Coupe du monde féminine : qu'a-t-il manqué aux Bleues face aux Américaines ?

La route des Bleues s'arrête en quarts de finale, barrée par des Américaines plus efficaces et plus réalistes.
La route des Bleues s'arrête en quarts de finale, barrée par des Américaines plus efficaces et plus réalistes. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Thibaud Le Meneec
Faute d'avoir pu tenir la dragée haute aux championnes du monde, la France s'est logiquement inclinée 2-1 face aux États-Unis en quarts de finale de "son" Mondial, vendredi, au Parc des Princes.
ON DÉCRYPTE

 

Vendredi soir, le rêve des Bleues s'est brisé net dans la touffeur parisienne du Parc des Princes. Il y avait pourtant dans l'air, caniculaire, la croyance que l'exploit semblait possible, que renverser les championnes du monde était dans les cordes d'une équipe portée depuis trois semaines par un engouement populaire unique pour le football féminin.

Mais comme le serinent à longueur d'interviews leurs homologues masculins, les Bleues n'ont pu su "mettre les bons ingrédients" pour renverser l'ogre américain programmé pour se succéder à lui-même : Megan Rapinoe et la Team USA ont asphyxié la France de Wendie Renard (2-1). Qu'auraient donc dû faire les joueuses de Corinne Diacre pour connaître un destin meilleur ?

Bien rentrer dans le match

"C'était dans leur mentalité, ce soir [vendredi soir, NDLR], de tout de suite vouloir écraser l'adversaire", a froidement reconnu Wendie Renard après la rencontre. Le premier coup n'a pas tardé : dès la 5e minute, Megan Rapinoe a profité d'une défense française pas encore totalement entrée dans la rencontre pour voir son coup franc terminer sa course au fond des filets. Comme Wendie Renard, les Françaises étaient pourtant prévenues : lors de leur quatre précédents matches, les Américaines avaient à chaque fois inscrit un but dans le premier quart d'heure.

 

De leur côté, les joueuses de Corinne Diacre ont une nouvelle fois manqué leur entrée en matière. Hormis le match inaugural contre la Corée du Sud et deux coups de pieds arrêtés, Eugénie Le Sommer et ses coéquipières ont eu toutes les peines du monde pour se montrer dangereuses lors des 45 premières minutes. Contre les États-Unis, elles n'ont pas eu de tir cadré lors de la première période, alors qu'elles avaient globalement la possession du ballon (56%) et jouaient haut sur le terrain.

Être efficaces dans le dernier geste

C'est l'une des critiques qui revient le plus à propos de ces Bleues-là, à qui il est reproché de ne pas avoir suffisamment porté le danger sur le but adverse, même lors du premier tour. "C'est toujours plus difficile de se créer des occasions et d'attaquer que de défendre, et malheureusement notre animation offensive a péché ces derniers matches, je pense qu'on l'a vu ce soir", a concédé Eugénie Le Sommer. "On doit être plus dangereuses, plus tueuses, les mettre plus en difficulté, mais je ne sais pas ce qu'il faut faire."

Considérée comme l'une des armes les plus aiguisées des Bleues, la Bretonne n'a pas été en mesure de déstabiliser la défense américaine, bien en place. Mais l'inefficacité chronique des Françaises devant le but n'est pas le seul fait de l'ailière gauche. "On n'a pas été assez efficaces", a d'ailleurs déploré la capitaine Amandine Henry. "Qu'est-ce que vous voulez que je reproche à mes joueuses, à part manquer d'efficacité ?", a enchaîné la sélectionneuse Corinne Diacre.

Savoir faire le dos rond et rester concentrées

Si elle ont globalement échoué à se montrer véritablement offensives lors de la première période, les Bleues ont en revanche été plus incisives au retour des vestiaires. Inspirées, elles ont acculé par période les Américaines en défense, Eugénie Le Sommer étant même à deux doigts de recoller à 1-1 à l'heure de jeu (58e), sur une bonne phase des Françaises. 

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Mais les Américaines ont su faire le dos rond pendant ces longues minutes favorables aux Bleues, grâce à un placement plus bas et une défense à cinq, resserrée. Et sur un contre, les flèches américaines Tobin Heath et Megan Rapinoe ont puni la désorganisation des Bleues tournées vers l'attaque. L'ailière américaine, meilleure buteuse de ce Mondial, a profité de retards couplés de Marion Torrent et Wendie Renard pour ajuster froidement Sarah Bouhaddi.

Bénéficier d'un petit coup de pouce arbitral

Et si le sort de la rencontre avait basculé à la suite d'un penalty non-sifflé pour les Bleues ? À la 86e minute, la latérale Amel Majri récupère un ballon côté gauche. La Lyonnaise adresse un centre vers les attaquantes tricolores, mais la main de Kelley O'Hara, située à deux mètres, vient couper la trajectoire du ballon. Pas de quoi siffler penalty pour l'arbitre de la rencontre, malgré la contestation de Majri et d'autres Bleues. À 2-2 cinq minutes avant la fin de la rencontre, si elles avaient transformé ce penalty, les Françaises auraient sans doute poussé la Team USA en prolongation. Et leur Mondial serait peut-être encore un rêve.

Cette chance-là, les Bleues pourront difficilement la travailler avant leurs futures échéances internationales. Mais croiseront à coup sûr les doigts pour l'avoir de leur côté face au prochain cador du football mondial, et oublier définitivement ce rendez-vous manqué de l'été 2019.