Coronavirus : maintenir ou reporter les JO de Tokyo ? Le dilemme du CIO

Le CIO espère pouvoir maintenir la tenue des JO de Tokyo du 24 juillet au 9 août comme prévu.
Le CIO espère pouvoir maintenir la tenue des JO de Tokyo du 24 juillet au 9 août comme prévu. © Fabrice COFFRINI / AFP
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Julien Froment, édité par Romain David , modifié à
Les Jeux Olympiques de Tokyo, événement sportif majeur de l’année 2020, doivent se tenir du 24 juillet au 9 août prochain. Mais l’épidémie mondiale de Covid-19 fait désormais planer un risque d’annulation, même si le Comité international olympique fait tout pour maintenir l’événement.
ENQUÊTE

Officiellement, les choses suivent leur cours, et qu'importe si plusieurs pays du globe se sont mis à l'arrêt. Le Comité international olympique (CIO) reste persuadé que la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo se tiendra, comme prévu, le 24 juillet prochain. En tout cas dans la capitale nippone, sans occulter la crise sanitaire mondiale déclenchée par la pandémie de Covid-19, les organisateurs font comme si de rien n’était.

Philippe Bana, président des Directeur techniques nationaux (DTN) français, lui-même DTN à la fédération française de handball, revient justement de Tokyo où il a passé quatre jours. "Tous les Japonais ont cette idée en tête qu’il faut livrer, c’est dans la culture japonaise, c’est un devoir, une forme d’obligation", raconte-t-il à Europe 1. "Ils ont une culture de l’hygiène qui est terrible, deux tiers de la population porte un masque, dans la rue, dans les transports, partout."

Quant aux infrastructures, "toutes les installations, voies olympiques, tout est prêt" précise Philippe Bana. "Mais plus le temps avance plus c’est une guerre (sic) contre la montre".

"A la fois sauver les Jeux et sauver les athlètes" 

Si tout est donc prêt à Tokyo, les athlètes, eux, ne peuvent pas s’entraîner dans des conditions idéales, confinement oblige. Et, par la force des choses, la tenue des tournois qualificatifs olympiques est également bouleversée. "De toute évidence, si on n’arrive pas à gagner du temps, juin et juillet peuvent apparaître incroyablement embouteillés", concède le patron des DTN à Europe 1. "Il faut à la fois sauver les Jeux et sauver les athlètes. Il est hors de question de leur faire prendre des risques d’entraînement, de compétitions agrégées pendant plus d’un mois. Pour le moment, avec le confinement, il y a la quasi impossibilité de s’entraîner à très haut niveau."

Si le ministère des Sports a un temps imaginer la possibilité d’une "bulle olympique" pour aider les athlètes à s’entraîner, l’hypothèse la plus plausible serait le report des Jeux à une date ultérieure. Les Jeux Olympiques de 1964, à Tokyo justement, avaient déjà été décalés à cause des fortes chaleurs cette fois-ci. "Mais il faut d’abord penser que c’est une crise de santé, et non une crise de sports".

La pression des diffuseurs

Une "bulle olympique" qui pourrait s'avérer inutile, car l'enjeu n'est pas que sportif, il est aussi économique. Les pressions financières sont énormes, notamment de la part des Etats-Unis. Les diffuseurs américains paient très chèrement les droits de retransmissions. "Historiquement, le poids des diffuseurs américains est extrêmement fort sur l’organisation olympique", analyse pour Europe 1 Christophe Lepetit, économiste du sport au CDES de Limoges.

"Les montants des droits télé américains sont sans commune mesure avec les droits européens. Sur le cycle qui court jusqu’à 2032, les chaines américaines versent 7,65 milliards de dollars, contre 1,3 milliards d’euros sur le cycle européen avec Eurosport." Et d’ajouter : "Dans un contexte de coronavirus, il y a des incertitudes sur le maintien des Jeux, les diffuseurs américains vont peut-être faire pression si la diffusion des Jeux pouvait ne pas rencontrer les audiences espérées et ne pas être monétisée de la bonne manière, notamment par les régies publicitaires."

Ajoutez à cela les diverses pressions politiques : le président américain Donald Trump a émis le souhait d’un report des Jeux Olympiques et le CIO devra donc prendre une décision en son âme et conscience, même si un report ne semble pour le moment pas d’actualité.