Euro : oui, cette équipe d’Angleterre mérite amplement d’aller en finale

La joie des Anglais lors de la victoire face à l'Allemagne.
La joie des Anglais lors de la victoire face à l'Allemagne. © MATTHEW CHILDS / POOL / AFP
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Les Anglais se sont qualifiés pour la première fois en finale de l’Euro grâce à un penalty contesté contre le Danemark (2-1 a.p.). Ils sont également accusés d’être avantagés pour avoir joué la plupart de leurs rencontres à Wembley. Mais ces Three Lions n’ont pas volé leur place en finale contre l’Italie, loin de là.

Le refrain est chanté à tue-tête par des dizaines de milliers de fans en transe : "It’s coming home, football’s coming home" (le foot rentre à la maison). Toute l’Angleterre célèbre la qualification de son équipe pour sa première finale d’un Euro, dimanche soir face à l’Italie. Mais la victoire anglaise face au Danemark a été critiquée (2-1 a.p.), de nombreux observateurs estimant que le penalty victorieux inscrit par Harry Kane en prolongation était litigieux voire inexistant. D’autres voix se sont élevées pour pointer du doigt l’avantage qu’ont eu les Three Lions de disputer cinq de leurs six matches dans leur stade fétiche de Wembley, où aura également lieu la finale. 

Pourtant, les hommes de Gareth Southgate ont montré d’immenses qualités tout au long de la compétition, notamment lors des matches à élimination directe, qui en font un beau et méritant finaliste. Voici pourquoi. 

Parce que c’est sa deuxième grande compétition réussie de suite

Il est loin, le temps où l’équipe d’Angleterre était la risée de l’Europe. Depuis son élimination contre l’Islande en huitième de finale de l’Euro 2016, la sélection anglaise n’a cessé de progresser sous la houlette de son sélectionneur Gareth Southgate. Les premiers progrès ont été entrevus à la Coupe du monde 2018, où elle n’avait été éliminée qu’en demi-finales par la Croatie (2-1 a.p.). Elle a poursuivi sur sa lancée à l’Euro, malgré un premier tour loin d’être convaincant. 

Mais les Three Lions ont appuyé sur l’accélérateur en phase à élimination directe, là où se révèlent les grandes équipes. Ils ont d’abord brisé la malédiction en battant enfin l’Allemagne en huitièmes de finale (2-0), avant d’écraser l’Ukraine en quarts de finale (4-0). Contre le Danemark, ils ont largement dominé une grande partie de la rencontre et ont logiquement remporté la victoire grâce à une grosse intensité et un soupçon de chance, avec un but contre son camp de Simon Kjaer et ce fameux penalty contesté. Il n’en reste pas moins que personne, jusqu’ici, ne s’est montré plus fort que l’Angleterre sur cet Euro. 

Parce qu’elle a un effectif plein de talent

Certes, le jeu anglais n’est pas flamboyant et manque parfois d’allant offensif. Mais un constat est indéniable : l’Angleterre possède un effectif royal, avec des jeunes pépites amenées à devenir des références mondiales (quand ce n’est pas déjà le cas). Le réservoir est particulièrement impressionnant au milieu de terrain, avec la paire Kalvin Philips (Leeds, 25 ans)-Declan Rice (West Ham, 22 ans) et le meneur de jeu de Chelsea Mason Mount (22 ans), et surtout en attaque. 

Le potentiel offensif est en effet effrayant, avec en tête de gondole son attaquant star et capitaine Harry Kane, auteur de quatre buts dans la compétition, tous inscrits dans la phase éliminatoire. Le meilleur joueur de cet Euro côté anglais est assurément Raheem Sterling, l’ailier de Manchester City qui a fait tourner la tête à tous ses adversaires (3 buts à l’Euro). A côté d’eux, Gareth Southgate peut s’appuyer sur une ribambelle de jeunes diamants : Jadon Sancho (qui devrait bientôt signer à Manchester United, 22 ans), Bukayo Saka (Arsenal, 19 ans), Phil Foden (Manchester City, 21 ans) ou encore Marcus Rashford (Manchester United, 23 ans). Du très lourd. 

Parce qu’elle n’a encaissé qu’un seul but

Si l’attaque a de quoi impressionner, ce n’est étonnant pas le moins fort de l’équipe anglaise lors de cet Euro. A rebours des clichés, les Three Lions sont désormais extrêmement solides en défense, avec un seul but encaissé depuis le début de la compétition (sur un coup franc exceptionnel du Danois Damsgaard). Le gardien Jordan Pickford, souvent critiqué à Everton, a été impeccable durant tout l’Euro malgré quelques sautes de concentration. Le "back four" 100% mancunien a lui parfaitement répondu aux attentes, dégageant une sérénité qui a longtemps fait défaut à l’Angleterre. 

Sur son côté gauche, Luke Shaw (United) ne cesse de créer d’immenses différences et a déjà délivré trois passes décisives. Son pendant à droite, le Cityzen Kyle Walker, a lui aussi été excellent. Et que dire des défenseurs centraux John Stones (City) et Harry Maguire (United), longtemps moqués pour avoir respectivement coûté 55 et 87 millions d’euros. Le coût astronomique de leur transfert est aujourd’hui oublié, tant ils ont convaincu en clubs comme avec leur sélection. Harry Maguire a même marqué de la tête sur coup de pied arrêté contre l’Ukraine en quarts et pourra être encore une fois précieux dans ce domaine en finale. 

Parce qu’elle joue souvent "à domicile" dans les grandes compétitions 

Avec de telles performances, toute l’Angleterre se prend à rêver d’un premier succès à l’Euro. Une victoire serait d’autant plus symbolique que la finale a lieu dans le temple de Wembley, à Londres. Et c’est bien ce qui provoque des critiques. Avec six matches joués dans leur antre sur sept, les Anglais ont clairement bénéficié de l’appui de leurs supporters, au contraire des autres équipes qui ont voyagé dans toute l’Europe au cours de cet Euro si particulier. 

Mais pour ceux qui fréquentent les tribunes, voir des dizaines de milliers de drapeaux et de maillots anglais n’a rien d’une incongruité. Depuis des décennies, les supporters des Three Lions voyagent en masse dans le monde entier et annexent presque tous les stades où ils passent, du Portugal au Brésil en passant par la Russie. Citons l’incroyable ambiance d’Angleterre-Algérie au premier tour de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud ou d’Angleterre-Slovaquie en phase de groupes de l’Euro 2016 à Saint-Etienne, avec un stade complètement blanc pour… deux pitoyables 0 à 0. Comme quoi, avoir l’appui d’une foule en délire n’a pas toujours été gage de réussite pour les Anglais, loin de là.