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J.R. , modifié à
Jean-François Vilotte, ancien directeur de la Fédération Française de Tennis et du tournoi de Roland-Garros, n'est pas surpris par les révélations des médias britanniques. 
INTERVIEW

Les révélations des médias britanniques secouent le monde du tennis. Seize joueurs du top 50 mondial, y compris des vainqueurs de tournois du Grand chelem, l'ATP aurait couvert des joueurs soupçonnés d'avoir truqué des matches en lien avec des paris frauduleux au cours des dix dernières années, ont rapporté dimanche la BBC et le site BuzzFeed. Des révélations qui ne surprennent pas Jean-François Vilotte, avocat et ancien directeur de la Fédération Française de Tennis et du tournoi de Roland-Garros de 2007 à 2009. "Il y a une forte exposition du tennis aux risques liés aux paris", a-t-il assuré dans Europe 1 midi.

Une grosse alerte en 2007. "C'est un sport individuel, donc c'est plus facile que de corrompre une équipe entière. Ca fait longtemps qu'on est passé à la pratique. En 2007, il y a eu une grosse alerte, lors d'un tournoi en Pologne (à Sopot, ndlr). Davydenko, 4e joueur mondial, jouait contre un joueur argentin qui était 83e mondial (Martin Vassalo Arguello, ndlr). Il y a eu près de 5 millions de paris exprimés sur la défaite de Davydenko, après qu'il ait pourtant gagné le premier set. Et, miraculeusement, il s'était blessé. C'est une alerte très forte qui a incité les autorités du tennis à s'y intéresser", se rappelle-t-il.

"Difficile" de lutter contre ces fraudes. Mais justement, l'ATP est accusé par les médias britanniques d'avoir couvert les joueurs soupçonnés d'avoir truqués leurs matches. "Il se trouve paradoxalement que la fédération de tennis a été la première à se préoccuper du sujet", nuance Jean-François Vilotte. Mais alors, comment lutter contre ces fraudes ? "C'est difficile car il faut des mécanismes de prévention : il faut interdire aux joueurs de parier sur leurs matches. Deuxièmement, il faut créer des liens obligatoires contractuels entre les tournois et les opérateurs de paris en ligne. Il faut ensuite pouvoir détecter les déroulements atypiques de matches, et les paris atypiques. Troisièmement, il faut accepter de laisser la main à la justice pénale, et ne pas gérer cela dans la "famille" du sport", estime-t-il. 

"Aucun niveau de compétition n'est épargné par ces faits de manipulation", conclut Jean-François Vilotte.