La Coupe du monde 2022, l'outil de «soft power» idéal pour le Qatar ?

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Gauthier Delomez
Avec l'organisation de la Coupe du monde de football, le Qatar attire les regards du monde entier, et aussi les critiques notamment venues des pays occidentaux. Sur Europe 1, le spécialiste en géopolitique du sport Jean-Baptiste Guégan analyse ce "soft power" qatari, qu'il estime à double tranchant.

Les yeux du monde entier sont rivés sur la péninsule arabique. Alors que la Coupe du monde 2022 au Qatar, à suivre tous les jours sur Europe 1 radio officielle, a démarré le 20 novembre, le spécialiste en géopolitique du sport Jean-Baptiste Guégan fait le point sur le "soft power" de l'émirat au travers de ce Mondial. Une édition qatarie qui a déjà fait couler beaucoup d'encre en raison de la mort de nombreux ouvriers pour la construction des stades, de la climatisation dans les enceintes ou encore de l'interdiction de la vente de bière aux abords des stades.

 

Au micro d'Europe midi Week-end, Jean-Baptiste Guégan souligne qu'il s'agit d'une "Coupe du monde d'exception, démesurée sur tous les plans - enjeux, médiatisation, critiques -, donc nous ne sommes pas à l'abri que des problèmes arrivent", affirme-t-il au auprès de Lénaïg Monier. "On n'est pas à l'abri aussi qu'il y ait des vraies difficultés sur place", ajoute-t-il.

Un travail sur "le présent et aussi le futur"

Si l'organisation d'un tel événement est un défi pour le Qatar, dont la superficie est légèrement inférieure à celle de l'Île-de-France, l'émirat part à la conquête d'un "enjeu d'image". Les Qataris "sont en train de travailler le présent et aussi le futur. Ils ont tout intérêt à ce que ça se passe au mieux, et ils font tout pour ça", remarque le spécialiste en géopolitique du sport, auteur d'un atlas publié aux éditions Autrement.

Cependant, Jean-Baptiste Guégan estime qu'entre "l'interdiction de vente d'alcool deux jours avant le début, et l'histoire des supporters payés pour venir, puis tous les problèmes qui accompagnent cette Coupe du monde depuis la désignation du Qatar, c'est quand même pas gagné".

Réussir l'organisation malgré de nombreux obstacles

En réalité, pour le géopoliticien du sport, "l'obtention de cette Coupe du monde est déjà une victoire. Le fait que (les Qataris) arrivent à l'organiser en est une deuxième", assure-t-il, rappelant dans quel contexte s'inscrit l'organisation du Mondial 2022 pour l'émirat. "Entre le blocus du golf entre 2017 et 2021, la crise du Covid, il y a eu énormément d'obstacles, en plus des critiques. Le fait de l'organiser est déjà la cerise sur le gâteau, après, il faut que cette manifestation se passe bien", tempère Jean-Baptiste Guégan.

Le spécialiste rappelle que le Qatar "a mis énormément de moyens pour que ce soit le cas". En effet, selon les dernières estimations de Front Office Sport, l'émirat gazier a dépensé plus de 220 milliards de dollars (soit environ 210 milliards d'euros).

"Vraisemblablement, le monde va suivre" ce Mondial

Si des appels au boycott ont été nombreux, notamment dans les pays occidentaux, le géopoliticien du sport anticipe de bonnes audiences pour la compétition. "Vraisemblablement, le monde va suivre (cette Coupe du monde). (...) Quand vous regardez l'Afrique, l'Asie et le reste du monde, la question du boycott ne se pose pas. Les gens ont envie de voir la première manifestation de football de sélections. On verra s'il y aura des problèmes, mais l'expérience prouve que les gens vont regarder", analyse Jean-Baptiste Guégan pour Europe 1.

Toutefois, sur le plan sportif, la Coupe du monde 2022 a mal démarré pour l'équipe nationale du Qatar. Les joueurs de l'émirat se sont inclinés dès leur entrée en lice face à l'Équateur (2-0), dans un match où ils ont été nettement dominés par leurs adversaires. La sélection qatarie cherchera à éviter la désillusion face au Sénégal et aux Pays-Bas, ses prochains adversaires dans le groupe A.