«Le sport féminin est spectaculaire et mérite des investissements» : les confidences d'Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle présidente du CNOSF

Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle présidente du CNOSF et ancienne ministre des Sports, revient sur le rapport de la Cour des Comptes concernant les dépenses des JO de Paris 2024. Elle souligne, à notre micro, un succès financier et organisationnel, évoque l’héritage des Jeux, la parité et les futurs défis du sport français.
Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des Sports durant les Jeux Olympiques de Paris 2024 et désormais présidente du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), a fait le point, ce lundi, sur plusieurs sujets clés liés au sport français lors de la Soirée des champions organisée par le CNOSF. Alors que la Cour des Comptes a publié un rapport dimanche sur les dépenses d’organisation des JO, elle revient sur un bilan positif, sans dérives ni dépenses injustifiées, malgré certains partis pris du rapport. Elle insiste notamment sur l’importance d’évaluer les retombées économiques et sociales des Jeux, ainsi que l’héritage laissé aux collectivités. Par ailleurs, la présidente aborde, au micro d'Europe1.fr, la question de la parité, soulignant les progrès réalisés tout en identifiant les défis à relever, notamment dans la féminisation des cadres sportifs. Elle évoque aussi les nombreux chantiers engagés pour renforcer la pratique sportive de proximité, la formation des bénévoles et l’accompagnement des athlètes, posant ainsi les bases d’un sport français ambitieux pour les années à venir.
Pouvez-vous revenir sur le rapport des dépenses d’organisation des JO publié par la Cour des Comptes ?
Tout d'abord, je veux souligner que dans ce rapport, il n'y a ni dérives, ni dépenses sanctuaires, ni dépenses injustifiées qui soient dénoncées. Et c'est suffisamment rare dans un rapport de la Cour des Comptes pour le relever. Ça montre que l'État et les collectivités publiques ont fait beaucoup de choses pour la réussite des Jeux, et le rapport de la Cour des Comptes le dit, ça a été un succès exceptionnel. Le premier parti pris, que moi je regrette, c'est qu'à aucun moment, la Cour des Comptes ne met en regard des coûts les retombés. Or, on sait que ces retombés positives, elles sont de 7 à 11 milliards d'euros, et elles sont plus élevées que les coûts. Et on ne peut avoir de retombées si on engage pas ces coûts pour les générer.
Deuxième élément, elle parle de dépenses d'investissement, mais elle ne met pas en regard la notion d'héritage et la valeur de cet héritage pour la collectivité. Et puis le troisième élément, c'est qu'elle vient comptabiliser toute une série de dépenses qui ne sont pas dans le périmètre des dépenses publiques au sens de la comptabilité nationale. Il y a eu un dépassement sur la sécurité lié à l'évolution de la menace sécuritaire que Gérald Darmanin, qui a tweeté sur le sujet, assume parfaitement et au global c'est une très belle équation qui a été tenue, qui a permis de rendre fière notre pays et cette discipline, il faut la conserver maintenant pour les Jeux de 2030 dans les Alpes.
La parité a presque été atteinte pour Paris 2024. Quels sont les prochains chantiers pour réduire encore les écarts entre hommes et femmes dans le sport ?
Il faut agir à tous les niveaux, notamment sur la féminisation des cadres techniques. Aujourd’hui, seules 30 % des directions techniques nationales sont occupées par des femmes, ce qui est insuffisant. La proportion de femmes dans l’emploi sportif est aussi d’environ un tiers.
J’ai annoncé dans mon programme au CNOSF une grande initiative, "Sport pour toutes", pour encourager les jeunes femmes à s’engager dans le sport. Cela doit s’appuyer sur des modèles féminins forts, dans le sport professionnel féminin et chez les athlètes de haut niveau, pour montrer que le sport féminin est spectaculaire et mérite des investissements.
Est-ce que vous pouvez nous parler de l’héritage des Jeux, onze mois après l'événement ?
Les résultats sont mitigés mais il y a des points positifs. Par exemple, le déploiement des 30 minutes d’activité physique quotidienne, la création de 5.600 équipements de proximité, des infrastructures structurantes comme le Centre aquatique olympique en Seine-Saint-Denis, et la plateforme de formation des bénévoles, qui sera un vrai atout pour le sport français. Nous avons aussi renforcé l’accompagnement des sportifs de haut niveau, notamment dans le suivi, ce qui est essentiel pour leur performance et leur bien-être.