Olivier Guez a obtenu le prix Renaudot en 2017. 3:58
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Antoine Terrel , modifié à
Sur Europe 1, l'écrivain et journaliste Olivier Guez raconte sa passion du football, mais aussi sa frustration par rapport à son évolution. Dans le football moderne, "une gigantesque industrie", les stars "sont tellement encadrées qu'il y a beaucoup moins de légende et de romantisme", estime-t-il. 
INTERVIEW

Passionné de football, Olivier Guez est aussi un grand nostalgique. L'écrivain et journaliste, prix Renaudot en 2017 pour La disparition de Josef Mengele, publie un nouveau livre intitulé Une passion absurde et dévorante. Écrits sur le football, dans lequel il raconte notamment ses souvenirs et sa passion pour la star Diego Maradona. Et avec la disparition récente de l'Argentin, "une certaine idée du foot est décédée", confie-t-il. Car s'il vibre toujours pour le football, l'invité d'Europe 1 regrette son uniformisation. 

Pour Olivier Guez, la mort d'"El Pibe de Oro" a symbolisé la disparition "d'une idée, d'un foot canaille, un peu plus rebelle, poétique avec ses héros et ses bad boys". De nos jours, alors que le football est devenu un sport mondialisé, "il génère tellement d'argent qu'on ne plaisante plus avec. Les stars sont tellement encadrées qu'il y a beaucoup moins de légende et de romantisme". 

"Les joueurs sont incomparables à ceux de notre jeunesse"

Bien sûr, nuance-t-il, le foot "vit toujours". Et d'ailleurs, "on n'a jamais aussi bien joué au foot" qu'aujourd'hui, assure Olivier Guez, citant des "athlètes incroyables pris en charge depuis leur plus jeune âge, des schémas tactiques intéressants". Mais "c'est un autre football". 

Reste qu'aujourd'hui, "les joueurs sont incomparables à ceux de notre jeunesse", regrette l'invité l'écrivain. "Un footballeur des années 80 ressemblait à notre voisin en un peu plus sportif, en terme de look, de salaire". Une plus grande normalité qui facilitait l'identification avec ses idoles. 

"Une gigantesque industrie"

Le football moderne, c'est aussi l'explosion spectaculaire des montants déboursés par les clubs lors des transferts de joueurs. Et Olivier Guez de s'amuser à comparer le prix du premier transfert de Zinedine Zidane de Cannes à Bordeaux en 1992 à celui de Kylian Mbappé de Monaco à Paris en 2017, "360 fois plus élevé". Pour lui, "cela dit tout de l'évolution du football mondialisé". 

"Le foot est une gigantesque industrie qui brasse énormément d'argent, et est devenu un enjeu économique, financier, politique, médiatique, géopolitique", constate-t-il, et n'a donc plus "la poésie d'antan".

"Des footballeurs cyborgs"

Et ce qui agace le plus Olivier Guez est sans doute l'insipidité des grands acteurs du ballon rond. "Plus rien ne dépasse chez les joueurs", déplore-t-il. Aussi, Lionel Messi, sextuple Ballon d'Or, est un génie, "mais regardez sa communication, ses réseaux sociaux, c'est d'une banalité et d'un ennui..."

"On ne discerne plus l'homme derrière le joueur. Pendant longtemps, derrière les grandes stars, on avait accès à l'homme, on voyait ses failles, on pouvait connaître ses goûts, ses prises de position", rappelle Olivier Guez, qualifiant les géants actuels de "footballeurs cyborgs". "On sait ce qu'ils font sur le terrain, mais derrière, qu'est ce qu'il y a ? Soit le vide absolu soit un mystère complet."