Moetai Brotherson, président polynésien 1:51
  • Copié
Martin Lange et AFP // Crédit photo : Suliane FAVENNEC / AFP , modifié à
Moetai Brotherson, le président de la Polynésie française, envisage de déplacer l'épreuve de surf des Jeux olympiques de Paris 2024 vers un autre spot que celui mythique de Teahupo'o. La raison de ce changement est la construction controversée d'une nouvelle tour en aluminium, édifiée en plein lagon qui pourrait dégrader les fonds marins. 

C'est la tour de la discorde. Le président de la Polynésie française Moetai Brotherson a affirmé mardi envisager de déplacer l'épreuve de surf des JO-2024 sur un autre spot que celui mythique de Teahupo'o en raison de la construction controversée d'une nouvelle tour en plein lagon : 3 étages, 14 mètres de haut, tout en aluminium. Un projet à 4 millions d'euros.

Des écologistes, des surfeurs et des habitants du village de Teahupo'o se mobilisent contre cette tour des juges, en aluminium, édifiée dans l'eau spécialement pour l'épreuve des JO ce qui pourrait dégrader, selon eux, les fonds marins et nuire à la biodiversité du site. Ces dernières semaines, la mobilisation s'est intensifiée.

"Au regard des enjeux, peut-être qu'on pourra réviser cette option"

Moetai Brotherson, qui partage ces craintes, exclut l'utilisation de la tour en aluminium et envisage d'organiser l'épreuve à Taharuu, un site moins renommé, mais plus facile d'accès, sur la côte ouest de Tahiti. "C'est un beach-break, doté de toutes les infrastructures à terre". Lors d'un entretien à l'AFP en marge du Forum des Îles du Pacifique, à Rarotonga (Iles Cook), il a rappelé que ce spot avait déjà été envisagé.

"Cela nous aurait permis d'éviter les soucis qu'on a aujourd'hui. À l'époque, ce n'était pas possible. Au regard des enjeux et de la protestation aujourd'hui, peut-être qu'on pourra réviser cette option", a souligné le président. La tour prévue, de 14 mètres de hauteur, devrait comporter trois étages, un local technique climatisé pour les serveurs internet alimentés par un câble sous-marin, mais aussi des toilettes avec un système d'évacuation raccordé à une canalisation.

Une pétition a reçu près de 150.000 signatures

Déjà construite, elle n'a pas encore été installée sur le site. "Je ne vois pas par où on pourrait faire passer la barge (de la foreuse) (...) sans exploser du corail", a expliqué Moetai Brotherson. Le surfeur local Matahi Drollet et l'association de défense du site Vai Ara o Teahupo'o sont à l'origine d'une pétition qui avait réuni mardi près de 150.000 signatures.

"Juste parce qu'ils veulent de l'air conditionné et des toilettes, cette nouvelle construction va détruire une grande partie du lagon. L'impact et les risques sont trop importants pour seulement trois jours de compétition", explique-t-il.

Du côté de Paris 2024 on rappelle que le choix de Tahiti a été fait pour le site de Teahupoo et sa vague mythique. Pas de changement envisagé donc à l’heure actuelle même si le comité d’organisation précise que tous les scénarios sont à l’étude, notamment l’homologation de l’ancienne tour en bois.

Pour Moetai Brotherson, la seule solution est d'homologuer pour les Jeux Olympiques cette tour en bois utilisée dans le cadre des compétitions du circuit mondial de surf à Teahupo'o. Le comité d'organisation des JO justifie ce projet en avançant des raisons de sécurité, la tour en bois (13,50m) n'étant plus aux normes. Une équipe technique travaille sur cette hypothèse et doit se prononcer le 15 novembre. Selon le président de la Polynésie française, il faudra également déterminer si les délais d'appels d'offres et de mises aux normes sont tenables.