qu'un mythe, une légende. Le Tour de France 1964 et son duel épique entre Raymond Anquetil et Raymond Poulidor a marqué plus d'une génération. Battu une fois de plus, Raymond Poulidor disait à l'issue de la course : "Je suis heureux, je suis très heureux". Et c'est là la grande différence entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor selon Christian Laborde, auteur de "Duel sur le volcan", aux éditions Albin Michel. "Jacques Anquetil est heureux quand il gagne, Raymond Poulidor est heureux quand il pédale".

Et cette rivalité sportive entre les deux hommes connut son apogée sur les pentes du puy de Dôme le 12 juillet 1964. Invité du débrief de Christophe Hondelatte qui a consacré un de ses récits au mythe Raymond Poulidor, sur Europe 1, Christian Laborde a replongé dans les conditions du direct pour raconter les derniers kilomètres de cette étape. " Ils sont là, côte à côte et c'est Anquetil qui mène la danse. Dans cette montée, il y a des erreurs tactiques. Alors que c'est à Raymond Poulidor d'attaquer, qui voit-on ? Julio Jiménez et Féderico Bahamontes. Deux Espagnols. Et là, Anquetil se frotte les mains. Pourquoi ? Parce que les deux Espagnols vont aller prendre les points de bonification en gagnant au sommet. Des points qui vont échapper à Raymond Poulidor.

Ensuite, l'idée d'Anquetil va être de tenir au maximum. Les espagnols sont partis et Raymond Poulidor n'est pas avec eux", résume le spécialiste. "C'est son erreur, il reste avec Anquetil et Anquetil va tout faire pour tenir la roue de Poulidor. Et il va tenir ! Non pas jusqu’à 1 km mais jusqu'à 900m du sommet. Et là, Jacques Anquetil faiblit. Raymond se détache, on arrive au sommet et il y a seulement 14 secondes qui vont les séparer.

Entendu sur europe1 :
C'est un très beau duel avec les deux France côte à côte. C'est d'un classicisme absolu. Unité de lieu, unité d'action, enfin c'est formidable

"C'est un très beau duel avec les deux France côte à côte (celle de la ville incarnée par Anquetil et celle de la campagne par Poulidor, ndlr). C'est d'un classicisme absolu. Unité de lieu, unité d'action, enfin c'est formidable", poursuit Christian Laborde. "Nous sommes au puy de Dôme, il s'agit d'escalader un volcan. Ensuite il y a la route, c'est un colimaçon. Il y a la pente qui est terrible. Ce jour là, il faut savoir que toute la France s'est donnée rendez-vous dans les lacets du puy de Dôme. On a un lieu unique avec le public présent et ensuite deux champions que quelques secondes séparent et qui vont s'expliquer dans un duel fabuleux. Quand on évoque le mot 'duel', on a toujours cette image entre Anquetil et Poulidor. N'oublions pas qu'ils montent côte à côte et que leurs épaules se touchent un moment donné."

Le résultat final est à la hauteur du duel que se sont livrés ces deux grands champions ce 12 juillet. A l'arrivée à Paris, ils ne sont séparés au classement que par 55 secondes... soit 539 mètres ! Un podium qui ravira "Poupou", malgré tout. "Regardez le sourire de Raymond Poulidor sur les images d'archives. En 1964, nous sommes bien plus malheureux que lui lorsqu'il perd le Tour de France. Mon père était malheureux, Raymond Poulidor, non. Je crois qu'il y avait un bonheur chez lui à être un champion, à faire le Tour de France, à disputer des courses cyclistes et tout cela faisait que c'était sa philosophie."