Jeux paralympiques : Benjamin Daviet, lui aussi fait briller le biathlon français

Benjamin Daviet aux Jeux paralympiques de Pyeongchang (1280x640) Thomas LOVELOCK / OIS/IOC / AFP
Benjamin Daviet a décroché mardi sa troisième médaille aux Jeux paralympiques, sa deuxième en or. © Thomas LOVELOCK / OIS/IOC / AFP
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Le skieur du Grand-Bornand accumule les médailles en biathlon à Pyeongchang. Comme Martin Fourcade avant lui.

Comme Martin Fourcade lors des derniers Jeux olympiques de Pyeongchang, la France se découvre un "cumulard" lors des Jeux paralympiques : Benjamin Daviet, 28 ans. Il pratique lui aussi le biathlon et il a décroché sa deuxième médaille d'or en autant de courses, mardi, sur le 12,5 km, trois jours après avoir déjà été sacré champion paralympique sur le 7,5 km. "Je ne m'attendais pas à faire la médaille d'or sur cette course", a confié au micro de France Télévisions le skieur du Grand-Bornand, qui avait également obtenu lundi une médaille d'argent en ski de fond, sur le 20 km. "Hier (lundi), j'étais bien fatigué, bien ronchon, mais j'ai réussi à bien me reposer. Ce matin (mardi matin), le kiné a réussi à me réchauffer les jambes avant l'échauffement. Le tir a été très compliqué, avec de grandes rafales de vent. Après, sur les skis, j'ai vu qu'on avait de très bons skis, que je pouvais aller chercher quelque chose."

Mardi, l'athlète tricolore a devancé son rival ukrainien, Ihor Reptyukh, de six secondes. Mais, dans une compétition resserrée (quatorze participants seulement) et déséquilibrée (le quatrième de l'épreuve finit à plus de cinq minutes, et les concurrents ne souffrent pas tous du même handicap), Benjamin Daviet a d'abord remporté une victoire sur lui-même et pour lui.

Accident de mobylette. La vie de Benjamin Daviet a basculé quand il avait 17 ans à la suite d'un accident de mobylette. "Dans cet accident, je me suis cassé le condyle, un os du genou", racontait-il en 2016 au site ski-nordique.net. "Pendant l'opération, j'ai attrapé un staphylocoque doré et du coup, j'ai mon genou gauche bloqué et une jambe raide."

Alors en apprentissage dans la plomberie, Benjamin Daviet met du temps à digérer son handicap, quitte à s'égarer un peu, avec un sens de la fête soudain cultivé plus que de raison. Mais, un matin de décembre 2010, le jeune homme, très sportif avant son accident, a un déclic, comme il l'a raconté au quotidien suisse La Tribune de Genève en 2015. " Je me suis dit : 'Ce n’est pas moi'. J’ai appelé mon oncle pour qu’il me prête des skis - que je ne lui ai jamais rendus d’ailleurs. Trente minutes plus tard, j’étais dans les traces, avançant en poussant sur les bras." Il intègre alors l'association handiski du Grand-Bornand et commence à rêver d'exploit.

Affaire de famille. Pour Benjamin Daviet, natif d'Annecy, le ski et les médailles sont une affaire de famille puisqu'il est le cousin de Steve Missillier, médaillé d'argent aux JO de Sotchi, en 2014. Quelques semaines plus tard, Benjamin Daviet obtient lui aussi une breloque, lors des Jeux paralympiques, le bronze lors de l'épreuve de relais ouvert en ski de fond, avec Thomas Clarion et son guide, Julien Bourla. Mais c'est l'année suivante, lors des Mondiaux handisport 2015, que Benjamin Daviet effectue sa première razzia, avec pas moins de cinq médailles, dont un titre, le tout en ski de fond et en biathlon.

Désormais sportif à temps plein, puisqu'il a laissé de côté son métier de plombier pour intégrer l'équipe de France militaire de ski (comme un certain Martin Fourcade), il est encore plus performant lors des Mondiaux 2017 qui ont lieu en Allemagne, avec cinq médailles encore, mais avec cette fois trois en or (deux en ski de fond, une en biathlon).

À Pyeongchang, il a ajouté à ce palmarès deux titres de champion paralympique, marchant ainsi sur les pas de Martin Fourcade, sacré sur la poursuite et la mass start le mois dernier. Fourcade, Benjamin Daviet explique l'admirer pour "tout ce qu'il apporte au biathlon", même s'il avoue que le Norvégien Ole Einar Björndalen l'a peut-être davantage marqué. "C'est un très grand champion qui a su s'adapter à tous les changements techniques et à l'évolution des skis", a-t-il confié à ski-nordique.net.

"La plus belle des récompenses". Les succès de Benjamin Daviet en Corée du Sud font la joie de sa mère, qui a fait le voyage avec lui à Pyeongchang et qui l'a élevé seule avec son frère après le décès de son père quand Benjamin avait quatorze mois seulement. "Ma mère a vraiment cru en moi depuis le début, a vraiment tout mis en place pour que je puisse être performant", a-t-il insisté mardi sur France Télévisions. "Elle m'a aidé financièrement aussi quand je travaillais et que je prenais des jours de congé pour aller m'entraîner, faire les stages, et que je perdais une partie de mon salaire. Elle m'a beaucoup aidé, depuis mon accident jusqu'à à aujourd'hui, et c'est la plus belle des récompenses que je peux lui offrir." Et ce n'est peut-être pas fini car il reste encore vendredi le 15 km en biathlon, la course la plus longue, dont Benjamin Daviet est champion du monde en titre.