Jacques Chirac et les sumos 1280 2:30
  • Copié
Virginie Phulpin
Passionné par l'Orient, l'ancien président de la République était un fin connaisseur du sumo, sport de lutte japonaise. Notre éditorialiste sportive, Virginie Phulpin, y voit un lien évident avec la politique, véritable "sport de combat".

Dans son édito sport, Virginie Phulpin rend hommage à Jacques Chirac, disparu jeudi à l'âge de 86 ans, en évoquant la passion de l'ancien président de la République pour le sumo.

"Si on vous demande quelle image vous garderez de Jacques Chirac et du sport, vous pensez tout de suite à 1998. Cette Coupe du monde, remise aux Bleus par le président, fait partie de notre inconscient collectif. Parce qu’on aime se souvenir des jours heureux. Et heureux, il l’était, Jacques Chirac, en ce soir du 12 juillet. Heureux du moment, de la communion et de l’image de la France donnée par nos champions du monde. De quoi forger l’image d’un fan de foot. Le public avait envie de le voir comme ça, ce qui devait lui convenir aussi, à lui.

Sauf que le foot, n’était pas son truc, à Jacques Chirac. La preuve avec ces images, diffusées en boucle, où il essaie de crier les noms des joueurs pour être à l’unisson du pays, mais où il a toujours un petit temps de retard. Alors que si on avait tous dû hurler les noms des plus grands sumotoris, on aurait eu un peu plus qu’un temps de retard sur Jacques Chirac. Le sumo, elle était là, sa vraie passion sportive. De ces passions qui vous font programmer des voyages officiels au Japon en fonction des dates des plus grands tournois. De ces passions qui vous font dire : "J’aurais pu faire du sumo, moi, j’avais la taille requise, et le poids, ça s’acquiert." De ces passions qui vous font collectionner des cassettes vidéo de combats à l’Elysée. 

 

Écoutez "Chirac, une histoire française"

Europe 1 revient dans un podcast événement intitulé "Chirac, une histoire française" sur la vie et la carrière de Jacques Chirac, 22e président de la République à travers des analyses, des récits et des témoignages puisés dans nos archives et produits par la rédaction d'Europe 1.

>> Vous pouvez écouter et vous abonner au podcast en cliquant ici

 

Et sa passion pour le sumo, Jacques Chirac a essayé de l’importer en France. Dès son arrivée à l’Elysée, il a encouragé la tenue d’un grand tournoi de sumo à Bercy. Et puis une Coupe "Jacques Chirac" a été créée pour récompenser les plus grands lutteurs japonais. Et vous, comme moi, quand on entend parler de sumo, on pense inévitablement à Jacques Chirac. Parce qu’on ne va pas se mentir, avant lui, on ne savait pas vraiment ce qu’était ce sport. Nous ne sommes pas devenus des spécialistes, mais je crois que l’on a compris que ça n’était pas juste un combat de types obèses aux cheveux gominés, n’en déplaise à Nicolas Sarkozy*.

Cette passion pour le sumo semble l’avoir guidé pour accomplir son destin politique. Quand il décrivait les regards des sumotoris avant le combat, c’était avec ces mots : "Il ne faut jamais lâcher prise, on doit se battre jusqu'au bout, jusqu'à l'instant décisif où l'on pressent quelle peut être l'issue du combat." Comme s’il racontait sa bataille pour accéder à la présidence de la République en 1995. Parce que la politique n’est pas un match de foot. C’est un sport de combat."

*Selon des propos rapportés par Paris-Match en 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, aurait estimé lors d’un voyage en Chine que le sumo, sport japonais, était un "combat de types obèses aux chignons gominés" et "vraiment pas un sport d'intellectuels".