Ligue 1 : mercato d’hiver, le risque de la grande braderie ?

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Julien Froment , modifié à

Le mercato d’hiver, qui ouvre officiellement ses portes samedi jusqu’au 1er février, risque d’être très calme pour les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2. La faute à un contexte économique extrêmement dégradé. Pire, les clubs pourraient céder leurs joueurs à prix réduits.

En cette ouverture du marché des transferts hivernal, les dirigeants des clubs de Ligue 1, de Leonardo (PSG) à Pablo Longoria (OM), n’ont qu’un mot à la bouche : "être créatifs". Avec la crise sanitaire du Covid-19, les matches à huis clos, des contrats de sponsoring à la baisse et le fiasco Mediapro, le football français vit sous perfusion avec une dette estimée par la DNCG à environ 800 millions d’euros. Et donc peu de perspectives pour les clubs lors du mercato.

Christophe Hutteau, agent notamment du Montpelliérain Gaëtan Laborde, se montre pour le moins pessimiste. "Quand [les dirigeants] disent qu'il faudra être créatif, je ris, je souris et je leur dis 'mais créatif de quoi ? Créatif comment ?'", ironise-t-il au micro d'Europe 1. "La seule possibilité pour les clubs, c’est de vendre ou de prêter des joueurs dans des championnats qui pourront prendre en charge la totalité du salaire."

Des offres "à la casse" pour les joueurs de Ligue 1 ?

Et l’autre risque majeur est de voir partir les joueurs au "mauvais prix". "La période est délicate, et on a réussi l’exploit de se mettre un deuxième fer au pied avec Mediapro. Ce qui fait qu’inévitablement, les joueurs risquent de ne pas être vendus au bon prix", analyse Christophe Hutteau. "Quand vous êtes acheteur, vous savez que vous avez en face de vous un vendeur qui a besoin d’argent, qui plus est rapidement. Qu’allez-vous faire ? Vous allez gagner du temps pour acheter le joueur le moins cher possible."

Et d’ajouter, fataliste : "Ils vont attendre tranquillement la fin de la période du mercato pour faire des offres à la baisse, je dirais même dans certains cas à la casse, car les clubs n’auront d’autres solutions que de vendre pour limiter les dégâts. Sans être alarmistes, ne nous leurrons pas, plusieurs clubs de Ligue 1 sont limite en état de cessation de paiement."

"Du perdant-perdant" pour le foot français

Même son de cloche du côté de l’économiste du sport Vincent Chaudel : "Nos concurrents, d’un point de vue économique, seront un peu mieux que nous, mais ils auront moins d’argent à mettre sur la table. Surtout, ils savent que la Ligue 1 a un besoin urgent de vendre. Et quand il y a urgence de vendre, on fait rarement de bonnes affaires. On risque d’assister à une braderie et ils vont rentrer dans un cercle vicieux."

"Ce ne sera pas du win-win (gagnant-gagnant), ça c’est sûr! Des clubs étaient intéressés cet été par des joueurs dont je gère les intérêts… Ils le sont toujours, mais plus au même prix. Cela va être du perdant-perdant pour les clubs français", conclut Christophe Hutteau. Et ce ne sont pas les Anglais, pourtant premiers acheteurs de joueurs de Ligue 1 et Ligue 2, qui pourront jouer les bons samaritains, le Brexit ayant totalement rebattu les cartes en matières de transferts

Gaëtan Laborde "veut rester jusqu’en juin, mais il n’y a rien de fermé"

Christophe Hutteau est l’agent du Montpelliérain Gaëtan Laborde, très en vue lors de la première partie de saison avec 6 buts et 6 passes décisives. Courtisé par de nombreux clubs, dont les Anglais de West Ham qui étaient prêts à débourser 12 millions d’euros avant l'accord du Brexit, l’attaquant héraultais se tient prêt à toutes les éventualités. "Le vœu premier de Gaëtan est de rester jusqu’à la fin de saison. C’est le plan de carrière qu’on s’était fixé avec le président Laurent Nicollin. Il n’y a pas de velléité de départ cet hiver. S’il reste, ce sera tout sauf une catastrophe car il se sent bien dans ce club, où il continue de progresser, où il prend du plaisir. Maintenant on peut imaginer que le club de Montpellier puisse se dire 's’il y a une offre concrète, je me retrouve dans l’obligation de le vendre'. Cela peut être aussi cette situation-là, ce n’est pas à exclure. Il n’y a rien de fermé."