Philippe Candeloro 6:00
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Romain David , modifié à
Invité de la matinale d'Europe 1, Philippe Candeloro estime que Didier Gailhaguet, accusé d'avoir étouffé des faits d’agressions sexuelles, n'acceptera pas facilement de quitter son poste de président de la Fédération française des sports de glace, et ce malgré la pression de la ministre des Sports.

"C’est un choc émotionnel, un choc sportif, un choc éthique. Je ne peux plus accepter ça". Invité de la matinale d’Europe 1 mardi, le patineur Philippe Candeloro a vivement réagi à l’affaire Sarah Abitbol. La patineuse accuse Didier Gailhaguet, le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), d’avoir couvert les agressions sexuelles qu’elle a subi étant mineure de la part de son ancien entraîneur Gilles Boyer. Lundi, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a demandé au tout-puissant patron de la FFSG de démissionner de son poste. "On connaît bien le personnage. Ça fait plus de 40 ans que je le côtoie, ça n’est pas un homme qui s’avoue vaincu facilement", commente Philippe Candeloro,

Le patineur rappelle ainsi que la ministre des Sports n’a pas les moyens de forcer Didier Gailhaguet à quitter ses fonctions. "Elle n’a pas le pouvoir de le faire démissionner, elle ne peut que le demander. Ensuite, c’est le bureau exécutif et le bureau fédéral qui prendront la décision." Toutefois, dans un contexte post-#MeToo, Philippe Candeloro doute que Didier Gailhaguet puisse se maintenir à la tête de la FFSG. "Je pense que celle-là, il ne l’a pas vu venir. Il va peut-être avoir du mal à s’en sortir." Après son entretien avec la ministre, Didier Gailhaguet a déclaré avoir "commis des erreurs, pas des fautes". Interrogé sur son intention de quitter ou non ses fonctions, il s’est contenté de répondre, laconique : "on va réfléchir à tout ça"

"Il y a un certain nombre de choses que tu n’aurais pas dû laisser passer"

De son côté, Philippe Candeloro appelle, toujours au micro d'Europe 1, le président de la FFSG à prendre la décision qui s'impose selon lui : "Didier, malgré tout ce que l’on a traversé, les bons comme les mauvais moments, les engueulades, les prises de bec, aujourd’hui il faut se rendre à l’évidence. Il y a un certain nombre de choses que tu n’aurais pas dû laisser passer. Malheureusement, il faut que tu prépares ton départ et que tu files les clefs de la boutique à quelqu’un qui fera en sorte que le patinage ait une meilleure image pour la suite de son histoire."

Un potentiel successeur ? 

Par ailleurs, Philippe Candeloro assure avoir reçu de nombreuses sollicitations du milieu, l’invitant à candidater pour prendre la suite de Didier Gailhaguet, le cas échéant. "Si le patinage a besoin de moi, s’il faut sauver le patinage et repartir sereinement… tout le monde aujourd’hui m’envoie des messages", glisse-t-il. "Je ne me suis pas dit que s’il y avait une démission, j’allais prendre en main la fédé. Ça n’est pas ce qui m’anime", nuance toutefois le vice-champion du monde 1994, même s’il ne balaye pas complètement cette hypothèse. "Didier Gailhaguet devrait avoir la dignité de m’appeler et de dire : 'Philippe, ça sent le roussi pour moi, je vais te former pour que tu prennes la relève.' C’est comme ça que ça devrait se passer. Ça n’est pas à moi d’aller contre Didier."

"Je ne me suis pas préparé pour ça dans l’immédiat", ajoute encore Philippe Candeloro, actuellement en pleine répétition pour Supernova, son prochain spectacle avec Holiday on Ice.